Coopération algéro-chinoise : La force du message de Xi Jinping
En plus de 60 années, Pékin a eu tout le loisir de vérifier la pertinence, la constance et le sérieux des positions diplomatiques de l’Algérie. L’Algérie, comme durant les années 70, est aussi écoutée autant en Afrique que dans le bassin méditerranéen.
Il est possible de mesurer l’importance que revêt l’Algérie pour Pékin à travers le message de vœux adressé le 8 juillet dernier par le président chinois Xi Jinping à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale. Particulièrement dense, ce message revient à la fois sur le caractère historique des relations algéro-chinoises et sur la coopération exemplaire tissée plusieurs décennies durant par les deux nations dans d’innombrables domaines, y compris dans des secteurs hautement sensibles.
Ce n’est pas tout. Ce message ouvre une fenêtre sur l’avenir. En plus d’avoir été forgées au plus fort de la guerre de libération nationale et fondées sur la confiance mutuelle, la force des relations algéro-chinoise réside surtout dans le fait qu’Alger et Pékin ont des visions des relations internationales proches. Les deux capitales se distinguent en effet par leurs appels incessants à la construction d’un monde multipolaire et d’un nouvel ordre économique mondial dans lequel aucune nation ne serait assujettie à une autre.
C’est ce constat qui paraît d’ailleurs avoir convaincu Xi Jinping de proposer au président Tebboune d’approfondir le partenariat stratégique qui lie les deux pays. «J’accorde un grand intérêt au développement des relations entre la Chine et l’Algérie et je suis prêt à œuvrer de concert avec votre excellence à consentir davantage d’efforts pour consolider l’amitié historique et la confiance stratégique mutuelle établie entre nos deux pays, en veillant à intensifier le contact et promouvoir la coopération dans tous les domaines dans le cadre de l’édification de l’initiative de ‘’La ceinture et la route’’ au mieux des intérêts des deux pays et peuples», a insisté M. Xi Jinping.
Ce passage du message du président Xi Jinping renseigne à lui seul la perception extrêmement positive que la Chine a de l’Algérie. La confiance stratégique mutuelle entre Alger et Pékin dont parle le leader chinois a véritablement commencé à se construire en 1971 lorsque la Chine a retrouvé sa place à l’ONU. «Ce sont les amis Africains qui nous ont portés dans l’ONU». La phrase est attribuée au président Mao Zedong, quelque temps après l’admission de la République populaire de Chine, le 25 octobre 1971, à l’Organisation des Nations unies. Et dans ce soutien africain, l’Algérie a joué un rôle d’entraînement indiscutable. Il est à rappeler qu’après la proclamation de la République populaire de Chine, le 1er octobre 1949, le siège à l’ONU était resté attribué à la République de Taiwan, très liée aux Etats-Unis, notamment par un accord de défense, en décembre 1954. Si le mouvement de reconnaissance diplomatique de Pékin n’avait cessé de se développer au fil des années, la situation à l’ONU restait jusque-là bloquée.
Plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis cette date mémorable qui a vu la Chine trôner au Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre permanent. Plus de 50 années après, Pékin a eu tout le loisir de vérifier la pertinence, la constance et le sérieux des positions diplomatiques de l’Algérie. L’Algérie, comme durant les années 70, est aussi écoutée autant en Afrique que dans le bassin méditerranéen. C’est sans aucun doute aussi l’un des éléments qui a convaincu les dirigeants chinois de ne pas limiter la coopération avec l’Algérie et d’en faire un des pivots du projet de la route de la soie.
Khider Larbi