Règlement de la crise libyenne : Abdelhamid Dbeibah met le cap sur les élections
Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, a déclaré cette semaine que les prochaines élections législatives et présidentielle constitueront l’une des importantes étapes de l’histoire de la Libye, annonçant le début de consultations politiques pour organiser le scrutin dès que possible. Dans des déclarations à Al-Arabiya TV, Dbeibah a appelé à un dialogue sur la phase de transition « pour quiconque veut se rendre aux élections », soulignant la volonté de son gouvernement de dialoguer avec n’importe quel parti concernant la base constitutionnelle et les élections. Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah a exprimé son espoir de voir les législateurs mettre fin à la controverse sur la base constitutionnelle. Dans la foulée, il a affirmé que plus de 3 millions de Libyens ont déjà reçu les cartes d’électeur et attendent la date des élections.
Revenant sur les récents affrontements sanglants dont ont été le théâtre certains quartiers de Tripoli, le responsable libyen a indiqué qu’ils étaient l’œuvre de « putschistes » qui ont été vaincus. Abdelhamid Dbeibah a qualifié l’offensive menée par ses ennemis (le gouvernement parallèle mis en place par Khalifa Haftar, Ndlr) dans la capitale libyenne de « tentative de coup d’État » et d’« acte stupide». Il a rappelé que les Libyens ont consentis de lourds sacrifices pour lutter contre le terrorisme. Aussi a-t-il espéré que la population n’ait plus à revivre de genres de drames. M. Dbeibah a salué à cet égard les efforts de l’Union africaine pour réconcilier les Libyens entre eux.
Le Premier ministre du gouvernement d’union nationale, Abdelhamid Dbeibeh, s’est rendu ces derniers jours dans plusieurs capitales pour demander un soutien à son projet de tenir des élections. Il a trouvé, entre autres, la semaine dernière un écho favorable à son projet au Qatar et en Turquie. Doha a ainsi estimé «nécessaire de soutenir les efforts internationaux pour organiser des élections en Libye, car c’est la seule option pour garantir la stabilité dans le pays». Beaucoup de Libyens espèrent que la tenue d’élections législatives et présidentielles contribuera à mettre fin à la guerre civile qui ensanglante leur pays depuis des années.
La Libye dispose, rappelle-t-on, depuis une semaine d’un nouvel envoyé spécial de l’ONU, plus de dix mois après la démission du Slovaque Jan Kubiš. António Guterres a nommé en effet le 3 septembre dernier le diplomate sénégalais, Abdoulaye Bathily. À 75 ans, Abdoulaye Bathily, huitième représentant spécial de l’ONU et premier Africain à occuper ce poste très délicat, depuis le renversement par l’Otan de Mouammar El Gueddafi en 2011, aura certainement fort à faire pour sortir la Libye de la crise. Pour l’ONU, sa principale mission sera évidemment d’organiser un dialogue entre les gouvernements libyens rivaux avec, comme objectif ultime, d’organiser des élections consensuelles. Ce qui ne sera pas une mince affaire puisque le gouvernement parallèle dirigé par Fathi Bachagha et soutenu par des puissances extra-régionales entend toujours déloger Abdelhamid Dbeibeh de Tripoli. De son côté, Dbeibah rejette catégoriquement les appels à quitter le pouvoir, indiquant qu’il ne transférerait le pouvoir qu’à un gouvernement élu.
Lors d’un récent conseil des ministres, le Chef du gouvernement libyen a estimé que le maintien de son gouvernement « est le seul moyen de faire pression sur toutes les parties pour qu’elles se soumettent aux élections, faute de quoi elles continueront à conclure des accords de prorogation ». M. Dbeibeh a expliqué qu’«il n’y a aucune division en Libye ». «Toutes les institutions, les municipalités, l’administration, les ministères et les instances sont sous le contrôle du Gouvernement d’Union nationale. Il y a cependant un différend politique qui ne trouvera sa solution qu’à travers les élections », a-t-il dit. « Les Libyens sont fatigués de vos guerres, auxquelles vous nous habituez chaque année, et ils ne veulent que des élections pour se débarrasser des classes politiques qui dominent la Libye depuis dix ans », a souligné le responsable libyen dans un message adressé aux différents acteurs libyens. Dbeibeh a notamment appelé le président du Parlement, Aguila Saleh, et le président du Haut Conseil d’État, Khaled Mechri, à « libérer les Libyens en publiant la nouvelle base constitutionnelle qui conduira le pays aux élections ». Et d’ajouter : « Personne ne peut croire qu’il faille autant de temps pour trouver un accord concernant un article controversé, alors qu’ils ont privé le peuple libyen de son droit de vote pendant 8 ans ».
Khider Larbi