L’envoyé spécial de l’ONU tire la sonnette d’alarme sur les risques de la partition : La Libye en danger !
Après le Soudan, la Libye est la cible d’un nouveau projet de partition. Des projets de partition qui entrent en droite ligne des objectifs du GMO.
L’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, a averti vendredi à New York que des signes de partition sont déjà évidents dans ce pays d’Afrique du Nord en difficulté et a exhorté les nations influentes à faire pression sur les dirigeants rivaux de la Libye pour qu’ils finalisent d’urgence la base constitutionnelle devant permettre la tenue d’élections.Depuis son briefing le mois dernier au Conseil de sécurité de l’ONU, Abdoulaye Bathily n’a ménagé aucun effort pour essayer de faire avancer le processus politique en Libye. Cependant, ses tentatives pour convaincre les protagonistes de la crise d’enterrer la hache de guerre et de lever les derniers obstacles empêchant l’organisation d’élections législatives et présidentielle se sont jusqu’ici avérées vaines. Pis encore, la situation a continué à se dégrader sur plusieurs fronts au point de menacer même l’existence de la Libye en tant qu’Etat unifié.À la veille du premier anniversaire du report des élections de décembre soutenues par l’ONU, Abdoulaye Bathily a tenu à avertir que « la crise prolongée a un impact significatif sur le bien-être des Libyens, compromet la sécurité nationale et menace leur existence même». « Cela comporte également un risque sérieux de diviser davantage le pays et ses institutions », a-t-il martelé vendredi à New York. Comme pour mettre les Libyens et la communauté internationale devant leurs responsabilités, M. Bathily a ajouté que « les signes de partition commencent à se faire jour avec deux gouvernements parallèles, des appareils de sécurité séparés, une banque centrale divisée et un mécontentement croissant face à la répartition inégale des énormes revenus de pétrole et de gaz du pays». M. Bathily faisait probablement référence également à la menace proférée au début du mois par le seigneur de guerre Khalifa Haftar. Ce dernier a affirmé que la poursuite de l’impasse à Tripoli pourrait conduire l’Est qu’il contrôle à gérer ses affaires et ses institutions de manière autonome, en se dotant d’une feuille de route indépendante et séparée de la capitale.
Dans ce contexte, le représentant spécial de l’ONU a attiré l’attention sur le fait qu’en plus de ses problèmes internes, la Libye est toujours prisonnière des ingérences étrangères. Cela à croire que des forces sont actuellement à l’œuvre pour provoquer la partition de l’ex-Jamahiriya comme le fut le Soudan en 2011. Les pays les plus impliqués en Libye sont la Turquie, la Russie, la France, les Émirats arabes unis, l’Egypte et le Qatar. A ce propos, l’ancien professeur d’histoire moderne et contemporaine à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a soutenu que la prolifération d’armes et de combattants étrangers et de mercenaires continue à poser de sérieux problèmes à la sécurité des Libyens et de saper les efforts visant à unifier les institutions de sécurité. Il a regretté en outre « une campagne systématique » des forces de sécurité libyennes pour faire taire la société civile, les acteurs humanitaires, les défenseurs des droits humains et les militants politiques. «Je suis convaincu qu’une société civile solide est fondamentale pour un dialogue sûr, ouverte et démocratique entre l’État et ses citoyens et représente le fondement même nécessaire à la transition politique de la Libye », a-t-il déclaré.
Ingérences étrangères
M. Bathily a ainsi exhorté la Chambre des représentants et le Haut Conseil d’État à « s’élever au-dessus des intérêts personnels (…) pour travailler à la finalisation de la base constitutionnelle devant permettre la tenue d’élections, dans un délai bien défini, et en conformité aux aspirations du peuple libyen ». Il a indiqué travailler avec les présidents de la Chambre des représentants et du Conseil d’Etat pour convoquer une réunion sur le sol libyen pour enclencher un nouveau cycle de pourparlers politiques, qui « suggérerait à tous les Libyens leur volonté… de trouver une issue à la crise».
Abdoulaye Bathily a dit qu’il était également en contact avec le Conseil présidentiel, pour faciliter une réunion entre les trois institutions afin de donner « un exemple positif » pour « panser les blessures de la division ». « J’ai également souligné ma volonté de travailler avec tous les acteurs pour parvenir à un consensus sur un processus politique détenu et dirigé par les Libyens », qui peut faire sortir la nation déchirée par plus de 10 années de troubles (…)», a poursuivi M. Bathily, implorant les membres du Conseil de soutenir la MANUL dans le processus de réconciliation.
S’agissant de l’économie, Abdoulaye Bathily a réitéré l’urgence d’établir un mécanisme dirigé par la Libye avec une représentation à l’échelle nationale pour convenir des priorités des dépenses et veiller à ce que les revenus pétroliers et gaziers soient gérés de manière transparente et équitable. L’envoyé onusien a également demandé à ce que des pressions soient exercées pour trouver des moyens créatifs susceptibles d’assurer des élections présidentielles et parlementaires libres et transparentes sous une administration unifiée et neutre. « Ensemble, nous devons nous résoudre à aider les Libyens à marquer l’année 2023 comme l’année du début d’une nouvelle ère par la montée en puissance d’institutions légitimes à travers des élections libres et équitables », a conclu le chef de la MANUL.
Khider Larbi