Attaque contre Salman Rushdie à New York : L’Iran crie au complot
La violente attaque contre Salman Rushdie est un complot des Etats-Unis qui « veulent probablement propager l’islamophobie dans le monde », a affirmé hier un journal iranien, alors qu’il n’y a eu jusqu’ici aucune réaction officielle de Téhéran.
Menacé de mort depuis une « fatwa » de l’Iran de 1989, un an après la publication des « Versets sataniques », l’écrivain britannique naturalisé américain a été poignardé une dizaine de fois vendredi dans l’Etat de New York (nord-est des Etats-Unis). « Peut-être qu’un jeune musulman, qui n’était pas né lorsque Salman Rushdie a écrit son livre satanique, a voulu se venger de lui », a avancé hier le quotidien ultraconservateur Javan. L’assaillant Hadi Matar, un Américain d’origine libanaise âgé de 24 ans, est né plusieurs années après la publication des « Versets sataniques ».
Le journal Javan évoque aussi l’hypothèse d’un complot ourdi par les Américains: « Un autre scenario, c’est que les Etats-Unis veulent probablement propager l’islamophobie dans le monde », ajoute Javan. Pour le quotidien Kayhan, « l’attaque contre Salman Rushdie a montré la faiblesse du renseignement des États-Unis et démontré que même des mesures de sécurité strictes ne peuvent empêcher des attentats ». « L’agression contre Salman Rushdie prouve aussi que se venger de criminels sur le sol américain n’est pas difficile. Désormais, (l’ex-président Donald) Trump et (l’ex-secrétaire d’Etat Mike) Pompeo se sentiront plus menacés », ajoute Kayhan. Le journal brandit une menace contre ces deux anciens responsables, qui sont « les principaux auteurs de l’assassinat du général Qassem Soleimani », éliminé lors d’un raid américain en Irak en 2020. Il était le chef des forces Qods, branche des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, armée idéologique de l’Iran. Les autorités iraniennes n’ont jusqu’ici pas réagi à la tentative de meurtre de l’écrivain âgé de 75 ans, toujours hospitalisé dans un état grave.
Salman Rushdie, 75 ans a, rappelle-t-on, été placé sous respirateur après avoir été poignardé vendredi au cou et à l’abdomen dans l’Etat de New York par un homme qui a été arrêté. « Les nouvelles ne sont pas bonnes », a déclaré vendredi soir au New York Times l’agent de l’écrivain britannique, Andrew Wylie. « Salman va probablement perdre un oeil; les nerfs de son bras ont été sectionnés et il a été poignardé au niveau du foie », a détaillé M. Wylie. Immédiatement après son agression, sur l’estrade d’un amphithéâtre d’un centre culturel à Chautauqua, dans le nord-ouest de l’Etat de New York, Salman Rushdie a été transporté en hélicoptère vers l’hôpital le plus proche où il a été opéré en urgence, a précisé devant la presse le major de la police de l’Etat de New York, Eugene Staniszewski.
Khider L. et agences