Mhand Berkouk, spécialiste des questions géostratégiques : «L’interférence étrangère est le plus gros obstacle au règlement de la crise libyenne»
Le spécialiste des questions géostratégiques, Mhand Berkok a longuement abordé hier lors de son passage à la radio nationale, les objectifs et les implications géostratégiques de la réunion des sept pays du voisinage de la Libye qui s’est ouverte lundi à Alger. Cette rencontre, affirme-t-il, « est une chance pour la Ligue arabe d’assumer ses responsabilités étant donné que c’est elle qui a remis ce dossier sur l’agenda de l’ONU le mois de mars 2011 ». Cette nouvelle approche du conflit libyen traduit également le passage à une nouvelle stratégie qui consiste à traiter ces questions régionales au niveau des nations, a noté l’intervenant qui relevé l’existence d’une nouvelle dynamique de la diplomatie algérienne, citant dans ce contexte les deux déplacements du ministre des Affaires étrangères en Tunisie, puis au Mali pour relancer le processus de règlement de la crise malienne dans le cadre de l’accord d’Alger.
Mhand Berkok dira par ailleurs que cette réunion vise deux objectifs principaux. Le premier consiste à accompagner les frères libyens dans le processus d’organisation des élections prévues le 24 décembre prochain. L’autre objectif se situe, selon l’analyste, du point de vue sécuritaire. La rencontre, explique il, vise aussi à assurer la sécurité des frontières des pays voisins de la Libye dont l’Algérie devant des velléités de remodeler la région nourries par certaines puissances. Ainsi, les pays réunis à Alger comptent accompagner le processus de règlement de la crise libyenne selon le programme du Forum de Genève qui commence par l’organisation d’élections présidentielles comme première étape avant de passer à la seconde phase.
Les intérêts des puissances qui impliquent des interférences dans le processus représentent, selon l’analyste politique et spécialiste des questions géostratégiques, l’un des plus grands obstacles au règlement de ce conflit. Les intérêts et le partage du gâteau sont, estime il, un frein à l’avancée de tous les efforts diplomatiques. L’autre défi, ajoute Berkouk, est de parvenir à l’organisation de ces élections dans les normes impliquant un consensus, tout en affrontant des facteurs qui agissent négativement sur ce processus. Il citera dans cet ordre d’idées, les milices, l’armée qui a été divisée et décomposée, les groupes armés, les mercenaires, la présence étrangère et les injonctions impliquées par cette présence.Décortiquant le point relatif aux mercenaires, l’orateur a fait état de l’existence sur le territoire libyen de quelques 20 à 25 mille mercenaires venus de divers régions du monde comme l’Asie de l’Ouest et dont le danger est vérifié sur les pays frontaliers. L’intervenant a enfin mis l’accent sur l’implication de nombreux facteurs dans le processus de règlement du conflit libyen estimant qu’il ne s’agit pas d’un conflit interlibyen ou régional. Cette crise libyenne, ajoute-il, a des implications dans tous les continents allant jusqu’en Chine.
Akli Amor