Sahel, terrorisme, relations algéro-françaises, tensions régionales, entité sioniste et Union africaine : Les mises au point de Lamamra
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a tenu à remettre les pendules à l’heure concernant de nombreuses questions touchant la situation dans la région et en Afrique.
De l’instabilité au Sahel aux tensions alimentées par les politiques belliqueuses du Makhzen, en passant par le rejet de l’octroi du statut d’observateur à l’entité sioniste, Lamamra a réaffirmé dans un entretien France 24 et RFI, les positions de l’Algérie qui défend les solutions africaines au problèmes africains et ses obligations morales en ce qui concerne la paix et la stabilité en Afrique en promouvant le dialogue et les solutions pacifiques aux conflits.
Ainsi et en ce qui concerne l’instabilité au Sahel, Ramtane Lamamra a recadré toutes les parties impliquées directement et indirectement dans l’instabilité au Sahel en rappelant de prime abord que « l’Algérie a ses propres perceptions des dynamiques en action dans la région du Sahel étant d’abord un pays sahélien et entend battre le cœur tumultueux de cette région et travail d’arrache-pied à promouvoir des solutions pacifiques qui soient de na ture à épargner à ces peuples des drames et des tragédies ». M. Lamamra dira à cet effet que « c’est grâce aux efforts de l’Algérie que l’on est parvenus à la signature par les parties au conflit interne a Mali de l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger ». Un accord suivi et cadré par l’Algérie avec l’accord de la communauté internationale, a-t-il précisé. Il dira d’ailleurs que « l’Algérie croit résolument aux solutions africaines diplomatiques, à la concertation et au dialogue car les intérêts des uns et des autres voudraient nous retrouvions tous, avec la bonne volonté et le respect qui s’imposent, pour envisager l’avenir de la région d’une autre manière que conflictuelle ». « La communauté internationale n’a aucun intérêt à rester divisée alors que les groupes terroristes et de trafiquants eux, savent harmoniser leurs positions et leurs actions », a-t-il ajouté.
Abordant la question du le retrait des forces militaires françaises du Sahel, M. Lamamra n’a pas manqué de rappeler que sur ces questions de la présence étrangère sur le continent, la position de l’Algérie est doctrinale et établie une fois pour toutes et n’a ainsi pas omis de noter que » l’Union africaine doit être capable de trouver des solutions africaines aux problèmes du continent », précisant à cet effet que « l’Algérie demeure respectueuse des choix de tout pays africains à penser sa propre défense » .
Evoquant les pourparlers actuels entre le gouvernement malien au pouvoir et la communauté international, dont l’Algérie et le principal médiateur d’ailleurs, le ministre des Affaires étrangère a estimé que « les négociations les plus efficaces ne sont pas celles qui se déroulent par médias interposés ». Il a indiqué à ce propos que « l’Algérie est prête à organiser un dialogue fraternel entre le Mali et la Cédéao». Et d’ajouter qu’il y a « encore de l’espace pour la raison et pour que des démarches laissent la place à la communauté internationale afin qu’elle assume ses responsabilités ».« La communauté internationale n’a aucun intérêt à rester divisée alors que les groupes terroristes savent harmoniser leurs actions», a-t-il ajouté par ailleurs. « Selon les estimations algériennes basées sur des avis d’experts et de compétences internationales, la période de 12 à 16 mois serait une période raisonnable et suffisante pour l’organisation d’une transition politique débouchant sur des élections techniquement incontestables » a-t-il noté.
Le chef de la diplomatie algérienne a également été interpellé par les deux médias sur la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc et qui ont évoqué la possibilité d’une escalade vers un conflit armé. À ce propos, Ramtane Lamamra a voulu mettre le point sur les « i » sur cette question et a réaffirmé les positions de l’Algérie en rappelant que « l’Algérie ne fera la guerre qu’en légitime défense », car c’est un principe constitutionnel et moral, a-t-il assuré tout en mettant à l’index l’attitude belliqueuse du Makhzen. M. Lamamra déplorera l’utilisation par le Maroc des médias pour une proagande qui « ne reculent devant aucune ignominie ». Il estimera également que « ceux qui déverloppent une coopération militaire avec des puissances étrangères à la région, sont ceux qui envisagent le pire ». M. Lamamra n’est pas passé par quatre chemins pour dire que « la solution aux problèmes que vit la région ne passent pas par la fuite en avant et par l’invitation des dirigeants israéliens à venir à nos frontières nous menacer à partir du Maroc ». Quant à la décision unilatérale du tchadien Moussa Faki Mahmat d’accorder à l’entité sioniste le statut d’observateur de l’Union africaine, Lamara a estimé que le président de la Commission de l’UA a commis une faute.
Algérie-France : Une phase laborieuse ascendante
Au sujet des relations algéro-françaises, le ministre des Affaires étrangères dira que « Tebboune et Macron ont des relations personnelles excellentes cordiales et confiantes mais qui ne suffisent pas pour masquer l’existence de problèmes ». « Les relations entre les deux pays ne sont jamais banales. Des relations qui se font dans le respect mutuel et le respect de la souvernaineté . Nous sommes aujourd’hui, je crois, dans une phase laborieusement ascendante », dira-t-il. Et d’ajouter qu’ « il y a un grand nombre de difficultés dans cette relation bilatérale singulièrement lorsqu’il s’agit de la protection et de la présevration de la sécurité et de la dignité de nos compatriotes en territoire français. Un sujet auquel nous sommes particulièrement sensibles ».
L’invitation du président français faite à son homologue algérien de participer au prochain sommet UE-UE à Bruxelles à la mi-février sera également abordéepar M. Lamamra qui affirmera qu’à « ce stade, je n’exclue rien », jugeant que les médias amplifient parfois les questions. Lamara reviendra également sur la question de la réduction des visas et bat en brèche les arguments avancés par les autorités françaises à ce propos. Il a précisé que les dirigeants algériens veillent à ce que les accords bilatéraux soient exécutés correctement. Ils ne veulent pas que leurs ressortissants « soient renvoyés au pays dans des charters sans qu’ils exploitent leur droit aux recours ». Dès lors, il a certifié qu’il « est faux de dire que nous refusons de recevoir nos compatriotes, qui n’ont plus rien à faire sur le territoire français ».
Abordant le chgapitre de la mémoire, M. Lamamra n’a pas manqué de réitérer la demande algérienne de réappropriation des restes mortuairesde ses héros de la lutte contre le colonialisme estimant que » la cohérence voudrait que l’Indépendsance de l’Algérie s’accompagne de la réappropriation de tous les biens matériels et immatériels », citant ainsi l’exemple du canon Baba Merzoug ou la Consulaire. « On se demande d’ailleurs, si c’est civilisé de conserver des crânes dans des musées.
Akli Amor