Afrique de l’Est : Les combats reprennent dans le nord de l’Ethiopie
Des combats ont repris hier dans le nord de l’Ethiopie, dans des zones frontalières de la région du Tigré, les Tigréens et gouvernement fédéral se rejetant la responsabilité d’avoir brisé une trêve observée depuis cinq mois. Les Tigréens ont d’abord accusé l’armée fédérale éthiopienne d’avoir lancé une « offensive de grande échelle » contre leurs positions, avant que le gouvernement éthiopien les accuse en retour d’avoir « rompu » la trêve.
Ces combats sont les premiers d’ampleur signalés depuis une trêve conclue fin mars par les deux camps et jusqu’ici largement respectée. Gouvernement comme dissidents font état hier de combats autour de la pointe sud-est du Tigré, frontalière des régions voisines de l’Amhara à l’ouest et de l’Afar à l’est. « L’offensive sur ce front (…) vise à occuper le sud du Tigré », accusent les rebelles tigréens dans un communiqué. La milice amhara Fano – qui épaule les forces gouvernementales contre les rebelles du Tigré – affirme que les combats se déroulent dans les zones de Mehago et Jemedo en région Amhara, non loin de celle de Kobo, également en région Amhara et occupée par les rebelles tigréens depuis une contre-offensive courant 2021. La milice Fano affirme qu’aucun combat ne se déroule pour l’instant au Tigré même, sans qu’il soit possible de le confirmer de source indépendante. L’APDA, une ONG active en région Afar, a de son côté fait état de combats dans une zone frontalière entre cette région et le sud-est du Tigré.
Le ton était monté ces derniers jours entre le gouvernement fédéral et les tigréens, chacun accusant l’autre de se préparer à reprendre les hostilités, en dépit des engagements répétés des deux camps, ces deux derniers mois, en faveur de négociations qui n’ont toujours pas commencé. Mardi, l’armée fédérale éthiopienne avait accusé les tigréens de la « diffamer » en l’accusant de « faire mouvement vers leurs positions » ou de les « bombarder ». L’Union africaine (UA), qui a son siège à Addis Abeba, mène des efforts pour amener les belligérants à la table des négociations.
Le conflit au Tigré a commencé en novembre 2020, quand le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed y a envoyé l’armée éthiopienne déloger les autorités de la région qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires sur place, après avoir contesté son autorité depuis plusieurs mois. L’armée fédérale éthiopienne a reçu l’appui des forces régionales et de milices amhara ainsi que d’un corps expéditionnaire de l’Erythrée voisine, des troupes toujours présentes dans l’ouest du Tigré. Après avoir initialement battu en retraite, les rebelles tigréens ont repris le contrôle de l’essentiel de la région lors d’une contre-offensive mi-2021 au cours de laquelle ils sont entrés en Amhara et Afar voisines. Le conflit a provoqué une grave crise humanitaire au Tigré, où le tissu économique a été détruit et qui est privée de services essentiels (électricité, télécommunications ou services bancaires).
R.I.