Retour des talibans au pouvoir en Afghanistan : La crédibilité des Etats-Unis mise en cause
Le retrait précipité des troupes américaines et l’évolution rapide de la situation en Afghanistan où les talibans ont repris le pouvoir ont incité les alliés des Etats-Unis et d’autres pays à mettre en cause leur crédibilité, a indiqué le quotidien américain The New York Times (NYT).Le désengagement des troupes américaines d’Afghanistan a renforcé le sentiment que « le soutien des Etats-Unis envers leurs alliés n’est pas illimité », a écrit lundi le NYT.Il est « voué à semer le doute » car certains des alliés de Washington en Europe et en Asie souhaitaient que l’actuelle administration américaine « rétablisse la présence ferme des Etats-Unis dans les affaires internationales », a poursuivi le journal.
Le problème pour les alliés des Etats-Unis et d’autres pays, cependant, est loin d’être « la crédibilité », mais la capacité à mener leurs engagements jusqu’au bout, d’après le quotidien citant l’ancien diplomate français Jean-Marie Guéhenno. »Que l’on trouve cela juste ou injuste, l’histoire retiendra que Joe Biden est celui qui a présidé à la conclusion humiliante de l’expérience américaine en Afghanistan », a ajouté par ailleurs le New York Times.
Notons que le président allemand, Frank-Walter Steinmeier a indiqué hier que les
images montrant des centaines de personnes tentant de fuir Kaboul après l’entrée des taliban dans la capitale afghane sont une « honte » pour les pays occidentaux. »Nous sommes en train de vivre une tragédie humaine dont nous partageons la responsabilité », a dit Frank-Walter Steinmeier dans un communiqué.
Pour sa part, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a demandé hier de mettre fin aux renvois forcés de ressortissants afghans vers leur pays, y compris les demandeurs d’asile dont la demande a été rejetée.
« Depuis le début de l’année, plus de 550.000 Afghans ont été déplacés à l’intérieur du pays en raison du conflit et de l’insécurité. Si, jusqu’à présent, les civils n’ont fui que sporadiquement et en petit nombre vers les pays voisins de l’Afghanistan, la situation continue d’évoluer rapidement », a relevé Shabia Mantoo.
Après une offensive éclair , les talibans se sont emparés dimanche de Kaboul, signant leur retour au pouvoir en Afghanistan vingt ans après en avoir été chassés. Leur retour a provoqué des scènes de panique, en particulier à l’aéroport de Kaboul sur lequel des milliers de personnes se sont ruées pour tenter de quitter le pays. »La peur qui s’est emparée d’une grande partie de la population est profonde et, compte tenu du passé, tout à fait compréhensible », a affirmé un porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Rupert Colville, présent aux côtés de Shabia Mantoo.Il a souligné que les talibans ont promis une amnistie générale pour tous les fonctionnaires d’État et se sont « engagés à être inclusifs » en permettant aux femmes de travailler et aux filles d’aller à l’école.Dans la capitale afghane, si la vie reprend lentement ses droits, les habitants restent méfiants.Prudemment, certains ont commencé à s’aventurer hors de leur domicile, curieux de voir à quoi ressemble la vie sous le nouveau régime des talibans, deux jours après leur retour au pouvoir.
R.I. avec agences