Endettement extérieur : Le « oui, mais » de la Banque d’Algérie
La question du recours à l’endettement extérieur revient aux devants de l’actualité nationale. Totalement écartée, il y a quelques mois, l’option du recours à des financements extérieurs est aujourd’hui évoquée. Il semble, cependant, que si la voie à l’endettement extérieur est de nouveau ouverte, elle ne concernera pas les opérateurs économiques privés, et ne touchera pas l’ensemble des projets d’investissements. De même que la liste des bailleurs a été limitée aux seules banques multilatérales de développement et en aucun cas aux banques commerciales internationales.
Le débat sur le recours à l’endettement extérieur a pris place depuis quelques jours. En ce sens, la Banque d’Algérie a tenu à apporter certaines clarifications concernant cette question, tout en soulignant le distinguo à faire entre « endettement extérieur » au sens classique du terme et l’option du recours aux financements extérieurs aujourd’hui évoquée et qui sera limitée aux projets stratégiques. C’est ainsi que l’Autorité monétaire a adressé une note aux banques et établissements financiers, dans laquelle elle précise que seuls les projets stratégiques et structurants pour l’économie nationale sont éligibles aux financements extérieurs d’investissements, après l’obtention de l’avis des autorités compétentes. « En vertu des dispositions de l’article 108 de la Loi n° 19-14 du 11 décembre 2019 portant loi de finances pour 2020, seuls les projets stratégiques et structurants pour l’économie nationale sont éligibles aux financements extérieurs, auprès d’institutions financières internationales de développement, et ce, après avis des autorités compétentes », a indiqué la Banque d’Algérie dans cette note datée du 6 mars en cours et signée par son Gouverneur Rosthom Fadli. A cet effet, la Banque d’Algérie a ajouté que « tout concours extérieur de quelque nature qu’il soit, qui ne s’inscrit pas dans ce cadre demeure considéré comme endettement extérieur et proscrit ». Et d’attirer, dans ce contexte, l’attention des banques et des établissements financiers sur « l’impérieuse nécessité de veiller au strict respect des prescriptions légales » au sujet des financements extérieurs d’investissements.
Il est utile de rappeler dans ce sens, que le président de la République avait ouvert la voie au recours aux financements extérieurs pour certains projets. Lors de la dernière rencontre avec des représentants de la presse nationale tenue, il y a une vingtaine de jours, Abdelmadjid Tebboune avait indiqué que des financements extérieurs étaient possibles pour certains projets structurants pouvant dégager des revenus susceptibles de rembourser de possibles emprunts. Ce qui a été considéré comme une rupture avec les positions initiales rejetant tout recours à l’endettement extérieur. Le président de la République avait de nouveau évoqué la question, une semaine plus tard, lors de sa visite au Koweït et avait rappelé que « l’Algérie a une expérience avec l’endettement extérieur et ne procédera pas de la même manière, le cas échéant ». Notons enfin que grâce à une politique de désendettement menée tambours battant, l’Algérie bénéficie aujourd’hui de l’un des taux d’endettement extérieur les plus faible au monde. En 2020, le stock de la dette extérieure globale était établi à un peu plus de 5,1 milliards de dollars.
Chokri Hafed