Justice : Temmar devant le juge
Ouvert jeudi, le procès de l’ancien wali de Mostaganem, Abdelwahid Temmar, et de plus d’une trentaine d’accusés se poursuit au niveau du pôle pénal économique et financier près le Tribunal de Sidi M’hamed, à Alger. Le mis en cause a été poursuivi pour un paquet de chefs d’inculpations liés à la corruption retenus à son encontre par la Chambre d’accusation. Il s’agit d’abus de fonction, détournement de terres de leur vocation agricole et octroi de privilèges injustifiés. D’ailleurs, ces griefs ont constitué le contenu principal de l’audience consacrée dimanche à l’ancien ministre de l’Habitat, qui a été auditionné essentiellement sur son rôle dans l’octroi d’indus avantages, les projets d’investissement qu’il a accordés illicitement à l’un des frères Kouninef alors qu’il était wali de Mostaganem. Ce dernier a réfuté les faits qui lui sont attribués. Le mis en cause est simultanément accusé d’avoir accordé d’indus avantages au profit de plusieurs investisseurs, parmi lesquels sont cité l’ancien chef du Forum des chefs d’entreprises, Ali Haddad, les frères Kouninef, le fils de l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, l’ex-directeur général de la résidence d’Etat du « Sahel », Hamid Melzi et Rachid Chennoufi qui occupait le poste du directeur général de l’Agence nationale de développement touristique durant la période allant de 2002 à 2009. Ce dernier a fait l’objet d’une audition focalisée autour de l’attribution de terres au niveau des zones d’extension touristique (ZET) dans la wilaya de Mostaganem. Niant à son tour les accusations pour lesquelles il est jugé, Rachid Chennoufi a indiqué qu’une «enquête foncière sur la région de Cap Ivi, avait été diligentée par un bureau d’études en coordination avec divers services ». Il s’agit, selon l’accusé, du Cadastre et des services domaniaux ». Il ajoutera pour sa défense qu’«à la suite de cette enquête il s’est avéré que la majorité des terres étaient des propriétés privées». Selon l’accusé, « l’octroi des terres est réglementé par divers critères dont l’adoption du plan d’aménagement touristique ». « Il n’était pas possible de disposer de ces terres avant l’adoption de ce plan », expliqua-t-il en ajoutant que «l’élaboration des enquêtes foncières s’effectue à la demande des Pouvoirs concernés». Cette affaire a un rapport avec une autre affaire traitée auparavant par la Cour de la wilaya de Mostaganem. Il s’agit essentiellement des privilèges dont a bénéficié le prévenu, à savoir des lots de terrains agricoles et le foncier touristique, et ce dans le cadre de la concession portant sur la réalisation des projets d’investissement. Ce dossier a été pris en charge en premier lieu par la Cour de Mostaganem avant qu’il ne soit transféré à la Cour Suprême puis au pôle économique régional spécialisé de Sidi M’hamed. Ce dernier a rendu son verdict la semaine passée condamnant, outre l’ancien ministre de la Justice, pour abus de pouvoir et entrave au bon déroulement de l’enquête et trafic d’influence, Tarek Kouninef à une peine de 4 ans de prison ferme et une amende de 1 million de dinars en plus d’une somme de 100 000 dinars à verser par chacun des mis en cause en guise de dédommagement au Trésor public et la saisie de leurs biens mobiliers et immobiliers.
Salim Abdenour