Lamamra réaffirme que «les propos de Macron, une grave erreur» : La leçon de diplomatie
La visite que le chef de la diplomatie algérienne effectue en Italie depuis mercredi a été mise à profit pour réaffirmer les positions de l’Algérie qui rejette toute forme d’ingérence dans ses affaires internes. Une dose de rappel à une France officielle qui excelle dans le double langage misant tantôt sur les ressorts néocolonialistes et tantôt sur un discours feint d’apaisement. Une visite symbole à la prison de Jugurtha à Rome pour rappeler l’histoire millénaire d’une nation en lutte, une réaffirmation des positions de principe de l’Algérie sur les questions africaines, un renouvellement des engagements de notre pays avec ses partenaires, y compris la Turquie, Lamamra a usé des ressorts diplomatiques, tantôt avec fermeté, tantôt avec subtilité pour démontrer que l’Algérie d’aujourd’hui bâtit ses rapports avec ses partenaires, sur les respect et entend faire valoir son leadership africain.
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra rebondit à partir de la capitale italienne, Rome pour tacler encore une fois le président français, Emmanuel Macron. Le chef de la diplomatie algérienne a qualifié, jeudi dernier, les propos du président français Emmanuel Macron sur l’Algérie de «grave erreur», affirmant au passage que «l’Algérie rejette toute ingérence dans ses affaires internes». Plus explicite, le ministre Lamamra a déclaré en marge de la troisième réunion Afrique-Italie : «nous avons répondu (aux propos de Macron NDLR) comme nous devrions répondre très fortement et très fermement», précisant qu’«il s’agit, d’une question qui concerne le peuple algérien, seul qualifié à s’élever contre ces propos hostiles et défendre collectivement notre indépendance et notre souveraineté face à ce que nous considérons comme une grave erreur de la part des autorités française». Et pour cause, le président français s’est aventuré sur un terrain glissant et difficile dont il ne maitrise pas les contours encore moins ses tenants et ses aboutissants. Un glissement sémantique et verbal inadmissible et intolérable de la part d’un président français qui semble avoir été emporté par la fièvre de la course aux prochaines joutes électorales prévue en mai 2022. Une échéance pour laquelle Macron table sur l’électorat de l’extrême droite pour briguer un second mandat. Conscient et maitrisant la réalité politique française actuelle, le chef de la diplomatie algérienne a haussé le ton pour recadrer le Président Emmanuel Macron et lui expliquer que l’Algérie n’acceptera «aucune ingérence dans ses affaires intérieures et traitera d’égal à égal avec tous ses partenaires étrangers». Ces deux principes font partie intégrante de la doctrine politique algérienne en matière de politique étrangère. Continuant sur sa lancée, Ramtane Lamamra a souligné que «nous faisons comprendre à tous les partenaires et en particulier la France que l’Algérie ne peut pas compromettre sa dignité pour la coopération et l’Algérie ne peut accepter aucune interférence dans ses affaires internes». Autrement dit, l’ère de l’ingérence dans les affaires du pays est, désormais, révolue. Aussi, le ministre Lamamra reconnait que «l’histoire de l’Algérie avec la France est complexe et difficile», expliquant que «quelle que soit la crise que traverse les relations algéro-françaises, elle n’aura pas d’impact sur les relations de l’Algérie avec des pays frères comme la Turquie». Un message à peine voilée adressé au président Français qui a fait allusion à la présence turque durant trois siècles en Algérie. Ceci dit, cette nouvelle sortie médiatique de Lamamra s’apparente à «un vaccin de rappel pour un Président français qui n’arrive pas à admettre que la nouvelle équipe dirigeante au palais d’El Mouradia n’est pas comme celle qui régnait du temps du défunt Président Bouteflika qu’il a ouvertement soutenu lorsque ce dernier avait proposé de prolonger son mandat en mars 2019».
Faiçal Bedjaoui