Cimenterie de Hadjar Soud à Skikda : Quinze cadres devant la Justice
Une nouvelle affaire de corruption ternit l’image du secteur économique public. Il s’agit cette fois de la cimenterie de Hadjar Soud dans la wilaya de Skikda et dont 15 cadres devront comparaître devant la Justice au mois de septembre prochain.
Pas moins de 15 cadres, dont le Président-Directeur Général (PDG), des employés et les membres du comité d’évaluation des offres (commission des marchés) sont concernés, nous confie une source judiciaire. Les mis en causes sont poursuivis dans une affaire de corruption liée à la passation d’un marché public d’une valeur de 18 milliards de centimes, relatif à la réalisation d’un entrepôt et des travaux d’aménagement de l’usine, nous a-t-on précisé. Après l’achèvement de toutes les procédures judiciaires, la Chambre d’accusation près la Cour de justice de Skikda a renvoyé au tribunal correctionnel de la même instance de justice, au 18 septembre prochain, l’affaire, fait savoir notre source. La genèse du dossier remonte à l’année 2020, suite à une plainte déposée par entrepreneur, originaire de la commune d’Aïn Charchar et propriétaire de la société dénommée SARL Taxis, spécialisée dans le domaine de la construction. La plainte faisait part d’une suspicion de corruption dans la conclusion du marché et non-respect par la commission des marchés des lois et règlements en vigueur, a rappelé notre source. Aussitôt, une enquête approfondie a été ouverte par la brigade de recherche et d’intervention relevant du Groupement régional de la Gendarmerie nationale, sur la base d’une ordonnance du procureur de la République près le tribunal d’Azzaba, a ajouté la même source. Les investigations menées par les services de sécurité ont débouché sur la découverte d’un ensemble « d’agissements illégaux », a souligné la même source. Pour rappel, les mis en causes avaient été auditionnés, au mois mai dernier, par le procureur de la République près le tribunal d’Azzaba et des mandats de dépôt avaient été émis à l’encontre de nombreux accusés, alors que d’autres avaient été placés sous contrôle judiciaire. Le ministère public avait alors décidé de faire appel devant la chambre d’accusation lorsque le dossier ne soit transmis au juge d’instruction, qui a entendu les prévenus et ordonné leur remise en liberté. Les 15 cadres, dont le PDG, comparaîtront le 18 septembre prochain devant le tribunal correctionnel de Skikda. Rappelons qu’au delà de l’affaire pas moins de 28 personnes travaillant dans la Société des ciments de Hadjar-Soud (SCHS) de Bekouche Lakhdar, étaient présumés impliqués dans cette affaire de corruption. Après l’enquête et l’audition de la première instruction, seuls 15 cadres sont accusés pendant que les autres ont été innocentés. Par ailleurs, il est impératif de signaler que la société des ciments de Hadjar Soud n’est pas à son premier scandale. La SCHS a déjà été entachée par une affaire similaire impliquant 56 accusés. On rappelle dans ce sens que le tribunal correctionnel d’Azzaba (Skikda) avait condamné en 2011 à des peines allant de 3 à 4 ans d’emprisonnement 56 personnes . Parmi les mis en causes : des responsables, des cadres, des entrepreneurs et des propriétaires d’ateliers divers. Les prévenus avaient été jugés pour entre autres : faux et usage de cachet d’une autorité publique, spéculation, exercice d’une activité commerciale fixe sans local, escroquerie et manœuvre frauduleuse. Une affaire pour laquelle, le représentant du ministère public avait requis 5 ans de prison ferme et une amende 100 000 DA contre 36 inculpés et 4 ans de réclusion assortis de la même amende à l’encontre des autres co-accusés, rappelle t-on encore. L’affaire remonte à 2010, lorsque les services de la Gendarmerie nationale des wilayas d’Annaba et de Skikda avaient ouvert une enquête sur une «augmentation anormale» du prix du ciment en 2007, en dépit des «grandes quantités» produites par cette cimenterie.
Sofia Chahine