Les préparatifs de l’Aïd El-Fitr vont bon train : Renouer avec l’ambiance d’antan
En dépit de la chute libre du pouvoir d’achat, les Annabis, à l’instar de tous les Algériens, semblent déterminé à ne pas laisser ces difficultés ternir de la célébration de la fête de l’Aïd.
Il est vrai que la célébration de cette année permettra de renouer avec l’ambiance des célébrations traditionnelles, dans la mesure où la régression de la pandémie et la stabilisation de la situation épidémiologique en Algérie le permet, contrairement à ce qui s’est passé en 2020 et 2021, où la propagation de la pandémie de Covid-19 a imposé des restrictions et gâché quelque peu la fête.
Un contexte que les commerçants entendent bien mettre à profit pour récupérer le manque à gagner des deux derniers exercices, notamment ceux spécialisés dans la vente de vêtements pour enfants, qui se frottent déjà les mains. Cela fait plus d’une semaine que la ville d’Annaba ne dort pas. Si la journée appartient aux lèves tôt, la soirée est pour les habitués des emplettes nocturnes. Les uns comme les autres sont à la recherche du bon article et de la bonne occasion. Ainsi, le jour et la nuit se ressemblent à Annaba où les boutiques de vêtements pour enfants sont prises d’assaut par les parents accompagnées de leur progéniture. Même constat dans les grandes surfaces et les centres commerciaux d’Annaba. En réalité, l’Aïd El Fitr revient de droit et par excellence aux enfants. C’est leur journée la plus attendue pour exhiber leurs plus beaux habits. Des vêtements que les parents tentent d’acheter, vaille que vaille, font preuve d’ingéniosité notamment avec la chute drastique du pouvoir d’achat. Les familles passent des heures durant à faire la lèche vitrine à la recherche de l’article qui convient à leur budget.
Des prix en hausse
Comme toute célébration favorable au commerce, la période qui précède la fête de l’Aïd est propice aux offres promotionnelles, sachant que cette année les soldes d’hiver avaient été annulées pour cause de coronavirus.
Plusieurs magasins annoncent des réductions sur les prix atteignant les 30% et 50%. La perspective de faire de bonnes affaires capte l’intérêt de la clientèle-cible. À l’intérieur des magasins, c’est la grande désillusion. En dépit des réductions consenties, les prix restent hors portée notamment pour les familles aux faibles revenus et démunies. En un mot, cette fête à caractère religieux qui couronne un mois de piété s’est transformée au fil des ans en évènement commercial par excellence. Il représente une opportunité pour les commerçants pour s’en mettre plein les poches surtout avec cette flambée des prix qui caractérise tous les articles pour enfants. Qu’il s’agisse des magasins de la rue Gambetta ou de ceux des boutiques du boulevard du 1erNovembre ou encore ces magasins et boutiques ouvert ici et là un peu partout dans la ville d’Annaba, les prix affichés donnent froid dans le dos comme c’est le cas au niveaux des enseignes de Nayna Kids, le Paradis, et The Children.
L’inexplicable hausse des prix remarquée depuis la deuxième quinzaine du mois de Ramadhan creuse l’écart entre le haut et le bas des classes sociales.Pis encore, les prix jugés trop chers pour les petites bourses, sont inaccessibles pour une bonne partie des ménages. Il n’y pas d’articles qui coûtent moins de 2.000 DA. Les prix affichés oscillent entre 2.500 et 3.000 DA l’article. « Des prix auxquels les faibles bourses devront s’adapter », s’égosillent, sans gêne, plusieurs commerçants sans scrupules. Pour les familles de la classe moyenne, les offres varient entre 3.500, 4000 et 7.000 DA pour un seul achat dans la plupart des magasins de vêtements pour enfants. D’un magasin à l’autre, une paire de baskets pour garçonnets et fillettes est proposée entre 4 000 et 5 000 DA. Les prix des pointures plus grandes (à partir du 38) démarrent à 12.000 DA. Ils caracolent à plus de 29. 000 DA dans certains magasins et selon la marque. Pour ce qui est des tenues, c’est aussi hallucinant de voir des robes en dentelle et pantalon en jeans affichés à 4 000 et 5 000 DA. La plupart des pères et mères de familles tournent en rond la matinée et finissent de rentrer bredouille. Ils essayeront de revenir après la rupture du jeûne, dans l’espoir de trouver la bonne affaire. Il faudra peut-être attendre l’avant-veille de l’Aïd, pour profiter d’une éventuelle baisse des prix. D’autres n’étant pas en mesure d’assurer le moindre article aux prix affichés, optent pour l’achat de vêtements au kg et les friperies.
Des vêtements vendus au kilo
Même si les moyens manquent cruellement pour des centaines de familles, l’achat des vêtements de l’Aïd est impératif pour les enfants, des potaches qui ne comprennent pas ce qu’est la chute du pouvoir d’achat et les difficultés en découlant. Un parent n’a pas le courage de dire « tu n’auras pas ta tenue de l’Aïd cette année, car je n’en ai pas les moyens ». Les chefs de familles se coupent en quatre juste pour assurer impérativement le vêtement de l’Aïd. Mais bon quand les moyens manquent, il devient nécessaires de trouver des idées et des alternatives. Certaines familles optent ainsi pour le plan « B » , à travers le recours à l’achat de vêtements que des magasins à Annaba proposent au kilo. Cette tendance est de plus en plus en vogue à Annaba, où des magasins se sont spécialisés dans cette vente qui attire une forte clientèle. Des vêtements sont empilés sur des étagères et sur les présentoirs, dans ces magasins vers lesquels se tournent les familles. Bien que le choix est très limité, l’opportunité y est. Les ménagères n’hésitent pas à passer des heures à fouiner dans les tas d’articles et trouver ce dont –elles ont besoin, puis passer à la balance électronique mise à leur disposition à cet effet. Dans ce négoce, les pièces sont vendues au poids entre 1.600 et de 3000 DA le kg. À ces prix-là, cela vaut le coup de farfouiller dans les lots à la recherche de la petite perle. Les pantalons, les tee-shirts, les robes et aussi des baskets sont vendus sans négociation. Les clients sont amplement satisfaits et même au-delà. Si les faibles bourses trouvent satisfaction chez les vendeurs de vêtements d’enfants au kilo, les plus démunis eux finissent souvent par dénicher, l’article le moins cher pour égayer son enfant le jour de l’Aïd. L’alternative passe par le recours aux vêtements de la fripe. Ces vêtements d’occasion sont le plus souvent de meilleure qualité que les articles neufs vendus au kilogramme. Parfois même ce sont des pièces uniques que parviennent à dénicher les parents pour leurs enfants. Même si la vente des pièces est unitaire, les prix bas voire même très bas font l’affaire. Ils varient entre 300 et 500 DA. C’est le cas au niveau de la friperie de la plaine Ouest et d’El Hattab où des ballonnets de vêtements pour enfants sont ouverts et exposés aux familles qui viennent chercher la pièce qui ravira leur enfant et qui sera à la portée de leurs moyens. Les parents parviennent ainsi à faire le bonheur d’un enfant et de toute une famille le jour de l’Aïd El Fitr.
Sofia Chahine