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Tunisie : L’opposition appelle Kaïs Saied à démissionner

Avec un taux de participation d’un Tunisien sur onze, le plus bas de l’histoire du pays, le président tunisien est dos au mur. Et si on enlève le nombre des bulletins nuls, et qui sont très nombreux, car beaucoup de Tunisiens ont tenu à participer à l’élection et de voter non à leur manière, ce taux descendrait à 1 sur 15.

Le chef de la principale coalition d’opposants en Tunisie a appelé le président Kaïs Saied à «partir immédiatement», après le fiasco des législatives de samedi, censées renouveler le Parlement et marquées par un taux d’abstention massif de plus de 92%. Dans un entretien à la presse hier, le président du Front de salut national, Ahmed Nejib Chebbi, a estimé que ce scrutin «montre que très très peu de Tunisiens cautionnent la démarche de Kaïs Saied». «C’est un grand désaveu populaire pour le processus» démarré par le gel du Parlement et le limogeage de son Premier ministre le 25 juillet 2021, avant d’accaparer tous les pouvoirs, a ajouté Ahmed Nejib Chebbi.

En effet, selon les résultats officiels préliminaires annoncés par Farouk Bouasker, le président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), dont il avait désigné lui-même tous les membres, il est possible de dire que la consultation électorale a tourné au camouflet, confirmant, même aux yeux des plus sceptiques, que l’écrasante majorité du peuple tunisien ne veut plus de Kaïs Saied, qui avait pourtant fait du slogan «Echaab yourid» (Le peuple veut) son slogan de campagne en 2019.

En effet, et avec un taux de participation d’un Tunisien sur onze, le plus bas de l’histoire du pays, le président tunisien est dos au mur. Et si on enlève le nombre des bulletins nuls, et qui sont très nombreux, car beaucoup de Tunisiens ont tenu à participer à l’élection et de voter non à leur manière, ce taux descendrait à 1 sur 15. Aussi, et avec un taux de «rejet du projet politique» de Kaïs Saied qui approcherait 95%, de quelle légitimité pourrait se prévaloir le prochain parlement et, par ricochet, le président de la république lui-même qui avait cru pouvoir prouver, avec ces législatives anticipées, que le peuple est encore corps et âme avec lui ? La réponse est tout sauf difficile à trouver.A noter que le Parlement issu des législatives, après un second tour organisé d’ici début mars, sera doté de compétences très restreintes en vertu de la nouvelle Constitution que Kaïs Saïed a fait adopter cet été lors d’un référendum marqué également par une abstention massive (près de 70%). Ce nouveau parlement ne pourra pas destituer le président et il lui sera pratiquement impossible de censurer le gouvernement. Il faudra dix députés pour proposer une loi et le président aura la priorité pour faire adopter les siennes.

KhiderL.

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