Dossier de l’automobile : Retour à l’importation des véhicules de moins de 3 ans
Du nouveau dans le dossier de l’automobile. Les particuliers pourront, dès 2023, importer des véhicules de moins de trois ans. Par ailleurs, l’importation des véhicules par les constructeurs va également être de nouveau autorisée. C’est ce qui a été décidé hier lors du conseil extraordinaire des ministres consacré à l’avant-projet de Loi de finances 2023.
A cet effet, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné au Gouvernement d’autoriser les citoyens d’importer les véhicules de moins de trois ans, à condition que cela se fasse avec leurs propres moyens et à des fins personnelles et non commerciales, comme indiqué dans un communiqué de la présidence de la République. Après avoir écouté un exposé sur l’avant-projet de la loi de finance pour l’année 2023 présenté par le ministre des Finances, le chef de l’Etat a également instruit l’Exécutif pour permettre aux « constructeurs automobiles étrangers d’importer des véhicules pour les vendre en Algérie parallèlement au suivi minutieux du processus de mise en place d’une véritable industrie automobile en Algérie dans les meilleurs délais ». Cela voudrait-il dire que la commercialisation du véhicule neuf va être conditionnée par la mise en place, à terme, d’une usine de fabrication locale ? Le communiqué de la présidence n’a pas donné plus de détails. Néanmoins, il est clair que les choses s’éclairciront dans un avenir proche, dans la mesure où le Président a également ordonné au gouvernement « de présenter le cahier de charge relatif aux concessionnaires automobiles au prochain Conseil des ministres », et ce, « afin de régler cette question avant la fin de l’année ».
L’arrêt des importations de voitures, et l’échec de l’opération lancée en 2017 relative à la mise en place de quelques usines de « montages », a fait, entre autres, grimper les prix des voitures. N’ayant pas voulu rééditer cette dernière expérience, qui, faut-il le rappeler, n’était finalement que de l’importation déguisée, le taux d’intégration étant resté très faible – ceci en plus des scandales concernant des affaires de corruptions dans lesquels étaient impliqués les responsables de plusieurs marques – les autorités ont décidé de prendre le temps qu’il faut avant d’autoriser de nouveau l’importation des véhicules. Jeudi dernier, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, avait indiqué, à l’Assemblée populaire nationale (APN), en réponse aux questions des députés à propos de sa Déclaration de politique générale, que « le Gouvernement est sur le point de finaliser l’élaboration d’une nouvelle stratégie visant à trouver des solutions radicales au dossier de l’automobile en vue de prendre en charge les dysfonctionnements enregistrés dans cette filière importante ayant conduire à la saignée des devises sans véritable impact sur le développement de cette filière ». Il a, en outre, fait état de « négociations avancées qui verront bientôt le jour avec des constructeurs internationaux désirant investir en Algérie ». Dans le même ordre, le Premier ministre a indiqué que « l’orientation vers la construction automobile s’appuie essentiellement sur l’encouragement des constructeurs automobiles mondiaux à investir dans le pays à la faveur des nouveaux avantages et des incitations contenus dans la nouvelle loi sur l’investissement ». En contrepartie de ces « multiples avantages dont profiteront les constructeurs étrangers », le gouvernement, a-t-il ajouté, « veillera à l’augmentation concrète du taux d’intégration locale dans les véhicules fabriqués en Algérie ». Et comme pour le véhicule neuf, l’importation de voitures de moins de trois ans a connu elle aussi quelques péripéties. Elle avait été autorisée dans la loi de finance de 2020, puis dans la loi de finance complémentaire (LFC) de 2021 mais a été à chaque fois gelée. Cette fois-ci, la Présidence de la République veut apparemment régler la question relative au dossier de l’automobile d’une manière définitive.
Elyas Nour