Crise libyenne : Bachagha échoue dans sa tentative de s’emparer de Tripoli
Le chef du gouvernement parallèle, Fathi Bachagha, soutenu par le criminel de guerre Khalifa Haftar, a échoué dans la nuit de vendredi à samedi dans sa tentative de s’emparer par les armes de capitale libyenne où siège le gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale.
Les combats entre les mercenaires de Bachagha et l’armée régulière du GNA ont fait au moins 23 morts et 140 blessés, selon un nouveau bilan officiel. Les affrontements ont éclaté dans plusieurs quartiers ouest de Tripoli où des rafales de tirs et des bombardements ont retenti toute la nuit et dans la journée de samedi. Un calme précaire régnait néanmoins sur la ville dans la nuit de samedi à dimanche. Le chef du gouvernement de Tripoli Abdelhamid Dbeibah est ensuite apparu dans une vidéo, entouré de ses gardes, en train de saluer des combattants qui se sont rangés de son côté. Ces nouveaux affrontements sont d’une ampleur sans précédent depuis l’échec en juin 2020 de la tentative du seigneur de guerre Khalifa Haftar de conquérir militairement la capitale, au plus fort de la guerre civile ayant suivi le renversement par l’OTAN de Mouammar El Gueddafi en 2011. Six hôpitaux ont été touchés par les frappes, a annoncé le ministre de la Santé.
Le gouvernement basé à Tripoli a accusé Fathi Bachagha, basé provisoirement à Syrte (centre) et soutenu par Haftar, d’avoir voulu « mettre à exécution ses menaces » de s’emparer de la ville. Depuis sa désignation en février par le Parlement de Tobrok dans l’Est, Bachagha tente, sans succès, d’entrer à Tripoli pour y asseoir son autorité, menaçant dernièrement de recourir à la force. Dbeibah, à la tête d’un gouvernement de transition, a assuré à maintes reprises qu’il ne céderait le pouvoir qu’à un gouvernement sorti des urnes, comme le recommande l’ONU.
Les tensions entre Tripoli et Syrte se sont exacerbées ces derniers mois à Tripoli. Le mois dernier, des combats y avaient fait 16 morts, dont des civils, et une cinquantaine de blessés. L’ambassade américaine à Tripoli s’est dite « très préoccupée », tandis que la mission de l’ONU en Libye a appelé à « un arrêt immédiat des hostilités » en dénonçant des « affrontements (…) dans des quartiers peuplés de civils ». Le gouvernement en place à Tripoli est né début 2020 d’un processus parrainé par l’ONU, avec comme mission principale l’organisation d’élections en décembre dernier mais reportées sine die en raison de fortes divergences sur la base juridique des scrutins et la présence de candidats controversés parmi lesquels figurent justement Dbeibah, Bachagha et Haftar. En onze ans, le pays du Maghreb riche en pétrole mais miné par les ingérences a vu passer une dizaine de gouvernements, deux guerres civiles et n’est jamais parvenu à organiser une élection présidentielle.
Khider Larbi