Le Président Tebboune ouvre la Conférence des chefs de missions diplomatiques : « Aucune ingérence n’est tolérée ! »
« Aucune ingérence n’est tolérée ! ». C’est par cette mise au point que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a tenu à répondre à toutes les tentatives de la France et du Parlement européen de s’immiscer dans les affaires internes de notre pays.
Dans une allocution qu’il a prononcé à l’ouverture de la Conférence des chefs des missions diplomatiques et consulaires algériennes à l’étranger, le président de la République a dévoilé sa vision pour la conduite de la politique étrangère de l’Algérie, laquelle devra se traduire par des actions concrètes au niveau de l’appareil diplomatique. Une politique qui traduira les objectifs du processus de refondation nationale, mais aussi répondre aux défis qui s’imposent aujourd’hui au pays notamment sur le plan sécuritaire. C’est dans ce contexte qu’Abdelmadjid Tebboune a mis en avant les menaces que font peser les foyers de tension et les conflits qui se sont multipliés dans l’environnement régional direct de notre pays, mais aussi les nouvelles guerres de 4e génération et les ingérences qui visent la déstabilisation des Nations. Ainsi et en émettant le souhait de voir cette conférence devenir une tradition et se rééditer de manière annuelle, voire bisannuelle, le Président Tebboune a insisté sur les missions qui incombent aujourd’hui à l’appareil diplomatique algérien. C’est à cet effet qu’il soulignera l’opportunité de cette conférence qui intervient au mois de novembre et mettra l’accent sur le legs des générations de diplomates qui ont porté le message du 1er Novembre. Une diplomatie qui devra d’ailleurs défendre les principes immuables de notre Nation. C’est ainsi que le président de la République a indiqué que durant le parcours de la diplomatie algérienne où « le flambeau a été transmis de génération en génération de diplomates militants, ont été cristallisées les principales constantes de notre politique étrangère, pour ne citer que le soutien au droit des peuples à l’autodétermination, la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays, le règlement pacifique des conflits, la promotion et la consolidation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, ou encore l’impératif d’établir des relations internationales justes et équilibrées et le non-alignement ». Au-delà, le président de la République exhortera les diplomates à veiller à préserver les intérêts de la Nation et à contribuer à garantir la sécurité nationale, notamment dans le contexte actuel. Un contexte international marqué par la faillite du multilatéralisme dans la gestion du covid-19 et de ses implications. Des défis imposés également par le contexte régional marqué par des « crises multidimensionnelles » ainsi que « des foyers de tension dans nombre de pays voisins, le long de nos frontières, notamment au Sahara occidental où les affrontements militaires ont repris entre le Front Polisario et les forces d’occupation marocaines, et de la crise en Libye qui connaît encore des tensions dues aux multiples interventions étrangères, en sus du statu quo qui se poursuit dans la région du Sahel sous l’influence de nombreux facteurs liés aux conflits multiformes, à la propagation de la menace terroriste et au crime organisé sous toutes ses formes ». Abdelmadjid Tebboune souligne d’ailleurs « les menaces directes visant à affaiblir l’Algérie par le biais d’une guerre dite de « quatrième génération » dans le cadre d’un vaste plan ciblant, au-delà de l’Algérie, l’Afrique et le Moyen-Orient ».
C’est dans ce contexte que le président de la République souligne la nécessité de « prendre des mesures proactives en vue de consacrer le rôle de l’Algérie en tant qu’acteur influent susceptible de contribuer sérieusement à faire face aux défis internationaux en proposant des idées et des initiatives de nature à consolider l’action multilatérale ».
Pour ce faire, il a fixé un certain nombre de priorités. Il s’agit d’abord de consolider la représentation algérienne dans les instances régionales et internationales, notamment à l’ONU. « A cet égard, la priorité doit être accordée au prochain mandat de l’Algérie en qualité de membre au Conseil de sécurité onusien pour la période 2024-2025, et ce afin de contribuer aux efforts visant la préservation de la paix et de la sécurité internationales », dira le président de la République.
Une vision nouvelle du partenariat
Il s’agit également d’adopter une nouvelle approche du partenariat. Le Président Tebboune indique ainsi qu’il faut « agir de façon rationnelle et équilibrée pour le développement des relations politiques, économiques et commerciales avec nos principaux partenaires en Europe, en Amérique du Nord et en Asie ». Avec l’Union européenne et au moment où l’Algérie a décidé d’une révision en profondeur de l’Accord d’association, le président de la République estime « indispensable d’établir des relations davantage équilibrées avec nos partenaires ». Il s’agit également de mettre fin aux tentatives incessantes de ces derniers de s’immiscer dans les affaires internes du pays. « L’Algérie ne tolérera, dans les relations bilatérales avec ses partenaires européens, aucune ingérence dans ses affaires internes et demeurera disposée à établir des liens fondés sur le respect mutuel et à s’engager au respect total du principe de l’égalité souveraine des Etats », a indiqué le président de la République.
Il évoque aussi la nécessité de coopérer avec « les Etats qui partagent nos points de vue et nos positions au sujet du renforcement du rôle de l’ONU pour l’amener à s’acquitter de ses responsabilités, notamment envers les peuples palestinien et sahraoui ».
En Afrique, qui constitue « la profondeur géographique et civilisationnelle de l’Algérie, le chef de l’État a estimé nécessaire de consolider les liens avec les États africains, de renforcer l’Union africaine et de « la protéger des tentatives sournoises ciblant l’unité de ses rangs et son rôle central », allusion à peine voilée faite à la nécessité d’expulser l’entité sioniste de l’organisation panafricaine. D’ailleurs le soutien à la cause palestinienne sera également l’un des points soulevés par le président de la République.
Un sommet arabe à Alger en mars
Dans ce contexte, il annonce la tenue du prochain sommet arabe à Alger en mars. Un sommet qui « doit être une précieuse opportunité pour renouveler l’engagement collectif de soutien à la cause palestinienne, en réaffirmant le respect par tous les Etats membres de l’Initiative de paix arabe », a-t-il préconisé.
Le président de la République a également insisté sur un autre plan sur le renforcement de nos relations avec la Russie, les Etats-Unis et la Chine, mais aussi l’Amérique latine, la région de la mer des Caraïbes, notamment Cuba et les Iles de l’Océan Pacifique.
D’ailleurs le Président Tebboune a insisté sur le rôle prépondérant que devra jouer la diplomatie sur le plan économique. « J’aimerais insister sur deux principaux points eu égard à leur importance stratégique majeure. Il s’agit de notre communauté nationale établie à l’étranger et de la diplomatie économique », dira le Président Tebboune. « Nos diplomates sont désormais invités à se positionner à l’avant-garde des efforts nationaux visant le renforcement de l’attractivité de l’Algérie vis-à-vis des sociétés étrangères ainsi que le soutien aux entreprises nationales en vue d’accéder aux marchés internationaux, et ce, à travers l’étude des types de marché et la consommation en plus de la définition des opportunités disponibles, pour les produits algériens » a indiqué le chef de l’Etat.
Accompagner la diaspora
Enfin, le président de la République a insisté sur le rôle de l’appareil diplomatique dans l’accompagnement et la protection des ressortissants algériens de toute forme d’abus et d’injustice à l’étranger. « Vous n’êtes pas seulement appelés à prendre en charge les préoccupations de notre communauté, mais de renforcer ses liens avec la patrie en sus de l’implication de ses membres au processus du développement socio-économique de notre pays et aux efforts visant la consolidation de la place et du poids de l’Algérie sur la scène internationale », a indiqué le président de la République. Il a également exhorté les représentations diplomatiques et consulaires à mettre en place des numéros verts outre l’ouverture de canaux de communication directs ou électroniques avec les ressortissants algériens de même qu’il a mis en avant la disposition de l’État à mobiliser des fonds pour assurer un accompagnement et une assistance judiciaire pour les membres de notre communauté.
Samira Ghrib