Criminalisation de la colonisation : Un projet qu’il est « impératif » de remettre sur la table
L’historien Algérien Mohamed Korso, a estimé qu’il était «impératif » de remettre sur la table le projet de loi criminalisant le fait colonial, tout en recommandant la tenue des assises sur l’histoire et la mémoire avec la participation d’universitaires et de spécialistes « reconnus» et «crédibles».
Il précisera à ce sujet qu’«il serait impératif de remettre sur la table le projet de loi criminalisant le fait colonial qui doit être peaufiné par des spécialistes de renom », soulignant la nécessité d’impliquer des universitaires dans des assises scientifiques sur l’histoire et la mémoire.
«Ce qui fait cruellement défaut aujourd’hui, c’est un plan d’action fiable devant englober tous les aspects de la question de la mémoire et ce projet doit être porté par des spécialistes crédibles et reconnus », a indiqué Mohamed Ould Si Kadour El Korso tout en plaidant pour «un front anticolonial au niveau des anciennes colonies pour exiger des excuses et des réparations dans le but de faire en sorte que la France ne s’abrite pas derrière les lois d’amnistie pour se prémunir contre toute poursuite judiciaire ».
Il indiquera dans le même sens que les faits criminalisant la France «ont été signés des mains de leurs auteurs» alors que les mesures prises par les politiques et les militaires français durant la guerre de libération nationale «constituent d’autres preuves irréfragables à inscrire dans le dictionnaire des crimes coloniaux français en Algérie».
Rappelant la remise en cause de l’existence de la Nation algérienne avant 1830 par le président français, Mohamed El Korso, estime que «cela ne date pas d’aujourd’hui, car le président Macron a tout simplement copié ses prédécesseurs, sans les citer, puisque bien avant lui, des universitaires, des essayistes, des politiques et bien évidemment des présidents français ont tenu le même langage».
L’historien explique dans le même sens que «la négation des peuples colonisés, caractérisée par l’occupation, la guerre, la spoliation, la déshumanisation, le génocide et l’ethnocide, est un élément constitutif de la pensée coloniale, mais aussi le propre de son idéologie qui se perpétue à ce jour sous d’autres formes».
Il soulignera à cet effet, que «l’obsession de l’ancien colonisateur est restée invariable même si les objectifs et les moyens mis en œuvre depuis le XIX siècle ont été remodelés et les vocables maquillés au gout du jour».
Pour lui les déclarations de Macron «ne participent en rien dans l’apaisement de l’histoire du contentieux entre les deux pays et ne trompent que ceux qui y croient ou feignent d’y croire pour des raisons autres qu’objectives», estimant que «ce qui est dommageable et surtout immoral dans le cas Macron, c’est la convocation délibérée et sélective de l’histoire de l’Algérie et plus particulièrement des pages sanglantes du peuple Algérien en période coloniale et lors de la guerre de libération nationale, à des fins inavouées».
Il considère qu’il était «indécent pour le président français de décorer des harkis qui ont pris part aux crimes contre leur peuple», indiquant que «la supposée réconciliation mémorielle n’a pas résisté à l’épreuve du temps électoral et son sort est d’emblée scellé comme le fut le traité d’amitié Franco Algérien de 2006».
Boubekeur Amrani