Ultime rappel de l’Arav aux radioset aux télévisions : Compléments alimentaires : halte à la publicité mensongère !
La sortie de l’Arav intervient un mois après l’annonce par le ministre de l’Industrie pharmaceutique d’un décret, en cours de préparation en coordination entre trois ministères, pour réglementer le marché des compléments alimentaires. Il y va de la santé publique.
Il était temps ! Les campagnes publicitaires sur les suppléments nutritionnels, communément appelé compléments alimentaires, et diffusées sur les chaînes des radios et des télévisions, privées soient-elles ou publiques, seront soumises au contrôle. Occupant, souvent, des plages horaires importantes, notamment sur les chaînes de télévision dites « privées », ces publicités non contrôlées par les autorités sanitaires et commerciales avaient déjà fait l’objet de plusieurs scandales, allant jusqu’à interpeller la conscience nationale, notamment la famille médicale moins outillées pour sensibiliser les citoyens sur la dangerosité de ces compléments présentés comme des remèdes efficaces et radicales. Hier, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav) a réagi, à travers un communiqué rendu public, appelant les chaînes des radios et des télévisions nationales à respecter les clauses contenus dans l’instruction interministérielle qui avait été émise au mois d’août dernier. Si l’Arav reste très regardante sur le abus de certaines firmes et de certaines chaînes de radios et de télévision sur le contenu et le contenant de ces publicités mensongères, l’autorité précisera que chaque produit proposé à une quelconque campagne de publicité devra être soumis aux « modalités de contrôle de la conformité des ingrédients alimentaires destinés à la consommation humaine », de telle sorte à ne pas porter atteinte à la sécurité et à la santé des consommateurs. Tout en rappelant le contenu de cette instruction, l’Arav juge nécessaire, voire primordial « de cesser de prescrire des compléments alimentaires avec des allégations thérapeutiques et préventives de maladies humaines ou des allégations de santé injustifiées », mais aussi d’« assurer la présence et la validité du code vertical (code-barres) sur les emballages des compléments alimentaires », et ce, dans le souci d’établir la traçabilité du produit. En ce sens, l’Arav a tenu à informer « tous les médias audiovisuels que l’étiquette de classification du complément alimentaire accordée par le ministère de la Santé doit être soumise avant tout processus publicitaire ». A ce propos, il convient de rappeler que le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ali Aoun, a déclaré, il y a moins d’un mois, qu’il était temps « de mettre fin à l’anarchie qui règne dans le domaine des compléments alimentaires en Algérie (…) Il faut qu’on arrête l’arrivée de partout des compléments alimentaires. L’Algérie importe chaque année plus de 500 millions d’euros de compléments alimentaires. Où allons-nous comme ça ? », s’est interrogé Ali Aoun, soulignant que « tout le monde s’est engouffré dans ce marché parce qu’il n’y a pas de contrôle ». Ce à quoi, le ministre de l’Industrie pharmaceutique a pris la décision d’interdire la publicité des compléments alimentaires à la télévision. « Si vous l’avez remarqué déjà, il n’y a plus de la publicité à la télévision. Depuis un mois, il n’y a plus de publicité sur les compléments alimentaires à la télévision parce que c’est une catastrophe », a-t-il révélé. Sur un autre registre, l’Arav a souligné la nécessité de « s’abstenir complètement d’exploiter les enfants dans cette forme de propagande », précisant que « des mesures nécessaires seront prises si toute violation de ces dispositions est notifiée ». Dans son communiqué, la même autorité a indiqué que cette mesure vise principalement à « protéger les consommateurs et leur sécurité et à préserver la santé publique », rappelantque ces campagnes trompeuses croissantes l’avaient incité à publier une déclaration publique en 2020 pour juguler ce phénomène et contrôler les mécanismes de promotion médiatique de ces substances, en plus d’exiger la nécessité d’une coordination entre les différents départements liés au sujet des compléments alimentaires, y compris l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Du reste, il convient de noter que le ministre de l’Industrie pharmaceutique a plaidé pour l’urgence de réglementer cette activité qui a pris de l’ampleur ces dernières années. Il a révélé qu’un décret est en cours de préparation entre trois ministères pour réglementer ces produits. Le scandale de Rahmat Rabi (RHB) est passé par là en 2016, promettant aux diabétiques des miracles, le marché des compléments n’a pas pour autant été impacté, encore moins réglementé. Pire, il s’est développé, devenu juteux, à l’abri de tout contrôle, au détriment du Trésor et de la santé publique.
Riad Lamara