Culture

« L’effondrement d’Hollywood » mis en scène

Hollywood et son environnement « toxique » sont en train de « s’effondrer »: c’est ce qu’entend prouver le jeune réalisateur Jim Cummings, avec son nouveau film, « the Beta test », une comédie à suspense détonante. »Fuck Hollywood »: c’est ainsi que ce cinéaste de 34 ans a introduit son film, cosigné avec PJ McCabe, avant sa projection hors compétition au festival du cinéma américain de Deauville (Calvados). »On voulait prouver que le système c’est de la connerie et qu’on n’en a pas besoin », explique à l’AFP le réalisateur couronné en 2018 à Deauville pour son premier film « Thunder Road ». »On a fait un film », entièrement produit par le financement participatif, « sur cet agent idiot et nul dans un paysage hollywoodien qui s’effondre », poursuit le réalisateur.Jordan Hines (Jim Cummings) codirige avec son ami PJ (McCabe) une agence à Hollywood. Il a comme « tout le monde » pour modèle « Harvey » (qu’on imagine Weinstein).Mais lorsqu’il reçoit une lettre anonyme lui proposant un rendez-vous sexuel dans un hôtel, ce futur marié perd pied. Il est aussi humiliant avec sa jeune secrétaire qu’il se laisse humilié par le gros client potentiel qu’il convoite.L’hypocrisie du milieu dépeint va au-delà d’Hollywood. L’enthousiasme de Jordan pour les gens est si systématique que sa future épouse ne sait plus qui son promis apprécie vraiment. « Cela doit être épuisant de toujours prétendre être soi », lâche-t-elle.Avec son physique plus Laurel que Hardy, Jim Cummings interprète son personnage, cheveux gominés et raie sur le côté, sur un mode clownesque. Et le spectateur est amené à se moquer de ce personnage minable avant d’éprouver de l’empathie pour ce qui lui reste d’humanité.

« Hollywood, la plupart du temps, c’est un environnement de travail tellement affreux et toxique, en particulier pour les femmes », poursuit le cinéaste.Jim Cummings s’appuie aussi sur sa propre expérience, son deuxième film, qui n’est pas sorti en France, ayant été produit par MGM.Hollywood, « c’est la Corée du Nord! », avec une « culture du silence » que MeToo n’a pas fondamentalement changée, selon le jeune cinéaste.Le réalisateur admet toutefois que son passage chez MGM lui a permis de se faire connaître auprès d’un public plus large.

La bonne nouvelle selon lui, c’est que les agences d’Hollywood sont en passe de devenir aussi rares que les agences de voyage. « Neuf fois sur dix aujourd’hui quand on veut joindre une personnalité, on passe par Instagram » et non par des agences, argumente Jim Cummings.Cela n’empêche pas le cinéaste d’être atterré par la récupération de données personnelles via les réseaux sociaux, pour vendre un produit ou une fausse information, autre grande thématique de ce film à 350.000 dollars. »C’est un peu comme le grand Ouest sauvage aujourd’hui. Il y a tant de données personnelles disponibles. C’est quelque chose de démentiel, de très dangereux » qui peut détruire « une élection », s’inquiète le cinéaste.Les réseaux sociaux sont « utiles pour vous faire connaître quand vous êtes petit. Mais certains sont des monstres », ajoute-t-il.

AFP

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