Médéa : La poignée d’hommes qui embrasa la zone II
La région de Médéa, que l’armée coloniale française pensait à tort contrôler, ne tarda pas à rallier le guerre de libération nationale, déclenchée le 1er novembre, grâce au courage et la détermination d’une poignée d’hommes, dirigés par le martyr Tayeb Bougasmi, connu sous le nom de Tayeb El-Djoughlali.
Le retentissement des attaques conduites par les précurseurs du combat libérateur, notamment dans les monts de l’Aurès, contre les troupes coloniales françaises, va précipiter les évènements dans la région de Médéa où un groupe d’anciens militants infatigables de la cause nationale s’attela, sous la conduite du chahid Tayeb El-Djoughlali, tombé au champ d’honneur en 1959 à « Dar-Chyoukh » (Djelfa), à mettre sur pied la première cellule combattante, selon des archives locaux.
Désigné par le chahid Boudjemaa Souidani, alors chef de la wilaya IV historique, Tayeb Djoughlali s’employa, avec l’aide de deux autres martyrs, en l’occurrence, Benyoucef Kritli et Rachid Ben Sid-Oumou, à structurer et organiser les maquis de la région de Médéa, zone II de la wilaya IV, ainsi qu’à se préparer militairement pour les missions à venir.
Renfort de troupes et organisation de la Révolution
Des éléments, affiliés au Parti du Peuple algérien (PPA) et d’anciens membres de l’Organisation secrète (OS), vont constituer le noyau dur en charge de mener des opérations militaires sporadiques, à partir des maquis d’El-Omaria, Tablat et El-Aissaouia, et qui s’étendront plus tard à l’ensemble de la zone II, et même au-delà.
Des abris et des refuges sont aménagés dans les maquis, des armes sont collectées auprès des citoyens qui détiennent encore des fusils de chasse, ou récupérées sur l’ennemi, et une opération de recrutement va cibler, les jours qui ont suivi le début de la Guerre de libération, les personnes de confiance.
Le chahid Rabah Saoudi, dit « Eldjebass », est chargé par Tayeb El-Djoughlali de cette délicate mission de recrutement, notent les mêmes archives, qui mettent en avant le travail colossal entrepris par le chahid pour attirer de nouvelles recrues et étoffer, ainsi, les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN).
Ce renfort de troupes, qui ira crescendo à partir de 1955, va se traduire par une meilleure organisation de la Révolution au niveau de la zone II, à travers la mise en place de structures chargées de l’enrôlement et l’organisation des unités combattantes, l’armement et des finances, est-il mentionné.
Des groupes de recrues étaient envoyés, à partir de février 1956, dans les camps d’entrainement installés dans les maquis de « Zbarbar » (Bouira), et, une fois leur stage terminé, ces derniers furent dispatchés au sein des unités opérationnelles affectées au niveau de « Djebel Zeccar », « Mouzaia », « Ouarsenis » et dans différentes zones de combats, situées dans la région de Médéa et ses environs, rapportent les archives.
D’autres groupes feront leur apparition, d’abord à Tablat, sous la conduite du chahid Rabah Mokrani, connu sous son nom de guerre de « Si-Lakhdar », commandant de l’ALN, mort au combat le 5 Mai 1958, à « Djbel Boulegroune », commune de Djouab, à l’est de Médéa, puis à Berrouaghia, autre grand fief de la Révolution, dirigé par le chahid Ibrahim El-Aid, alors qu’un troisième groupe écumera, à partir de l’année 1956, la vaste étendue steppique de la commune de Ain-Boucif, sous la direction du chahid Mohamed El-Kerarchi.
Malgré la supériorité militaire de l’ennemi, ces cellules combattantes ont réussi à mener, avec succès, des dizaines d’opérations militaires, entre juin 1955 et la fin 1956.
Les archives de cette période font état de près d’une vingtaine d’attaques ou d’accrochages menés contre les troupes de l’armée d’occupation française, en sus de dizaines d’embuscades, de sabotages d’infrastructures militaires et d’actions ciblant des militaires ou des policiers.
APS