Même si elles ont provoqué de gros désagréments / Chutes de neige : L’euphorie l’emporte
Le retour de la neige, depuis mercredi dernier, imprimant des paysages magnifiques au Nord du pays, ont, certes, causé de nombreux désagréments aux populations, confrontées essentiellement à l’état des routes, difficilement carrossables ou carrément fermées, mais, elles ont suscité un espoir grandissant dans les esprits frappés par une sécheresse qui dure depuis près de dix mois. Les agriculteurs, eux, sont aux anges. Leurs cultures sont sauvées. La saison aussi…
Très attendues, notamment par les agriculteurs qui voyaient leurs cultures menacées par une sécheresse qui s’installe dans la durée et un long été qui dure depuis le mois de mai 2022, les chutes de neige semblent procurer beaucoup plus d’allégresse que de détresse. Pourtant les dégâts sont là et sont perceptibles tant sur les routes que dans les habitations et autres infrastructures impactées par les rafales de vents, les pluies intenses et les chutes de neige qui durent depuis la nuit de jeudi dernier dans une vingtaine de wilayas du pays. Si des cellules de crise ont été installées dès samedi soir par les walis pour mobiliser les moyens humains et matériels pour venir à bout des conséquences d’un hiver rigoureux, les éléments de l’Armée nationale populaire (ANP), au même titre que ceux de la Gendarmerie nationale et de la Protection civile, sont intervenus sur le terrain pour prêter aide et assistance aux citoyens en ces moments délicats, notamment pour rouvrir les routes, permettre aux commerçants de s’approvisionner et aux écoliers de rejoindre les bancs des écoles dans les contrées éloignées et les régions montagneuses. « Cela fait dix mois qu’on attend ces pluies. Mais là, nous sommes plus que gâtés. Avec ces chutes de neige, nous ne serons que bien servis pour la prochaine saison. Ici, les agriculteurs se réjouissent du retour de la pluie et du bien qu’elle apporte, notamment en ce qui concerne le remplissage des puits et des retenues collinaires, tout en espérant voir ces précipitations contribuer à la revivification du couvert végétal de nos montagnes pour assurer la disponibilité de l’aliment pour le bétail et l’approvisionnement en eau pour l’irrigation du peu de terres agricoles que nous possédons », témoigne un agriculteur de la région d’El Kseur, à 25 kilomètres à l’Ouest de la capitale des Hammadites. Pour ce sexagénaire qui déplore l’assèchement des puits, les dégâts importent peu devant un hiver béni par ces précipitations et ces chutes de neige sur les monts de Toudja, de l’Akfadou, Adekar, Beni Maouche, Ighil Ali, Ath-Méllikèche Kendira et Barbacha. « Les fleuves et les puits sont quasiment à sec depuis plusieurs mois. Nous étions contraints de recourir aux cultures sous serres pour maintenir une production éphémère. Avec cette bénédiction, nous ne pouvons qu’être satisfaits. Après, il y a le problème des routes impraticables et complètement défoncées par endroits. Mais cela est gérable au fil du temps. Tout se répare, sauf les dégâts de sécheresse sur la nature et l’Homme », indique D. Brahim pour qui le retour des neiges sur la Haute-Vallée de la Soummam est une délivrance pour les populations et les agriculteurs.
Mieux vivre les désagréments que la sécheresse
A près de 70 kilomètres de Bejaia, plus exactement à Akbou et Chellata, d’importants désagréments sont constatés avec l’obstruction et la fermeture par la neige de certains axes routiers reliant Bejaia à Tizi-Ouzou, sur des distances allant jusqu’à huit kilomètres. Là aussi, les agriculteurs, dont les terres sont attenantes aux col de Chellata, de Tirourda et aux villages d’Illoula se plaignent de l’état des routes, certes, mais expriment leur joie devant une météo qui se gâte de jour en jour. S. Tahar relate avec une rare euphorie les chutes neige qui durent depuis la nuit de mercredi dernier, imprimant des paysages magnifiques aux régions concernées, même si elles causent de nombreux désagréments aux populations, confrontées essentiellement à l’état des routes, difficilement carrossables ou carrément fermées. « Cela relève des aléas de l’hiver. L’essentiel, l’hiver est là. Qu’il cause des désagréments ou pas, nous avons grandement besoin de cette neige. Nos cultures seront sauvées cette année. On aura droit à de belles cerises, olives, figues et du bon foin pour notre bétail. Il est vrai que la coupure des routes par la neige pose problème, notamment aux élèves, mais nous sommes là pour yfaire face. Hier (dimanche), les équipes des travaux publics étaient là pendant toute la journée avec les gendarmes pour réguler la circulation et rouvrir les routes. Nous devons remercier le ciel et non le contraire », estime notre interlocuteur. Même son de cloche en Haute-Kabylie où les chutes de neige ont causé la fermeture complète des routes, notamment à Iferhounène, Bouzeguène, Ain El Hammam, Larbaâ Nath Irathen ou encore Ouacifs. En ce sens, B. Rachid indique que « ces chutes de neige sont une bénédiction. Autrefois, on souffrait du problème d’approvisionnement en bouteilles de gaz, cédées à 1 000 dinars à la tête du client. Aujourd’hui, nous avons le gaz de ville. Tout le reste est gérable ». Il appelle les jeunes automobilistes à éviter de prendre des risques à cause du verglas et des basses températures qui sévissent durant la nuit. « En moins de quatre jours, le niveau du barrage d’eau de Taksebt s’est relevé comme pas possible. C’est de cela que nous avons besoin et non du soleil à longueur d’année. Il est vrai que le climat en Haute-Kabylie est très hostile en période hivernale, mais cela n’empêche pas les citoyens de vaquer à leurs occupations. Nous avons l’habitude de vivre dans ces conditions difficiles, mais pas dans la sécheresse qui tue le peu de cultures agricoles que nous sommes en train de remettre en place après les incendies de l’été 2021 », développe encore notre interlocuteur. Du côté de l’Office national de météorologie (ONM), on annonce la poursuite des chutes de pluies et de neige considérables jusqu’au week-end prochain, suivies de basses températures pouvant atteindre, par endroits, les -6 degrés Celsius. Une vraie aubaine pour les agriculteurs, mais aussi pour les populations qui vivaient dans un climat dépressif, marqué par des températures allant jusqu’à 48 l’été dernier et de 20 à 26 degrés depuis le mois de janvier en cours.
Riad Lamara