Présidentielle au Brésil : Lula da Silva revient au pouvoir dans un pays divisé
L’ex-président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010) revient au pouvoir. Il a été élu dimanche à la tête du Brésil en battant de justesse le président d’extrême droite sortant, Jair Bolsonaro, à 50,9 % contre 49,1 %, selon les résultats officiels quasi définitifs.
C’est l’écart le plus serré entre deux finalistes de la présidentielle depuis le retour à la démocratie après la dictature militaire (1964-1985). Tout de suite après l’annonce des résultats, Luiz Inacio Lula da Silva a reçu les félicitations des plus grands de ce monde.Le président américain, Joe Biden, a été l’un des premiers à avoir adressé ses félicitations au successeur de Jair Bolsonaro. «J’adresse mes félicitations à Luiz Inacio Lula da Silva pour son élection à la présidence du Brésil à la suite d’élections libres, justes et crédibles », a-t-il déclaré, dans un communiqué. Il a dit avoir «hâte de travailler» avec lui «pour poursuivre la coopération entre nos deux pays ». « Les Brésiliens ont tranché. J’ai hâte de travailler avec Lula pour renforcer le partenariat entre nos pays et […] pour faire avancer nos priorités communes – comme la protection de l’environnement », a tweeté également de son côté le Premier ministre du Canada Justin Trudeau.Le président russe Vladimir Poutine a félicité aussi Lula et a dit souhaiter développer avec lui une « coopération constructive », a indiqué le Kremlin. « Les résultats de l’élection ont confirmé votre grande autorité politique. J’espère qu’en fournissant des efforts conjoints nous ferons en sorte de poursuivre le développement d’une coopération russo-brésilienne constructive dans tous les domaines », a déclaré Vladimir Poutine dans un télégramme adressé à Lula, selon la présidence russe. Le président français, Emmanuel Macron, a pour sa part considéré que l’élection de Lula « ouvre une nouvelle page de l’histoire du Brésil ». Le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak a exprimé quant à lui sa « hâte » de travailler avec Lula da Silva autour « de la croissance de l’économie mondiale, la protection des ressources naturelles de la planète et la promotion des valeurs démocratiques». Le nouveau président brésilien a également reçu beaucoup de messages d’Amérique Latine où la gauche est au pouvoir dans beaucoup de pays. « Lula a gagné, peuple béni du Brésil. Il y aura l’égalité et l’humanisme », a lui écrit sur Twitter Andres Manuel Lopez Obrador, président du Mexique.
Après cette victoire serrée, Lula va devoir composer avec un Parlement qui penche clairement à droite et devra nouer des alliances pour gouverner. A l’annonce de sa victoire, Luiz Inacio Lula da Silva, a reconnu que «le Brésil a besoin de paix et d’unité ». Il hérite en effet d’un pays extrêmement divisé. «Aujourd’hui, nous disons au monde que le Brésil est de retour, il est trop grand pour être relégué à ce triste rôle de paria dans le monde », a-t-il affirmé Lula, tout en plaidant pour « un Brésil égalitaire, un Brésil pour tous, dont la priorité est donnée aux personnes qui en ont le plus besoin ». «Notre engagement le plus urgent est d’éliminer à nouveau la faim » alors que 33 millions de Brésiliens sont en insécurité alimentaire, a-t-il souligné.Le président Lula indiqué en outre qu’il allait gouverner 215 millions de Brésiliens, et pas seulement ceux qui ont voté pour lui. « Il n’y a pas deux Brésil, nous sommes un seul peuple, une seule nation ». « Ce pays a besoin de paix et d’unité », a jugé le président élu, car « personne n’a envie de vivre dans une famille où règne la discorde. Personne ne souhaite vivre dans un pays divisé », a-t-il martelé.
La question est maintenant de savoir si Jair Bolsonaro va accepter le verdict des urnes. Après avoir lancé des attaques incessantes contre le système « frauduleux » des urnes électroniques, il a affirmé, vendredi : « Celui qui a le plus de voix gagne. C’est la démocratie », sans toutefois convaincre. Sa déclaration se fait néanmoins toujours attendre.Le président sortant du Brésil ne s’est pas exprimé depuis l’annonce des résultats, alors que le monde entier saluait son adversaire. De quoi faire régner une atmosphère pesante, dans ce pays où la culture démocratique reste fragile, alors que des soutiens du candidat malheureux veulent tout bloquer. Lula, « inquiet », a regretté que le vaincu ne lui ait pas passé un coup de téléphone, comme le veut la tradition. D’autres font remarquer que M. Bolsonaro n’a même pas remercié ses plus de 58 millions d’électeurs. Le silence de Jair Bolsonaro, alors que les résultats de la présidentielle démontrent que cette jeune démocratie n’a jamais été aussi polarisée, et après l’affaire du Capitole aux États-Unis, ne rassure pas les partisans de Lula.A rappeler que la campagne entre Lula et Bolsonaro que tout oppose s’est déroulée dans un climat brutal qui les a vus s’insulter copieusement pendant que les réseaux sociaux, unique source d’information de la majorité des 170 millions d’utilisateurs brésiliens, charriaient des torrents de désinformation.
KhiderL.