Maroc : La protesta reprend de plus belle
Les Marocains ne décolèrent pas et entendent encore battre le pavé pour dénoncer les mesures prises par le gouvernement Akhanouche. Des mesures antisociales qui conduiront assurément à une implosion sociale avertissent les parlementaires marocains.
C’est dans ce contexte que l’Association marocaine des droits de l’Homme a appelé à participer à des manifestations aujourd’hui dans toutes les régions du pays, en réponse à l’appel du Front social marocain, à l’occasion de la Journée internationale de la justice sociale. La plus grande association de défense des droits de l’Homme au Maroc a signalé que la Journée internationale de la justice sociale intervient « au moment où notre pays connaît de sérieuses régressions, que ce soit en termes de droits économiques, sociaux, environnementaux, ou de droits civils et politiques ». L’association a exprimé, à cette occasion, son soutien aux mouvements sociaux dans leur lutte pour le droit à une vie décente, critiquant « l’exploitation par l’Etat de la pandémie du Covid19 (…) pour contrôler l’espace public dans un climat social marqué par des actions de protestations ». L’association a appelé toutes ses branches à participer à toutes les initiatives de lutte aux niveaux local, régional et national, en organisant dimanche prochain des rassemblements dans plusieurs localités à la même heure.
Pour rappel, des manifestations ont eu lieu, jeudi, à Jerada (Nord-est du Maroc) contre la pauvreté et la fermeture des compteurs d’eau et d’électricité appartenant à certains citoyens démunis. Selon des médias marocains, des centaines d’habitants de l’ancienne ville minière de Jerada sont sortis dans la rue pour protester contre la hausse des prix des produits de première nécessité. Les manifestants ont parcouru les quartiers et les rues de la ville pour dénoncer la fermeture des compteurs d’eau et d’électricité des citoyens pauvres ne pouvant s’acquitter de leurs factures. Sur des vidéos relayées on pouvait voir des manifestants scander des slogans appelant notamment au départ du gouvernement Akhannouch et à la fin de l’injustice. Parallèlement à ces manifestations, des dizaines de commerçants ont procédé à la fermeture de leurs magasins pour exprimer leur ras-le-bol des conditions socio-économiques dans la région. La montée des tensions et l’ébullition du front social suscite d’ailleurs l’inquiétude. Une parlementaire marocaine, secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), Nabila Mounib, a mis en garde samedi contre l’explosion de la situation sociale et politique dans le Royaume, accusant le gouvernement d’Aziz Akhannouch de « violer la Constitution », à l’encontre de ses engagements lors de son investiture. « Le Maroc vit actuellement une année difficile, où l’apathie politique, combinée à la sécheresse et la hausse des prix, a conduit à l’augmentation de la pauvreté, des disparités sociales et du chômage », a-t-elle prévenu dans un podcast sur sa chaîne YouTube, alertant sur la gravité de la situation sociale qui pourrait conduire à « l’implosion ». De plus, Mme Mounib a accusé le gouvernement d’être impliqué dans la « violation de la Constitution », de « mépriser ses dispositions » et de « manquer de respect aux institutions constitutionnelles », notant que le Maroc faisait « face à une crise politique en raison de l’absence de démocratie, de la prévalence de l’autoritarisme et de la violation des droits et libertés », et à une « crise sociale avec des disparités croissantes et un chômage généralisé ». Enfin, l’Association nationale des diplômés chômeurs au Maroc a dénoncé la répression qui vise les luttes du peuple marocain et réclamé l’annulation des « faux-procès » contre les détenus et les chômeurs en particulier. L’Association a souligné dans un communiqué publié à l’issue de son 15e congrès national tenu récemment à Rabat, que « le régime (marocain) n’est ni démocratique ni populaire et continue de mener ses plans visant à nuire au revenu journalier du peuple marocain ». Dans ce contexte, l’Association a indiqué que « la pandémie de Covid-19 a dévoilé le vrai visage du régime qui a profité de cette situation pour imposer l’état d’urgence sanitaire comme solution (à la crise sanitaire) mais au fait, il s’est avéré que c’est un prétexte utilisé par les autorités pour étouffer toutes les voix libres ». « Le simulacre d’élections du 8 septembre 2021 a dévoilé (aussi) que le régime compte sur les capitalistes et les hommes d’affaires pour gérer la situation, la hausse des prix des matières de première nécessité, le gel des salaires et les attaques menées contre les simples paysans pour s’approprier leurs terres en sont la preuve », selon l’Association marocaine des diplômés chômeurs. « Le secteur de l’emploi n’a pas été épargné par la politique répressive du régime marocain et ce en fixant à 30 ans l’âge de participation aux concours dans la fonction publique et en privant une grande catégorie de licenciés de leur droit légitime à occuper un poste dans la fonction publique », a-t-elle ajouté. Par ailleurs, l’Association marocaine des diplômés chômeurs a dénoncé « les faux-procès contre les militants et militantes marocains et les restrictions sur la liberté d’expression et d’opinion » au Maroc.
R.I. avec APS