Économie

Energie : Gazprom coupe, une nouvelle fois, le gaz à l’Europe

La situation se complique sur le marché européen. Le géant russe Gazprom a décidé d’une nouvelle suspension des livraisons de gaz à l’Europe durant trois jours, tandis que la France qui refuse de payer en roubles rejoint la cohorte des pays qui ne recevront plus de gaz russe. 

En effet, a Gazprom suspend « complètement » ses livraisons au groupe français Engie dès aujourd’hui, en raison du non-paiement par ce dernier de l’intégralité de celles effectuées en juillet. « Gazprom Export a notifié Engie d’une suspension complète des livraisons de gaz à partir du 1er septembre 2022 jusqu’à la réception en intégralité des sommes financières dues pour les livraisons », a indiqué le groupe russe dans un communiqué publié mardi soir sur son compte Telegram.

En vertu d’un décret du président russe, Vladimir Poutine, signé fin mars, Gazprom précise qu’« il est interdit de livrer davantage de gaz naturel à un acheteur étranger si l’acheteur n’a pas effectué le paiement en intégralité dans le délai fixé dans le contrat ». Or, Gazprom affirme qu’il n’avait pas reçu mardi en fin de journée toutes les sommes dues pour les livraisons de juillet. Dans la matinée de mardi, Engie avait annoncé que Gazprom l’avait informé de réductions supplémentaires et immédiates de ses livraisons de gaz « en raison d’un désaccord entre les parties sur l’application de contrats ».

Les Européens sont de nouveau en alerte après une interruption des livraisons via le gazoduc Nord Stream depuis hier. Annoncée cet été par le géant russe Gazprom, cette interruption serait liée à des travaux « nécessaires » dans une station de compression, située en Russie. Le flux de gaz est effectivement tombé à zéro aux premières heures de la matinée, selon les données mises en ligne par le réseau européen de transport de gaz Entsog et par le site de la société Nord Stream. Gazprom avait annoncé de son côté avoir « entièrement » suspendu ses livraisons de gaz​ vers l’Europe via Nord Stream, conduite qui relie directement les champs gaziers sibériens au nord de l’Allemagne, d’où le gaz est ensuite exporté à d’autres pays européens. Ces travaux de maintenance, programmés jusqu’à samedi, doivent être effectués « toutes les 1.000 heures », avait assuré précédemment Gazprom, propriétaire du gazoduc.

Sur les marchés, le gaz naturel européen baissait un peu hier, malgré l’interruption des livraisons russes via Nord Stream 1, l’Europe ayant fait état de stocks de gaz plus rapidement remplis que prévu. Vers 12H40 GMT, le TTF néerlandais, référence du marché européen, cédait 3% à 248,995 euros le mégawattheure (MWh). Depuis son récent sommet depuis le début de la guerre en Ukraine atteint la semaine passée à plus de 342 euros le MWh, le gaz a chuté d’environ 27%. « Le risque pour l’approvisionnement hivernal de l’Europe demeure toutefois »,  explique note Wei Xiong, de Rystad Energy. étant donné les faibles livraisons en provenance de Russie, et l’UE pourrait être confronté « à la concurrence des importateurs asiatiques à l’approche de l’hiver ». Le PDG de Gazprom Alexeï Miller a affirmé mercredi que le gazier augmente constamment les approvisionnements via le gazoduc Power of Siberia vers la Chine, au-delà des quantités quotidiennes contractuelles. « La non-reprise des flux samedi serait un coup dur pour ce qui s’annonce déjà comme un hiver difficile et coûteux », affirme également Craig Erlam, analyste chez Oanda. De leur côté, les prix du pétrole étaient quant à eux une nouvelle fois lestés mercredi par l’inflation et les craintes de récession qui pourraient affecter la demande. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre perdait 3,45% à 95,88 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en septembre baissait quant à lui de 2,97%, à 88,92 dollars, glissant sous les 90 dollars le baril.

R.E.

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