Sahara occidental : Madrid est le premier responsable de la souffrance des Sahraouis
La militante sahraouie des droits de l’Homme, Aminatou Haïdar, a souligné que le premier responsable de la souffrance du peuple sahraoui était le gouvernement espagnol qui « s’est rangé du côté de l’occupant marocain », dénonçant une nouvelle fois l’inaction des Nations unies face aux violations répétées par les puissances mondiales du droit international.
« L’Etat espagnol est le premier responsable de nos souffrances et il sera un jour jugé. On nous a revendus comme en 1975. Cela renforce la répression de Rabat, car le pouvoir en place (en Espagne) est de son côté même s’il viole les droits des Sahraouis », a déploré Aminatou Haïdar lors d’un entretien accordé au quotidien espagnol El Punt Avui, paru mercredi. Une réaction qui intervient après que le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a affiché le soutien de Madrid au plan marocain de la soi-disant « autonomie » au Sahara occidental, un revirement « soudain » de l’Espagne concernant le conflit dans la dernière colonie d’Afrique. « Des décennies d’intérêt personnel de la part de l’Etat espagnol, de l’Union européenne (UE) et des Nations unies, qui se rangent du côté de l’occupation marocaine, laissent la population sahraouie prise au piège d’un conflit gelé et à la merci d’un régime qui continue de piller un territoire sur lequel il n’a jamais exercé de souveraineté », a ajouté Aminatou Haïdar, présidente de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine (ISACOM). « Comment pouvons-nous faire confiance aux Nations unies si les puissances mondiales violent le droit international? », s’est-elle interrogée, appelant une nouvelle fois l’ONU à « faire respecter la loi et à prévenir l’injustice qui viole ses principes ».
L’activiste sahraouie a, en outre, réaffirmé que « les Sahraouis n’accepteront rien qui ne leur garantisse un droit légitime à l’autodétermination », et souligné qu’ils « doivent choisir leur avenir », regrettant aussi que les puissances internationales se soient rangées du côté de l’occupant et contre les résolutions de l’ONU. Evoquant, par ailleurs, la situation des droits de l’Homme, la présidente de l’ISACOM a fait savoir que « toute protestation est dispersée. Certains militants des droits de l’Homme ont été déportés au Maroc, qui n’est même pas leur patrie, ou ont perdu leur emploi, comme moi », a-t-elle poursuivi. Aminatou Haïdar a également évoqué le retour à la lutte armée en novembre 2020 après la rupture par l’occupant marocain du cessez-le-feu à la suite de son agression menée à El-Guerguerat: « Les jeunes marginalisés, désespérés et agressés sont heureux de prendre les armes et prêts à mourir pour recouvrer leurs droits ».
Notons que le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), également Secrétaire général (SG) du Front Polisario, Brahim Ghali a affirmé, mardi, que « le peuple sahraoui a su, par sa lutte riche et héroïque, faire échouer les plans de l’Etat d’occupation marocain et des forces sous-jacentes ». A l’issue des travaux de la conférence sur les relations extérieures, le président Ghali a expliqué que « face à cette résistance légendaire, l’Etat occupant marocain a persisté dans la politique de fuite en avant en adoptant les méthodes les plus insidieuses qui ne se limitent pas uniquement au trafic systématique des drogues, ou encore au soutien des bandes criminelles organisées et des groupes terroristes, mais qui vont jusqu’à la conclusion d’alliances suspectes, en ouvrant la voie aux agendas coloniaux menaçant de façon imminente la paix et la stabilité de toute la région ». « Nous avons vu comment est-ce que le chef du gouvernement espagnol a annoncé, récemment, son soutien à la prétendue autonomie prônée par le Maroc, et a ainsi soutenu l’occupation militaire illégitime de notre pays », a martelé le SG du Front Polisario. Le président sahraoui a, toutefois, salué la « riposte sévère et honorable sur la scène espagnole, venant aussi bien des partis politiques que de la société civile », soulignant que le peuple sahraoui et ses alliés et amis dans le monde « se dresseront comme un rempart impénétrable qui contrecarrera toute manœuvre ou conspiration faisant fi de la légitimité internationale et confisquant les droits de notre peuple ». « Les défis de l’heure exigent du corps diplomatique sahraoui, avec ses composantes et ses partenaires, d’être à la hauteur des exigences actuelles, notamment après la reprise de la lutte armée », a-t-il ajouté. Le président Ghali a salué les efforts jusque-là déployés aux plans juridique et judiciaire, ou encore au niveau du l’Union européenne (UE), des efforts qui ont véritablement constitué « un appui précieux à l’arsenal juridique de la question nationale au sein des Nations unies et des organisations internationales, en consolidant son statut naturel intransgressible, comme étant une question de décolonisation qui n’a de solution que de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, comme c’est le cas de tous les peuples et les pays colonisés ».
R.I. avec APS