Régions

Annaba : Des projets à l’arrêt et des interrogations

Un nouveau scandale lié à la gestion du foncier secoue la wilaya d’Annaba. 

La gestion scandaleuse  des assiettes foncières destinées à certains projets vient d’être  mise à nu par le wali d’Annaba, Djamel-Eddine Berrimi, au bout de multiples visites d’inspection des travaux d’assainissement dans les lieux d’hébergement des équipes participantes au CHAN 2023 et le complexe du 19 mai 1956. Lors de sa dernière sortie d’inspection, Djamel Eddine Berrimi a remarqué voire constaté, après les informations qui lui ont été rapportées sur la zone de rétention naturelle,  la multitude d’irrégularités et d’entorses à la réglementation commises par de prétendus porteurs de projets de développement. Signalons que cette zone de rétention naturelle est une zone presque humide où il est impossible de construire… Cette situation problématique à plus d’un titre suscite moult interrogations. De son côté le wali d’Annaba a fait part de sa déconvenue lors de sa dernière rencontre  avec les opérateurs économiques bénéficiaires d’assiettes foncières aux abords de la rétention naturelle des eaux de pluies, dans le cadre du Comité d’Assistance à la Localisation et à la Promotion des Investissements et de la Régulation du Foncier (CALPIREF). Très remonté par la situation émaillée de tricheries, de négligence et de laxisme coupable, le wali n’a pas mâché ses mots pour dénoncer haut et fort la non concrétisation des projets de développement prévus dans cette zone, assurent certains d’entre les opérateurs économiques présents à cette réunion. Car sur onze projets, dont certains ont reçu le permis de construire en 2012,  deux seulement ont été achevés. Il s’agit  d’une station-service « Petro-Baraka » entrée dernièrement en exploitation et  « Proster Chicken », un centre de loisir familial, doté de toutes les commodités, dont les travaux sont achevés à 90% et qui sera ouvert au public durant la prochaine saison estivale. Hormis ces deux projets, le reste est qualifié d’échec total, notamment pour un centre d’affaires de sept étages, dont les travaux sont à l’arrêt depuis plusieurs années, en raison d’un affaissement de terrain qui a provoqué l’entassement de la bâtisse. Ironie du sort et selon une expertise, le projet risque de rester en état d’inachèvement, car, la construction de l’édifice ne peut dépasser les deux étages, surtout au niveau de la partie basse de cette zone marécageuse, classée d’ailleurs inconstructible ! Quelques mètres à côté, un centre commercial qui n’a du projet que le nom. Un centre commercial à l’allure d’un souk avec des magasins en forme de stands. Un gâchis qui dénote de la spoliation du foncier à Annaba au nom de l’investissement. Quand à l’autre terrain jouxtant l’échangeur de Sidi-Achour, censé  abriter un centre commercial, celui-ci a été détourné de sa vocation et transformée illicitement en site d’exploitation d’une centrale à béton au sein d’un centre urbain et en face de la piscine olympique d’Annaba. Ce terrain qui devait servir d’espace de détente pour les familles, a fini par être bradée légalement à un propriétaire d’une station d’essence. Ce dernier lui-même avait en 2014 plaidé, lors d’une rencontre qu’il avait organisé au sein de sa pompe à essence, pour la préservation de l’assiette, en la transformant en lieu de détente. Autre projet en souffrance,  pour des raisons inconnues, cet hôtel de sept étages, l’Eden Park, un investissement lancé en grandes pompes en 2018 ,et qui est depuis des mois à l’arrêt. Le hic est que son propriétaire ne s’est pas rapproché de la cellule de suivi et d’accompagnement des investisseurs, pour soulever les obstacles auxquels il fait face ! Idem pour   pas moins de six lots, accordés dans le même cadre, clôturés, mais les projets n’ont toujours pas été pas été lancés. Parmi ces lots, une assiette attribuée au fils d’un ex- chef du protocole de wilaya. Le terrain  a été revendu dans l’opacité la plus totale. Véritable fléau dans cette ville, le trafic du foncier a pris des dimensions démesurées, à Annaba pour toucher, ces dernières années, des sites donnant sur le littoral, voire même dans des zones inconstructibles. Pour ne citer que ces cas qui ont mis le wali d’Annaba, Djamel Eddine Berrimi hors de lui. Une situation qui risque de déboucher sur l’ouverture d’enquête.

Sofia Chahine

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