Guerre en Ukraine : La ville de Soledar et deux villages prés par les Russes
Le président de l’exécutif de la République autoproclamée de Donetsk, Denis Pouchiline, s’est affiché à Soledar, ville dont Moscou a revendiqué la capture il y a plus d’une semaine, et dont Kiev n’a jusqu’ici pas reconnu la perte. Les séparatistes ont par ailleurs annoncé hier la capture de deux villages, Krasnopolivka et Dvouretchié, situés près de Soledar. S’exprimant à la télévision russe, au lendemain de son déplacement à Soledar, Denis Pouchiline a confirmé que «la ville est détruite» et qu’il ne restait «quasiment plus de bâtiments entiers». Selon l’armée russe, la conquête de cette cité est une étape pour encercler Bakhmout, que Moscou cherche à conquérir depuis l’été et où les deux camps sont engagés dans une bataille féroce. Selon Denis Pouchiline, les combats s’y «intensifient», et les troupes russes «avancent». Il a affirmé que des unités du groupe paramilitaire Wagner contrôlaient désormais des hauteurs stratégiques à proximité. «La situation reste assez difficile, mais nos unités avancent presque partout», a-t-il encore indiqué, relevant pour autant un «transfert massif» de troupes ukrainiennes en direction de Bakhmout. Dimanche soir, Denis Pouchiline avait diffusé une vidéo le montrant, selon lui à Soledar, au milieu d’immeubles à la façade noircie et aux vitres soufflées. «Il fallait comprendre s’il y avait nécessité d’y déployer des points d’aide humanitaire», y disait-il. Selon lui, «il reste très peu d’habitants» dans cette ville de quelque 11.000 âmes avant la guerre, située au nord de Bakhmout. La capture de Soledar avait été annoncée le 13 janvier par l’armée russe, qui a, fait rare, reconnu le rôle déterminant des mercenaires de Wagner dans cette bataille. Le chef du groupe paramilitaire, Evguéni Prigojine, s’était déjà affiché aux côtés de ses hommes dans une vidéo, tournée selon lui à l’intérieur des célèbres mines de sel de la ville. L’Ukraine n’a jusqu’à présent pas reconnu officiellement la perte de Soledar, affirmant continuer de combattre dans sa partie occidentale. Hier encore, l’administration régionale relevait des «hostilités actives près de Bakhmout et Soledar», sans détailler. «Les hommes de Wagner qui nous ont accompagnés pendant le voyage nous ont dit à quel point les batailles ont été sanglantes ici», a encore indiqué Denis Pouchiline. S’agissant de la question de la fourniture d’armes lourdes par les Occidentaux à l’Ukraine, la Pologne a annoncé hier par le biais de son premier ministre qu’elle va demander à Berlin son accord pour livrer des chars Léopard de fabrication allemande à Kiev. «Nous allons demander un tel accord mais c’est une question secondaire», a déclaré aux journalistes Mateusz Morawiecki. «Même si nous n’obtenons pas leur accord, nous donnerons nos chars à l’Ukraine», a-t-il ajouté «dans le cadre d’une petite coalition, même si l’Allemagne n’en fait pas partie». La Pologne qui déclare être prête à livrer 14 Léopard à Kiev indique être en discussions avec une quinzaine de pays à ce sujet. L’Allemagne fait l’objet d’une pression accrue pour la livraison de ses chars Leopard à l’Ukraine, qui les réclame avec insistance, après que la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock a estimé son pays prêt à le faire, malgré la réticence du chancelier Olaf Scholz à se prononcer sur la question. Le premier ministre polonais a estimé que l’Allemagne disposait en tout de «plus de 350 Leopard en exploitation» et d’environ 200 autres «en stock». L’Allemagne est prête à autoriser Varsovie à livrer les chars dont elle dispose, selon Annalena Baerbock. «Si on nous posait la question, nous ne nous opposerions pas», a déclaré dimanche 22 janvier la ministre écologiste, qui gouverne en coalition avec les sociaux-démocrates d’Olaf Scholz et les libéraux. «Pour l’instant, la question n’a pas été posée» par la Pologne, tenue de faire une demande officielle à Berlin, a précisé alors la ministre. La décision finale appartient néanmoins au chancelier, qui a jusqu’à présent refusé de se prononcer sur la question de ces livraisons indirectes, tout comme sur celle de fournir directement des Leopard issus des stocks allemands.
Khider L.