Il évoque une conjoncture marquée par la pandémie, les conflits géopolitiques et la hausse des prix du blé : Benabderrahmane se défend
Le Premier ministre a fait hier son grand oral devant l’Hémicycle Zighoud Youcef. L’occasion de répondre aux critiques concernant l’action de l’Exécutif et mettre en avant les réalisations de son Gouvernement depuis sa nomination en juillet 2021, malgré une conjoncture difficile et complexe.
Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a fait, hier, la lecture de sa « Déclaration de politique générale », devant les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Faisant le bilan de l’exercice passé, rappelant à cet effet que son plan d’action avait été adopté par cette même APN le 17 septembre de l’année dernière, le chef de l’Exécutif a tenu à préciser que cet exercice s’est déroulé dans un contexte difficile, tant sur le plan national qu’international. A cet effet, il a rappelé que « le pays a fait face à une terrible propagation du Covid 19 », ce qui a obligé le Gouvernement « à concentrer ses efforts dans la lutte contre la pandémie ». Une situation difficile, ajoute-t-il, « qui a été rendue encore plus compliquée, par les conflits géostratégiques, provoqués par la crise qu’a connue la région de l’Europe de l’Est, au moment où l’économie mondiale commençait à se redresser après deux années de stagnation ». Tout cela a rendu la situation plus opaque, enchaîne Benabderrahmane, et a poussé les institutions internationales « à revoir leurs prévisions à la baisse » pour ce qui est notamment du taux de croissance économique et du flux des échanges commerciaux pour l’année 2022, puisque le taux de croissance mondial prévisionnel serait de 2,9% à fin 2022, alors qu’il était de 5,7% en 2021, selon le Premier ministre. Pour étayer ses dires, ce dernier a donné l’exemple du prix du blé tendre qui a grimpé, sur les marchés mondiaux, au mois de mars dernier, à 500 dollars la tonne, alors qu’il était de 280 dollars à la même période de l’année passée, soit une hausse de 80%.
900milliards DA pour les stocks de blé
D’ailleurs, le premier responsable de l’Exécutif a tenu à affirmer que dans le souci « de garantir un stock stratégique de denrées alimentaires, notamment de blé face à la situation prévalant actuellement sur les marchés mondiaux », le Gouvernement « a veillé au renforcement du stock national de céréales, en apportant un appui financier important à l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OIAC), estimé à plus de 900 milliards DA en 2021 et 2022 ». Des « conditions difficiles » donc, mais qui n’ont pas « réussi à ébranler la détermination de l’Etat à préserver son caractère social qualifié par le Président de la République, de doctrine ancrée », a-t-il poursuivi, en citant les mesures prises pour ce qui est de « la relance de l’activité économique, l’allègement des charges sur les entreprises impactées et le soutien du pouvoir d’achat du citoyen ».
C’est dans ce sens qu’il a rappelé que « le budget annuel affecté aux transferts sociaux, directs et indirects, a dépassé les 5.000 milliards DA », ceci alors que la « la dépense fiscale a atteint ces deux dernières années une moyenne annuelle de 440 milliards de dinars ». Dans le même ordre, la mesure prise relative à l’exonération des salaires inférieurs à 30.000 DA de l’Impôt sur le revenu global (IRG) représente une dépense fiscale de l’ordre de 84 milliards de dinars, alors que celle mise en œuvre dans la loi de finance 2022, pour la réduction du taux de l’IRG, une mesure qui a profité à 9 millions de personnes, a-t-il précisé, équivaut à une dépense fiscale de 195 milliards de dinars. Tout ceci pour donner une idée sur les efforts consentis par les pouvoirs publics, comme il l’a signalé, pour préserver le pouvoir d’achat.
Des indicateurs macro-économiques au vert
Revenant sur les indicateurs macro-économiques, le Premier ministre a indiqué qu’ « à fin août 2022, la balance commerciale a enregistré un excédent de 13,9 milliards de dollars, contre un déficit de 862 millions de dollars durant la même période de 2021, alors qu’il était (le déficit) de 10,6 milliards de dollars en 2020. Dans le même sens, « la balance des paiements a enregistré, elle aussi, un excédent de l’ordre de 9,1 milliards de dollars à fin août 2022, contre un déficit de 4,4 milliards de dollars durant la même période en 2021 ». « Les recettes budgétaires au titre de l’exercice 2021 ont enregistré une hausse de +15,5%, et les dépenses budgétaires de + 7,6% », a-t-il ajouté. Par ailleurs, Aïmene Benabderrahmane a fait savoir que « les exportations algériennes hors hydrocarbures ont connu une hausse de 42%, atteignant 3,71 milliards de dollars à fin août 2022, contre 2,61 milliards de dollars durant la même période de l’année 2021 ». Celui-ci a estimé, globalement, que « le Gouvernement a axé ses efforts en 2021 sur le maintien de la stabilité des principaux indicateurs macro-économiques, et la réduction des déséquilibres internes et externes ». « L’Algérie a œuvré, en 2021, à la reprise de l’activité économique après une baisse significative enregistrée en 2020 du fait de la pandémie de la Covid-19 », a-t-il indiqué, avant d’ajouter : « l’économie algérienne a ainsi connu, en 2021, un effet de rattrapage caractérisé par une croissance économique de +4,7% ».
Ghar Djebilet : un projet qui va de l’avant
Dans le même ordre, le Premier ministre a mis en exergue les projets d’envergure lancés cette année, comme c’est le cas par exemple avec la mine de Ghar Djbilet. D’après lui, les analyses faites en association avec le partenaire chinois ont montré que le minerai extrait « réponds aux normes internationales ». « Les quantités prévisionnelles qui seront extraites, dans une première étape, seront de deux millions de tonnes, avec un investissement de 1,25 milliards de dollars », a-t-il indiqué, ajoutant que près de 3500 postes d’emploi directs seront créés. D’une manière générale, le Premier ministre a signalé que le secteur de la sidérurgie a exporté 500 000 tonnes vers l’Union européenne, l’Afrique et l’Amérique, avec « une valeur prévisionnelle de 1,5 milliards de dollars à fin 2022 ».
Benabderrahmane a fait savoir néanmoins que « l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré une hausse de +7,2% à fin 2021, contre +2,4% à fin 2020 », une inflation « principalement tirée par les produits alimentaires (+10,1%) et les produits manufacturés (+6,3%) », qui a intervenue « dans le sillage d’une augmentation des niveaux d’inflation à l’échelle internationale causée par les chocs successifs qu’a connu le monde ces deux dernières années ».
Réformes politiques
En somme, en plus des aspects économiques, l’action du gouvernement, a indiqué Aïmene Benabderrahmane, « s’est articlé essentiellement autour de la poursuite des réformes politiques et institutionnelles profondes décidées par le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune et consacrées en vertu de la révision constitutionnelle, notamment à travers l’élaboration des textes juridiques y afférents et la mise en place de l’ensemble des organes et instances constitutionnels créés ou dont les statuts ont été modifiés ». La déclaration de politique générale, faut-il le rappeler, comporte cinq chapitres, à savoir : « Consolidation de l’Etat de droit et rénovation de la gouvernance », « Pour une relance et un renouveau économiques », « Pour un développement humain et une politique sociale renforcée », « Pour une politique étrangère dynamique » et « Renforcement de la sécurité et de la défense nationales ». A la fin de la lecture de la déclaration de politique générale par le Premier ministre, les députés ont pris la parole pour donner leurs avis sur le bilan de l’action du Gouvernement qui leur a été soumis. Aïmene Benabderrahmane devra répondre aux questions et remarques des députés à la fin de leurs interventions.
Elyas Nour