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Crise dans le Caucase : La Russie obtient un cessez-le-feu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

La Russie a annoncé avoir négocié un cessez-le-feu, en vigueur depuis mardi 13 septembre au matin, pour mettre fin aux affrontements meurtriers qui ont opposé dans la nuit l’Azerbaïdjan à l’Arménie. «Nous attendons que l’accord conclu à la suite d’une médiation russe sur un cessez-le-feu à partir de 09H00, heure de Moscou (06H00 GMT), sera respecté dans son intégralité», a déclaré dans un communiqué la diplomatie russe, se disant «extrêmement préoccupée par la nette dégradation de la situation».Une nuit d’angoisse et de peur. C’est ce qu’ont vécu les trois millions d’habitants de la république d’Arménie dont plusieurs villes et villages frontaliers ont subi dans la nuit de lundi à mardi des bombardements intensifs de la part de l’armée azerbaïdjanaise. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a déclaré devant le Parlement que l’attaque lancée par l’Azerbaïdjan sur sept axes à la frontière arménienne avait déjà fait 49 morts. Selon lui, l’Azerbaïdjan a déclenché des opérations militaires à la frontière parce qu’il refuse de négocier un règlement du conflit au Haut-Karabakh.

Le chef du gouvernement a cependant reconnu hier que l’intensité des combats a baissé. « Pour l’heure, l’intensité des combats a diminué, mais les attaques azerbaïdjanaises continuent sur un ou deux axes. Le ministère arménien de la Défense évalue la situation et les pertes. Une information officielle sera publiée », a-t-il détaillé dans sa déclaration urgente au Parlement. M. Pachinian a également annoncé la tenue d’une réunion du Conseil permanent de l’Organisation du traité de sécurité collective (regroupant l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan) suite à la demande d’Erevan. « Dans la nuit, nous avons eu une réunion du Conseil de sécurité et nous avons décidé de nous adresser à l’Organisation du traité de sécurité collective. Une réunion de son Conseil permanent se tient actuellement suite à notre demande. »Le chef du comité international de la chambre haute du Parlement russe Grigori Karassine a signalé à Sputnik qu’une trêve à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan avait été obtenue grâce aux efforts de la Russie, plus particulièrement après un entretien entre Vladimir Poutine et Nikol Pachinian.Des affrontements ont de nouveau éclaté hier à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Les deux pays se rejettent la responsabilité de ces heurts, quelques jours après que l’Arménie a accusé son voisin d’avoir tué l’un de ses soldats lors de heurts à la frontière. Le ministère russe des Affaires étrangères a fait savoir qu’avec la médiation de la Russie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont convenu de cesser le feu.

Plusieurs observateurs avaient alerté sur l’imminence d’une attaque militaire d’envergure de Bakou en ayant constaté des signes avant-coureurs depuis une semaine. Des avions-cargos turcs transportant des armes ont atterri en Azerbaïdjan il y a 48 heures. Des tirs sporadiques ont été entendus aux alentours de certains villages arméniens depuis le début du mois de septembre. Le ministre de la Défense azerbaïdjanais, Zakir Hasanov, a publié le 10 septembre un communiqué menaçant, accusant son voisin de provocations armées contre lesquelles il appelait ses troupes à se tenir prêtes à riposter. La même rhétorique avait été utilisée pour justifier l’agression contre le Haut-Karabakh arménien il y a deux ans, déclenchant «la Guerre des 44 jours» qui a coûté la vie à plus de 3000 jeunes Arméniens.Malgré les discussions autour d’un traité de paix entamée sous l’égide de l’Union européenne et les apparents efforts de Bakou vers une stabilisation de la situation (cinq prisonniers de guerre arméniens emprisonnés depuis près de deux ans ont été libérés il y a quelques jours), le président autocratique Ilham Aliev, au pouvoir depuis bientôt vingt ans, a manifesté récemment son impatience à instaurer un corridor entre le Nakhitchevan, enclave azérie à l’ouest de l’Arménie, et le reste de son territoire.

Cet été, il a forcé les autorités d’Artsakh à abandonner le corridor de Latchin reliant leur capitale Stepanakert à l’Arménie, à la suite d’une opération militaire soudaine. Était-il animé de la même intention quand il a déclenché les bombardements la nuit de lundi à mardi ? Cette attaque n’a-t-elle pour but que de faire pression sur le premier ministre arménien afin qu’il accélère l’accord espéré ou s’agit-il, comme certains le craignent, d’un plan d’attaque plus large visant à conquérir «l’Ermenistan» et le Zanguezour occidental (le nom azéri donné au Syunik arménien) ? L’engagement de l’armée russe en Ukraine a-t-il été vu comme une opportunité pour le maître de Bakou, grisé après sa victoire en novembre 2020 ? Autant de questions qui restent, pour le moment, sans réponses.

K.L.

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