Des manifestations massives dans plus de 40 villes : Le Makhzen face à la bombe sociale
Le front social bouillonne au Maroc et il ne se passe plus un jour sans que des mouvements de protestation ne secouent le royaume.
La politique menée par le Makhzen, via le gouvernement mené par l’oligarque Akhanouche a plongé la population dans une détresse économique et sociale sans commune mesure. Ainsi et alors que les mouvements de grève se multiplient dans les secteurs du tourisme, des transports, de la santé et de l’éducation, un mouvement massif de protestation est venu rappeler au Makhzen la colère des Marocains qui ne cesse de croitre. Ces derniers sont descendus massivement battre le pavé dans 40 villes marocaines dimanche pour protester contre la hausse alarmantedes prix et la vague de prix élevés que connaît le pays, et pour exiger le renforcement des libertés et pour souligner lapoursuite dans la lutte jusqu’au « renversement de la corruption et de la tyrannie », qui a donné naissance à la pauvreté et à l’oppression sociale que le peuple marocain confond. Il est vrai que ce mouvement populaire de grande ampleur a été entamé au mois d’octobre dernier sans que le Makhzen ne daigne répondre aux exigences des Marocains. C’est dans ce contexte que des manifestants dans plusieurs villes marocaines, telles que Casablanca, Rabat, Fès, Meknès, Marrakech et Oujda, ont dimanche brandi des banderoles appelant à une solution à la crise qu’ils vivent et à une inversion de la courbe des prix, en plus d’autres banderoles appelant à la libération des prisonniers politiques et la concrétisation de la justice sociale.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré que des manifestants se sont rassemblés sur la place en face du siège du Parlement, rue Mohammed V à Rabat, la capitale, portant des slogans dénonçant la flambée des prix des biens de consommation et du carburant, ainsi que des slogans appelant à « la liberté, la dignité, la protection sociale la justice et l’égalité réelle. »
Les manifestants ont également dénoncé le soutien de la cour d’appel de Casablanca, jeudi dernier, au jugement de première instance qui a condamné les journalistes Omar Radi et Imad Estito à six ans de prison. De même, ils ont dénoncé la normalisation avec l’entité sioniste. Et les sites d’information locaux ont cité le coordinateur de la coalition marocaine des organismes de défense des droits de l’homme, Abdelilah Ben Abdessalam, avertissant que « les augmentations de prix ne feront qu’augmenter la tension dans le pays ».
Pour sa part, un membre du Front social marocain, Tayeb Madmadh, a déclaré que « le Front social marocain et toutes les forces vives du pays continueront à lutter jusqu’à ce que la corruption et la tyrannie soient renversées, car elles sont la véritable raison des prix élevés, de l’oppression sociale, de la pauvreté et de l’appauvrissement vécus par les milieux populaires ». Les manifestations ont été organisées à l’appel du « Front Social Marocain », qui regroupe plus de 30 associations des droits de l’homme, syndicats et partis politiques.
Rappelons que des enseignants sous contrat au Maroc ont annoncé une grève lancée hier et qui doit se poursuivre jusqu’à jeudi pour protester contre l’arrestation de 25 de leurs collègues lors de manifestations dans la capitale Rabat la semaine dernière. Selon un communiqué de la « Coordination des professeurs contractuels » (non gouvernementale), la grève fait suite à la tournure prise par les manifestations à Rabat, durant lesquelles ils ont été réprimés, arrêtés et pour certains blessés gravement lors de la dispersion de leurs marches. Le communiqué indique que les autorités « ont arrêté environ 100 enseignants pendant ces manifestations, puis relâché certains d’entre eux, tandis que 25 sont maintenus en détention ». Selon la même source, « la grève prévue coïncidera avec des sit-in et des manifestations dans d’autres villes et devant des tribunaux de première instance du pays ». Les enseignants contractuels avaient manifesté à Rabat et tenu des sit-in mercredi, jeudi et vendredi, appelant à leur inclusion dans la fonction publique. Les forces de sécurité marocaines étaient intervenues avec violence pour disperser les manifestations, arrêtant plusieurs enseignants et causant des blessures à d’autres.
Notons enfin que l’Observatoire Euro-Méditerranéen des droits de l’Homme a déclaré, dimanche, que l’emprisonnement de journalistes-opposants marocains, au terme d’une procédure entachée d' »irrégularités juridiques », est « répréhensible », appelant les autorités à s’abstenir de faire de la justice « un outil pour punir les défenseurs des droits humains ». « Le maintien par la Cour d’appel de Casablanca de peines d’emprisonnement apparemment vengeresses à l’encontre de journalistes opposants, au terme d’une procédure entachée d’irrégularités juridiques, est répréhensible », a déclaré l’organisation dans un communiqué publié sur son site. Dans son communiqué, l’organisation rappelle que jeudi soir, la Cour d’appel de Casablanca a rendu un verdict confirmant la condamnation à six ans de prison du journaliste Omar Radi, pour « viol, espionnage et atteinte à l’intégrité de la sûreté de l’Etat ». La Cour a également confirmé la condamnation de son confrère Imad Estito à un an de prison (dont six mois ferme) pour « complicité de viol » et « non-assistance à une personne en danger ». Le 24 février, le tribunal a confirmé également la peine initiale de cinq ans d’emprisonnement prononcée contre le journaliste Souleiman Raissouni pour « agression sexuelle ». Ces accusations montrent, selon l’ONG, que « les autorités n’ont pas seulement l’intention de faire taire les journalistes, mais aussi de déformer leur réputation et de nuire à l’image des journalistes opposants, en les associant à l’indécence et à l’espionnage ». L’observatoire dénonce aussi le fait que « les journalistes condamnés n’ont pas bénéficié de la possibilité de se défendre correctement ». Leur droit de contacter leurs avocats a été à plusieurs reprises restreint. La source cite pour exemple le dossier d’Omar Radi, dans lequel l’équipe de défense n’a pas été autorisée à interroger le plaignant.
R.I.