Impact du conflit ukrainien sur l’économie mondiale : Les craintes de l’Opep
Soumise à des pressions occidentales pour augmenter l’offre de pétrole, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole tient à sa démarche. La stabilité du marché dépend de ses fondamentaux. Si les pays consommateurs membres de l’Agence internationale de l’énergie disent craindre pour l’offre en cas de retrait du pétrole russe dans le sillage des sanctions économiques imposées à Moscou, l’Opep pour sa part s’inquiète pour sa part pour la demande et l’a clairement affiché dans son dernier rapport mensuel, publié hier, sur la situation du marché pétrolier. L’Opep qui a maintenu ses prévisions de demande de pétrole dit toutefois craindre les répercussions du conflit en Ukraine, mais aussi de l’évolution du covid-19 sur la croissance de l’économie mondiale et par conséquent sur la demande globale durant l’année 2022.
La réaction des marchés semble d’ailleurs étayer les craintes de l’Opep. Il est vrai que les cours du brut ont flambé au début du conflit en Ukraine atteignant des records la semaine dernière suite à l’annonce d’un embargo US sur les hydrocarbures russes. Le Brent a d’ailleurs pratiquement touché les 140 dollars le lundi 7 mars. Mais les cours se sont depuis calmés. Hier, les prix du Brent de mer du Nord ont poursuivi leur tendance à la baisse et ont reculé en dessous de la barre des 101 dollars. Le baril de pétrole américain, West Texas Intermediate (WTI) a plongé en-dessous du seuil des 100 dollars pour atteindre 97 dollars.
Les marchés ont été plombés par les craintes sur la croissance mondiale dans le sillage de résurgence des infections au covid-19 notamment en Chine, où Shenzhen, cœur technologique de l’Empire du Milieu, a été reconfiné. Aussi, les craintes sur l’approvisionnement du marché suscitées par le conflit ukrainien semblent s’apaiser notamment avec le troisième round de négociations russo-ukrainiennes qui ouvrent la voie à un règlement diplomatique de la crise.
Un contexte qui marque clairement les prévisions de l’Opep. Dans son rapport mensuel, l’Organisation basée à Vienne a maintenu son estimation d’une augmentation de la demande mondiale de 4,15 millions de barils par jour (bpj) en 2022. L’Opep maintient sa prévision d’une consommation mondiale de pétrole de plus de 100 millions de bpj au troisième trimestre et relève sa prévision annuelle d’environ 100.000 bpj à 100,90 millions de bpj. Elle a toutefois souligné que le conflit russo-ukrainien et les préoccupations concernant le Covid-19 auraient un impact négatif à court terme sur la croissance mondiale. « À l’avenir, les défis de l’économie mondiale, notamment en ce qui concerne le ralentissement de la croissance, la hausse de l’inflation et les troubles géopolitiques en cours, auront un impact sur la demande de pétrole dans diverses régions », déclare-t-elle. « Alors que l’année a commencé sur une base relativement solide, les derniers événements en Europe de l’Est pourraient faire dérailler la reprise », explique le rapport. Le même rapport indique également que la production de l’Opep en février a augmenté de 440.000 bpj pour atteindre 28,47 millions de bpj, grâce à l’augmentation de l’offre de l’Arabie saoudite et de la Libye.
Sur un autre registre, l’Opep fait un point sur la hausse continue des prix du pétrole depuis quelques mois et notamment au mois de février dernier. Une hausse des cours qu’elle imputé non seulement aux tensions géopolitiques en Europe de l’Est, mais aussi à la hausse des achats des raffineries. Ainsi, le cours mensuel moyen du panier Opep pour le mois de février a augmenté de 10,3% pour s’établir à 94,22 dollars. Le prix moyen mensuel du baril de pétrole algérien « Sahara Blend » a bondi pour sa part de 14,2% pour s’établir à 100,71 dollars. Lundi, le pétrole algérien, qui bénéficie toujours d’une prime par rapport au Brent de mer du Nord, s’échangeait à 108,68 dollars.
Samira Ghrib