Construction de l’axe Alger-Nouakchott-Dakar : Cap sur l’Afrique de l’Ouest
L’Algérie amorce patiemment et méthodiquement son déploiement en Afrique de l’Ouest, région susceptible de servir de relais de croissance à ses entreprises économiques ayant atteint une taille critique.
C’est le cas, à titre d’exemple, des sociétés activant dans le secteur de l’agroalimentaire, des matériaux de construction, de la pharmacie, de l’électroménager ou de l’énergie. Cette conquête des marchés ouest-africains passe, entre autres, par la Mauritanie, pays frontalier avec lequel l’Algérie partage une frontière de 461 kilomètres. L’Algérie a décidé, depuis près de trois ans de multiplier les contacts avec Nouakchott en vue bâtir un véritable partenariat économique entre les deux pays et de fluidifier les échanges entre le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest.Il ne s’agissait pas que d’une simple déclaration d’intention puisqu’une année après le volume des échanges entre Alger et Nouakchott a beaucoup augmenté après notamment l’ouverture d’un poste frontalier. Lors d’une conférence de presse conjointe animé à Alger en décembre dernier avec son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, le Président Tebboune avait d’ailleurs pris soin de souligner que ce poste frontalier, «véritable passerelle de communication entre les populations de la région frontalière, a permis de doubler le volume des échanges commerciaux entre les deux pays », ajoutant qu’il s’agit d’un «acquis majeur». Un acquis, a-t-il dit, «conforté par la récente création du Comité bilatéral frontalier algéro-mauritanien, présidé par les ministres de l’Intérieur des deux pays, pour veiller à la coopération bilatérale dans la région frontalière et suivre la coordination sécuritaire». Le chef de l’Etat a néanmoins fait remarquer que les relations de coopération et de partenariat entre les deux pays «requièrent désormais la réunion des conditions nécessaires à leur promotion tout en aplanissant les obstacles, afin de parvenir au développement commun durable auquel nous aspirons tous».
C’est ainsi que lors de la visite de son homologue mauritanien à Alger, le président Abdelmadjid Tebboune n’a pas caché sa volonté «de mettre en place, au profit des hommes d’affaires et des opérateurs économiques, les conditions appropriées pour booster la coopération économique et commerciale, monter un partenariat solide avec, bien entendu, l’impératif d’entamer les travaux de réalisation de la route Tindouf-Zouerat». Stratégique à plus d’un titre, cet axe permettra de raccourcir les distances pour les opérateurs des deux pays et plus encore de servir de trait d’union entre Dakar et Alger. Aussi l’Algérie compte-t-elle mettre les moyens pour qu’il voit le jour dans les meilleurs délais.
Compte tenu de l’enjeu qu’il représente, le ministère des Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures, Lakhdar Rekhroukh, a affirmé dimanche à Nouakchott la pleine disponibilité de l’Algérie à réaliser le projet de route reliant Tindouf à Zouerate en Mauritanie sur une distance de 773 km. En marge des travaux des experts qui s’attèlent, à Nouakchott, à la préparation de la 19e session de la Grande Commission mixte algéro-mauritanienne de coopération, la directrice des routes et des autoroutes au ministère de Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures, Sonia Adafer, a fait savoir à ce propos que les deux parties ont convenu d’un protocole exécutif pour le mémorandum d’entente signé en décembre dernier, relatif à la réalisation de ce projet de route.
Selon les autorités algériennes, cette route, dont le financement et le suivi sont assurés par l’Etat algérien représenté par l’Agence algérienne de Coopération internationale, devrait permettre d’augmenter, graduellement, le volume de coopération économique algéro-mauritanienne, ce qui permettra de réaliser une dynamique économique en sus du développement des zones frontalières entre les deux pays.
Il n’y a pas que l’Algérie qui y gagne. L’on souligne à cet égard que la réalisation de cette route revêt aussi pour la partie mauritanienne, une importance stratégique et géopolitique, car elle place ce pays au cœur des deux corridors (Le Caire-Dakar) et (Alger-Dakar) et lui permet d’avoir une liaison routière avec trois États maghrébins (Algérie, Tunisie et Libye), ce qui s’inscrit ainsi dans le cadre des démarches intenses que déploie l’Algérie en vue d’aller vers un Maghreb Arabe relié à tous les niveaux. Comme il est possible de le constater, tout le monde y gagne.
Khider Larbi