Procès des frères Benhamadi : Des peines de 2 à 10 ans de prison requises
Le Procureur général près la Cour d’Alger a prononcé hier son réquisitoire, à l’issue des deux jours d’auditions dans le procès en appel des frères Benhamadi. Le représentant du ministère public a requis une peine de 10 ans de prison et une amende de 8 millions de dinars à l’encontre des trois frères Benhamadi. Propriétaires du Groupe Condor, les mis en cause sont accusés de blanchiment d’argent, abus de fonction et financement occulte de partis politiques. Le procureur général a également requis des sentences de 2 à 6 ans à l’encontre de 63 autres accusés cités dans cette affaire pour des chefs d’inculpations liés à l’abus de fonction, dilapidation des deniers publics et octroi d’indu-privilèges. Le Procureur a requis une amende de 40 millions de dinars à l’encontre des entreprises, rattachées au groupe Condor, à savoir Travocovia, ALTRAPCO et GB Pharma, en plus de la saisie de leurs biens mobiliers et immobiliers et leurs comptes bancaires. Ouvert dimanche dernier, le procès en appel de l’affaire des frères Benhamadi a été marqué par l’audition des principaux accusés. Ainsi, Omar Benhamadi a nié en bloc les charges retenues contre lui, notamment en qui concerne le chef d’inculpation le citant pour son financement occulte de partis politiques. Dans l’affaire de réalisation de l’hôpital des brûlés à Skikda, dont le taux d’avancement des travaux a atteint 60%, le mis en cause a évoqué des problèmes d’ordre technique et administratif pour expliquer le retard accusé dans ce projet, sachant que le délai de réalisation était fixé à 22 mois, notamment liés aux bureaux d’études. Le même son de cloche a émane de son frère Abderrahmane Benhamadi qui a nié les chefs d’accusation retenus contre les filiales du groupe Benhamadi. Il a affirmé que «la société GB Pharma importait légalement des médicaments, conformément au registre de commerce de la société l’autorisant à exercer cette activité, en plus de son activité principale de fabrication de médicaments». L’accusé est également revenu sur «la possession du droit de concession pour l’exploitation d’un terrain dans la nouvelle ville de Sidi Abdellah » pour laquelle il a déclaré qu’«elle est conforme à la loi », soutenant que «la société s’est acquittée des redevances». Le magistrat est revenu, lui aussi, sur le développement de l’activité des filiales du groupe alors que l’un des frères Benhamadi était à la tête d’un département ministériel en 2010, et la possibilité d’obtention d’avantages particuliers. Il s’agit notamment de la conclusion de marchés par la société Condor Electronics avec des entreprises du secteur de la Poste et des Télécommunications. L’accusé a réfuté «l’’obtention des filiales du groupe d’un quelconque avantage ». Il a affirmé que «l’essor de l’activité commerciale du Groupe a été favorisé par l’encouragement à l’investissement privé à l’époque». Le juge est revenu à la charge en demandant des explications sur le retard dans la réalisation d’une gare routière à Bordj Bou Arreridj, sachant que le projet a été confié à la société « ALTRAPCO. Il a également demandé des éclaircissements sur «les modalités d’obtention du marché, de montants financiers ainsi que les modalités de réception des avances. Smail Benhamadi a expliqué ces retards sont liés aux «problèmes techniques et administratifs, à savoir l’absence d’un bureau d’études et de plans de réalisation du projet », indiquant que «la société n’a toujours pas recouvré ses dus, alors que la gare est actuellement en service». Pour rappel, le Pôle pénal économique et financier du Tribunal de Sidi Mhamed (Alger) avait prononcé, en décembre dernier une peine de cinq ans de prison dont deux avec sursis à l’encontre de Omar Benhamadi, assortie d’une amende d’un million de dinars, pour conclusion de marchés illégaux et obtention d’indu-avantages. Abderrahmane Benhamadi avait été condamné à une peine de quatre ans de prison, dont deux avec sursis, assortie d’une amende d’un million DA, tandis que Smail Benhamadi a écopé d’une peine de deux ans de prison ferme, assortie d’un million DA. Les sociétés Travocovia, GB Pharma et Altrapco, filiales du groupe Condor doivent s’acquitter, chacune, d’une amende de quatre millions DA et verser in solidum un montant de 10.000 DA au Trésor public.
S.A.