Aveux des terroristes capturés à Skikda / Le terrorisme : « un projet voué à l’échec »
La Télévision nationale a diffusé hier d’autres aveux des terroristes capturés le 16 mars dernier à Skikda. En sus des liens des groupuscules terroristes avec les commanditaires de Rachad et AQMI, les aveux diffusés hier ont levé le voile sur les projets d’attentats et fomentés depuis l’étranger. Les deux terroristes dont les aveux ont été diffusés hier ont également reconnu que l’action armée adoptée par l’organisation terroriste à laquelle ils appartenaient de « projet voué à l’échec », reposant sur de « fatwas faussées » émises par des personnes « qui ne sont pas crédibles ».
Avouant leurs faits, ces terroristes ont fait d’importantes révélations, notamment en ce qui concerne leurs actions qu’ils ont perpétrés pendant une aussi longue durée. Il s’agit de Benhamida Rachid dit Hodeifa et Zemmouri Abdelhak dit El Hadj qui ont été capturés lors d’une opération de ratissage menée en mars dernier dans la forêt de Oued Edouar près de la commune Beni Zid, Daïra de Collo dans la wilaya de Skikda. Les deux terroristes sont revenus sur les mouvements de leur groupe et leurs actions s’étendant de Tizi Ouzou jusqu’à Skikda en passant par Bejaia et Jijel, en plus des petites localités des quatre wilayas. Le terroriste Benhamida Rachid, éléments de la Katibate «Nour» de Tizi Ouzou, a avoué avoir «participé dans plusieurs opérations distinctes menées notamment à Mizrana, à Sidi Ali Bounab, Boubarak, Ain El Hamra, à Tizi Ouzou, Tigzirt», expliquant que «quelques d’entre elles ont été réussies tandis que beaucoup d’autres ont échoué».
Perdus dans les maquis de l’est
«Nous visions, dans nos opérations, les véhicules convoyeurs des fonds, notamment entre Ain El Hammam, ex-Michelet, et Larbaa Nath Irathen. Dans la deuxième action que nous avions opéré et échoué, nous avions attaqué une banque», a-t-il dit, soulignant que «ma troisième participation dans une autre action a consisté à piéger une voiture pour la faire exploser devant le commissariat de Mekla dans la wilaya de Tizi Ouzou». Et d’ajouter qu’«en 2009, nous nous sommes accrochés avec les forces de l’Armées à Tamchit, en haute Kabylie, et dans laquelle nous avons perdu 4 éléments et recensé les blessures des autres ». « De Mizrana, je me suis déplacé à la région d’Akefadou, en basse Kabylie et la foret Bounamane ou nous sommes restés de 2011 jusqu’à 2019 et nous avions mené des opérations dans lesquelles je n’ai pas pris part . en 2019, je me suis déplacé à l’est très précisément à El Ançor dans la wilaya de Jijel », a-t-il reconnu, soulignant qu’après «un accrochage avec l’armée ayant lancé un ratissage ayant fait 04 morts et plusieurs blessés, je me suis déplacé à Skikda ». «À Skikda, nous menions une vie dure, nous manquions de ravitaillements et des équipements ». «Et tout récemment, nous avons été encerclés pendant presque un mois suite à un ratissage de l’Armée», a-t-il ajouté. Benhamida Rachid dit Hodeifa a expliqué avoir «activé dans les maquis terroristes depuis 2009 jusqu’à 2019 ». Il a ajouté qu’il était «le seul survivant de son groupe, tous ses complices ont été éliminés. Il a également avoué avoir participé dans une opération terroriste perpétrée à Jijel très précisément dans la commune de Tahir.
Benhamida Rachid, qui a rejoint les groupes armés en 1996 à Boumerdès, a adressé un message aux résidus du terrorisme encore isolés dans les maquis, dans lequel il avance que, d’après son expérience personnelle, « l’action armée est un projet raté et voué à l’échec ». Et de poursuivre: les fatwas suivies par les jeunes fourvoyés étaient « mal interprétées », et même émises par des personnes « qui ne sont pas crédibles ». Le terroriste capturé a également dit « regretter » d’avoir emprunté une mauvaise voie et opté pour « le mauvais choix », appelant à éviter cet itinéraire dont la finalité est incertaine. Et d’ajouter que les membres de ce groupe terroriste se trouvaient dans un « état lamentable », ce qui les a amenés à « se rendre, rechercher la sécurité et remettre les armes aux forces de l’Armée » qui, dit-il, les ont traités « convenablement » et leur ont fourni « les soins médicaux, la nourriture et les vêtements nécessaires ».
Pour sa part, terroriste Zemmouri Abdelhak, qui a rejoint les groupes terroristes en 2003 dans la région de Boumerdes, a indiqué que les membres de l’ANP ont partagé avec les éléments du groupe terroriste capturés leurs ravitaillements, soigné les blessés et les ont transportés vers leur détachement. A ce titre, il a adressé un message aux résidus du terrorisme les appelant à ne pas croire les mensonges qui se répandent dans leurs rangs sur le type de traitement qu’ils reçoivent s’ils déposent les armes, soulignant qu’un « bon traitement leur est réservé et que des soins médicaux leur ont été prodigués par les forces de l’ANP ». Il a reconnu son implication dans nombre d’opérations terroristes dans les wilayas de Boumerdes et Bejaia, avant d’être envoyé, avec d’autres éléments, dans la région de l’Est, où il était actif sous le commandement de l’émir du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), Abdelmalek Droukdel, dit « Aboumoussab Abdelwadoud ». Il a ajouté que les groupes terroristes de la région de l’Est avaient souffert, depuis 2019, d’un encerclement rigoureux imposé par les forces de ANP, et subi une pression énorme en raison des signalements n’ayant pas permis à leurs membres de rester longtemps dans une seule région. En raison de cet étau sécuritaire, le groupe terroriste auquel il appartenait avait été contraint de rechercher toutes les sources d’approvisionnement possibles pour survivre, y compris « la collecte du pain jeté ou même le vol du bétail des citoyens », a-t-il dit.
Des groupuscules qui déclinent
Selon les révélations du terroriste Abou Obeida, le groupe terroriste s’est déplacé vers Oued Edouar, près de la commune de Beni Zid, dans la Daïra de Collo (wilaya de Skikda), en quête de ravitaillement suite à l’encerclement de la région par les éléments de l’ANP. Les terroristes n’ont pas réussi à obtenir de quoi tenir longtemps, a-t-il dit. Le terroriste est, par ailleurs, revenu sur les circonstances de l’élimination du terroriste retrouvé enterré après la capture de tous les éléments du groupe terroriste. Il était malade depuis un moment et il n’arrivait pas à se mouvoir ni à s’alimenter en raison de la détérioration de son état de santé», a-t-il expliqué. Après avoir compris qu’ils étaient cernés de toutes parts sans la moindre issue, les huit terroristes du groupe ont décidé de se cacher dans une grotte spécialement aménagée pour éviter les patrouilles des éléments d’infanterie de l’ANP, et ce, pendant 22 jours. C’est au cours de cette période que le terroriste malade, dit Mokdad, est mort et que le groupe du terroriste Abou Mosaâb Hayane, doyen du groupe, ont décliné, selon le terroriste Abou Obeida.
Dans ses aveux, El- Zarqaoui Abou Obeida a affirmé que « le terroriste dit Assi Moussa était au bout de ses forces, à l’instar du reste des éléments terroristes en raison de la situation générale dans laquelle ils se trouvaient tous », soulignant qu’ils « craignaient de sortir et de tomber aux mains des unités de l’ANP, déployées à travers toute la région. Ils étaient sûrs de ne jamais pouvoir se retirer ou fuir ». Revenant sur le jour de leur capture, il se souvient qu’après avoir entendu le bruit des bulldozers de l’ANP s’approcher de leur cache, ils ont décidé de se rendre et de demander protection », rappelant que le militaire qui leur a parlé « connaissait leurs identités et a cité quelques noms parmi ceux qui se trouvaient dans la cache». «Ce sont les aveux d’éléments terroristes capturés précédemment qui ont permis de révéler leurs identités», a-t-il indiqué. Il est également revenu sur les détails de l’opération et comment il a décidé de parler au nom du reste des terroristes avant de sortir de la cache dans laquelle ils sont restés pendant environ un mois, sans pouvoir même se reposer, en raison de son exiguïté et ce, après avoir remis les armes qu’ils avaient en leur possession et révélé le lieu d’enterrement du terroriste dit Mokdad.
Protection et soins
Et de préciser que « les terroristes capturés ont reçu les soins nécessaires dispensés par les éléments de l’ANP». Après la capture des membres du groupe terroriste, les éléments de l’ANP qui ont mené l’opération sur le terrain ont donné au terroriste El-Zarqaoui et au reste du groupe terroriste y compris Abou Houdaifa et Osmane, la nourriture qui leur appartenait pour qu’ils reprennent des forces, vu leur état de faiblesse, a-t-il ajouté. Pour sortir des pistes accidentées, un élément de l’ANP a même dû porter sur son dos « un terroriste incapable de marcher», en raison de son état de faiblesse physique, a-t-il poursuivi. Après avoir rencontré le commandement militaire qui a supervisé l’opération, il a assuré avoir reçu lui et le reste des éléments du groupe terroriste appréhendés, les soins nécessaires qui leur ont permis de reprendre des forces. Les aveux e livrés par les terroristes capturés le 16 mars dernier, par des détachements de l’ANP dans la forêt d’Oued Edouar près de la commune de Beni Zid, Daïra de Collo, wilaya de Skikda dans la 5e Région militaire, ont été diffusés sur la Télévision nationale dès mercredi. L’opération a permis la capture de 7 terroristes et la découverte du corps d’un autre terroriste, blessé lors de l’opération menée le 19 février dernier».
Salim Abdenour