Corruption au Maroc : Une association tire la sonnette d’alarme
L’Association marocaine de protection des deniers publics a tiré la sonnette d’alarme quant à « l’ampleur de la corruption, le pillage de l’argent public, le transfert illicite de la devise et le blanchiment d’argent » dans le Royaume, faisant remarquer que « ces pratiques mafieuses accentuent la pauvreté des populations et les privent de leurs droits à l’éducation, à la santé et au logement ».
Dans un communiqué sanctionnant la réunion de son Bureau national, l’Association de la protection des deniers publics, « a affirmé que la corruption et le pillage des deniers publics ont aggravé dangereusement la pauvreté des populations, accentué le chômage et augmenté vertigineusement les prix des produits de première nécessité ». Elle a noté que tout « ceci se produit au moment où des secteurs entiers, à l’instar du tourisme (…) sont à genou du fait de la pandémie de coronavirus ». Dénonçant, dans ce sens, l’absence de contrôle et l’impunité des personnes impliquées dans la mauvaise gestion, l’Association a plaidé « pour la révision en urgence du cadre juridique et la moralisation de la vie publique, en instaurant des lois en mesure de lutter efficacement contre ces fléaux qui rongent le pays, tout en veillant à ce qu’elles soient en phase avec les conventions internationales en la matière ». Dans le même sillage, l’Association a renouvelé sa demande de « revoir la loi sur la déclaration des biens personnels de tous les responsables et (son) élargissement », appelant « la justice à accélérer l’examen de toutes les affaires de corruption en suspens au niveau des tribunaux ».
En outre, l’Association a mis en garde contre le détournement du foncier public, particulièrement convoité, ces dernières années, par des responsables marocains. Une pratique favorisée par une politique encourageant l’investissement ». L’Association a plaidé, enfin, à l’adoption de lois susceptibles de protéger les citoyens dénonçant les faits de corruption.
Autre symptôme de la déliquescence du régime marocain, celui de la répression des journalistes. dans ce contexte, les avocats du journaliste marocain Soulaimane Raissouni, condamné en première instance à cinq ans de prison pour « agression sexuelle », ont dénoncé hier les « failles » du dossier devant la Cour d’appel de Casablanca, ont rapporté des médias. « Le processus judiciaire a été ponctué de failles. Les preuves retenues contre M. Raissouni ne sont pas crédibles », a affirmé son avocate Souad Brahma, en présence du journaliste en détention, lors des plaidoiries de la défense. M.Raissouni, 49 ans, un éditorialiste connu pour son ton critique vis-à-vis des autorités, est accusé d' »agression sexuelle ». Une accusation qu’il rejette, assurant qu’il est poursuivi « à cause de ses opinions ». L’enquête a été ouverte à la suite d’une publication sur Facebook dans laquelle le plaignant l’accuse, sous pseudonyme, de l’avoir agressé sexuellement. L’accusation se base également sur une conversation enregistrée et des échanges sur le système de messagerie Messenger. Mais selon Me Brahma, « l’enregistrement audio et les messages qui l’incrimineraient, et dont la véracité est réfutée par M. Raissouni, ne font pas allusion aux faits qu’on lui reproche ». « Pourquoi donc le téléphone du plaignant n’a pas été saisi et expertisé car c’est sur cet outil que l’audio a été enregistré et se trouvent les conversation attribuées à M. Raissouni ? », a demandé un autre avocat, Mohamed Messaoudi. En revanche, le téléphone du journaliste « a été expertisé mais aucun élément l’incriminant n’y a été trouvé », a assuré Me Messaoudi. Arrêté en mai 2020, l’éditorialiste n’avait pas assisté à la plus grande partie de son procès en première instance — entre février et juillet 2021 — en raison d’une grève de la faim de 122 jours. Pour les autorités marocaines, M. Raissouni a bénéficié d’un procès « équitable » et ces poursuites « n’ont rien à voir avec son travail journalistique ». Le procès reprendra le 21 février en cours.
R.I. avec APS