Sommet du G20 : Une déclaration vivement critiquée par les ONG
Le sommet de Bali est le premier rassemblement des dirigeants du G20 depuis le début de la guerre en Ukraine. Les 20 nations représentent plus de 80% du produit intérieur brut mondial, 75% du commerce international et 60% de sa population.
Ainsi qu’il fallait s’y attendre, la guerre en Ukraine a dominé les débats du sommet du Groupe des 20 dont les travaux se sont ouverts hier à Bali. Les Occidentaux ont, en effet, pesé de tout leur poids pour que la question de l’Ukraine soit abordée. Tout ou presque le reconnaît : la guerre en Ukraine a mis à mal l’économie mondiale et ravivé les divisions géopolitiques comme à l’époque de la guerre froide. Cela intervient au moment où le monde commençait à sortir de la pandémie de COVID-19 qui a mis à genoux de nombreux pays. Comme lors d’autres forums internationaux récents, les États-Unis et leurs alliés s’employaient hier à faire adopter une déclaration condamnant Moscou. Un responsable américain a déclaré que Washington voulait un message clair du G20 contre l’opération russe et son impact sur l’économie mondiale, tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré qu’il y avait « des signes encourageants de consensus sur le fait que la guerre était inacceptable ».
Composé de 16 pages, le projet de déclaration du Sommet du G20 n’avait pas encore été adopté au moment où nous mettions sous presse. Mais il reste que « la plupart des membres ont fermement condamné la guerre en Ukraine et ont souligné qu’elle cause d’immenses souffrances humaines et exacerbe les fragilités existantes dans l’économie mondiale ». L’initiative buttait toutefois hier sur l’opposition de la Russie qui a estimé que la « politisation » du sommet était injuste. « Oui, il y a une guerre en cours en Ukraine, une guerre hybride que l’Occident a déclenchée et préparée pendant des années », a insisté le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
En plus de la guerre en Ukraine, les dirigeants des principales économies du monde ont été aux prises avec un éventail de problèmes allant de la faim à la récession économique en passant par la menace nucléaire. D’entrée de jeu, l’Indonésie, pays hôte, a plaidé pour l’unité et l’accent mis sur l’action pour résoudre des problèmes tels que l’inflation, la faim et les prix élevés de l’énergie, tous exacerbés par la guerre en Ukraine. « Nous n’avons pas d’autre choix, la collaboration est nécessaire pour sauver le monde », a déclaré le président indonésien Joko Widodo à l’ouverture du sommet. « Le G20 doit être le catalyseur d’une reprise économique inclusive. Nous ne devons pas diviser le monde en plusieurs parties. Nous ne devons pas permettre au monde de sombrer dans une autre guerre froide », a-t-il indiqué.
Les participants au sommet du G20, parmi lesquels les présidents américains et chinois, ont également beaucoup parlé économie et finance. Le projet de résolution de la rencontre appelle ainsi les banques centrales à «calibrer le resserrement monétaire» en tenant compte du problème de l’inflation mondiale, tandis que la relance budgétaire devrait être « temporaire et ciblée » pour aider les personnes vulnérables sans augmenter les prix. S’agissant de la dette, on se dit préoccupé par la « détérioration » de la situation de certains pays à revenu intermédiaire et a souligné l’importance que tous les créanciers partagent un fardeau équitable. Autrement dit, les pays riches sont invités autant que faire se peut à effacer la dette des pays pauvres. Mais il n’y a là que des déclarations d’intention. Rien de palpable.
Des ONG de la société civile ont d’ailleurs abondamment critiqué le projet de déclaration du G20 pour ne pas avoir pris de mesures concrètes. Elles ont regretté également que rien n’ait été prévu pour renforcer les efforts de financement du développement, cela tout comme ces ONG ont critiqué les pays riches pour avoir perdu de vue leur engagement passé de fournir 100 milliards de dollars de financement climatique d’ici 2023 aux pays pauvres. «Cinquante millions de personnes sont au bord de la famine au moment où nous parlons. Le G20 n’a pas le temps de lancer des appels à l’action – ce sont eux qui doivent agir », a martelé Friederike Roder du groupe Global Citizen. Les ONG de la société civile n’ont pas tort d’être déçues. Il est vrai qu’à l’exception de la rencontre en Joe Biden et Xi Jinping, qui peut-être sera de nature à faire baisser quelque peu les tensions dans l’Asie-Pacifique, le sommet du G20 n’apporte aucune réponse pertinente aux principaux problèmes qui secouent actuellement le monde.
Khider Larbi