Les Espagnols appelé à ramener leur gouvernement à la raison : Laver l’affront de la capitulation
Le revirement de la position espagnole continue de susciter l’indignation tant en Espagne, qu’à l’international. Bien que le communiqué laconique du gouvernement espagnol apporte un soutien loin d’être assumé au soit-disant « plan d’autonomie » marocain, ne change en rien au statut du Sahara occidental qui demeure un territoire sous occupation au sens du droit international, la nouvelle « position » espagnole est décriée.
Considérée comme une trahison aux principes jusque-là défendus et comme une capitulation humiliante pour l’Espagne, la décision unilatérale de Sanchez appelle à une réaction forte de la classe politique et de la société civile espagnoles. Le président du gouvernement espagnol est sommé par le Parlement et l’ensemble des partis politiques de s’expliquer sur cette abdication qui n’a aucun sens. Aussi, partis et société civile sont aujourd’hui face à la responsabilité de s’élever contre cette capitulation.
Dans ce contexte, le président de l’Assemblée populaire nationale, Brahim Boughali a appelé, lundi à Alger, les « honorables » parlementaires en Espagne à rejeter le changement de la position officielle de leur pays à l’égard de la cause sahraouie. Pour sa part, le militant des droits de l’Homme Mahrez Lamari a appelé la société civile espagnole a peser sur son gouvernement pour le ramener à la raison.
« Indigné » et « étonné » par les dernières déclarations des hautes autorités espagnoles concernant le Sahara occidental, le militant des droits de l’Homme et des peuples, Mahrez Lamari, appelle la partie espagnole à reconsidérer leur nouvelle position d’alignement sur les thèses expansionnistes coloniales du Maroc, en violation du droit international. L’ex-président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) a exprimé, dans une lettre ouverte, « son indignation, sa colère et son étonnement suite aux dernières déclarations des plus hautes autorités espagnoles concernant le Sahara occidental, qui fait partie de la liste des territoires non autonomes établie par les Nations unies depuis 1963 ». Il rappellera que « l’Assemblée générale des Nations unies a adopté ses premières résolutions à ce sujet depuis 1965 en appelant à la décolonisation desdits territoires par référendum ». Ainsi dénonce-t-il « la responsabilité politique, juridique et éthique de l’Espagne dans la tragédie dont souffre encore le peuple sahraoui » qu’il qualifie de « nouvelle trahison poignardant le peuple sahraoui dans le dos et violant ouvertement, d’une façon flagrante le droit international ». Lamari exhorte le gouvernement espagnol à « réviser impérativement cette position immorale et inattendue afin de continuer à jouer son rôle en tant que puissance administrante et de contribuer d’une manière honnête et tangible au confit du Sahara occidental comme question de décolonisation reconnue et qualifiée comme telle par la communauté internationale ». « L’Espagne officielle et son gouvernement doivent reconsidérer leur nouvelle position d’alignement direct sur les thèses expansionnistes coloniales du Maroc », insista-t-il. Les projets de « solution » marocains « sont nuls et sans valeurs juridiques légales », estime l’auteur de la lettre ouverte. « La pseudo solution et soi-disant proposition d’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine constitue une grande fuite en avant qui accentue la tension dans les territoires et dans la région et ferme les voies d’un règlement pacifique, juste et définitif du conflit », a averti le membre du mouvement populaire international de solidarité avec le peuple sahraoui.
« Cette dernière position affichée par le gouvernement espagnol ne fait qu’encourager le Maroc à poursuivre sa rébellion contre le droit international et à intensifier les violations des droits humains dans les zones et territoires occupés du Sahara occidental et continuer à piller les richesses et ressources naturelles en toute impunité » rappelle Lamari. Et de déplorer que « c’est une attitude négative qui encourage la politique d’intransigeance, de confrontation et d’obstruction de la monarchie coloniale marocaine qui se complaît dans le statu quo colonial et s’emploie à le maintenir et le perpétuer ».
Selon le militant, l’Espagne, en tant que partenaire de la région du Maghreb, « gagnerait en crédibilité si elle utilisait son influence politique et diplomatique pour obtenir du Maroc une coopération avec l’ONU à même de concrétiser le référendum d’autodétermination (…) ». Mahrez Lamari a lancé, à cet effet, un appel « pressant » à la société civile espagnole dans toutes ses composantes et tendances à militer et soutenir le peuple du Sahara occidental jusqu’à ce qu’il puisse décider en toute liberté de son destin. « Je leur demande aussi d’agir urgemment afin d’amener la voie officielle de l’Espagne à la raison et pour que le gouvernement espagnol révise sa position et suit la voie de la sagesse et des droit et consensus internationaux ».
De son côté, le Dr. Saïd Ayachi, président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui a dénoncé, hier, la décision du gouvernement espagnol qu’il considère
« Indigne, dangereuse et irresponsable ». L’hôte de l’émission « l’Invité de la rédaction » de la Chaine 3 de la Radio Algérienne a réagi à la volte-face du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, qui s’est aligné sur la politique coloniale du Maroc. Ayachi qui salue le peuple espagnol qui « demeure dans son écrasante majorité solidaire avec le peuple sahraoui », a vigoureusement condamné ce « revirement contraire à la légalité internationale », estime que cela « conduira à l’isolement de l’Espagne et au renforcement de l’insécurité dans la région ». « C’est une décision grave qui perpétue l’instabilité dans la région dans le sens où elle conforte la politique marocaine du fait accompli (…) et déclasse l’Espagne au regard de la communauté internationale », avait-il déclaré. Livrant son point de vue, le Dr. Ayachi considère que ce revirement dans la politique de Sanchez, qui a scandalisé une grande partie de la classe politique et de la société civile espagnoles, a été imposé, à la fois, par « le chantage marocain qui brandit la menace de l’immigration clandestine, de la drogue et du terrorisme ainsi que par l’interférence des lobbies économiques de l’entité sioniste et d’une partie de la classe politique espagnole à la Solde du Makhzen ». L’invité de la radio réitère sa solidarité avec la revendication du droit à l’autodétermination du Sahara Occidental et affirme que « l’alignement du gouvernement Sanchez sur la position colonialiste du Maroc n’altérera en rien la détermination du peuple sahraoui ».
Chokri Hafed