Guerre en Ukraine : Poutine pointe du doigt le rôle de l’Otan
Le président russe Vladimir Poutine a accusé l’Otan de participer au conflit en Ukraine en fournissant des armes aux forces de Kiev, dans une interview diffusée hier.
«Ils envoient des dizaines de milliards de dollars d’armes à l’Ukraine. Ceci est vraiment de la participation», a-t-il dit dans un entretien avec la chaîne Rossiya-1. «Cela signifie qu’ils prennent part, quoiqu’indirectement, aux crimes du régime de Kiev», a estimé le président russe. Les pays occidentaux, a-t-il encore affirmé, n’ont «qu’un seul but : détruire l’ancienne Union soviétique et sa partie principale, la fédération de Russie». «Ce n’est qu’à ce moment-là qu’ils nous accepteront peut-être dans la soi-disant famille des peuples civilisés, mais seulement séparément, chaque partie séparément», a-t-il ajouté, parlant en marge d’un concert patriotique jeudi dernier, à la veille du premier anniversaire de l’offensive russe en Ukraine.Dans cette interview, le président russe a également réitéré son appel à la création d’un monde multipolaire. «Contre quoi sommes-nous? Contre le fait que ce nouveau monde qui surgit se construit uniquement dans l’intérêt d’un seul pays, les États-Unis. Maintenant que leurs tentatives de reconfigurer le monde à leur image après la chute de l’Union soviétique ont mené à cette situation, nous sommes bien obligés de réagir», a-t-il dit.
Sur le terrain, les combats s’intensifient. Les forces russes tentent avec acharnement d’encercler Bakhmout. Avec l’appui du groupe paramilitaire Wagner, elles ont réussi à couper ces dernières semaines plusieurs routes importantes pour le ravitaillement des troupes ukrainiennes. Déployés en première ligne de cette bataille du Donbass, les éléments du groupe Wagner ont revendiqué la prise de Berkhivka, au nord de Bakhmout ; la semaine dernière, celle de Paraskoviïvka. Samedi, ils ont affirmé avoir pris une nouvelle localité au nord de la cité. Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a revendiqué samedi la capture par ses hommes du village de Laguidné, situé à la périphérie nord de Bakhmout. La prise de cette localité renferme davantage l’étau russe autour de Bakhmout, le village étant situé à moins de deux kilomètres du centre de cette ville-forteresse. «À 19 heures le 25 février, les unités d’assaut de Wagner ont pris le contrôle total du village de Yaguidné, au nord de Bakhmout», a indiqué Evguéni Prigojine cité par son service de presse sur Telegram.
Une photographie accompagnant la déclaration montre des hommes armés et masqués avec un drapeau de Wagner devant le panneau d’entrée du village de Yaguidné. Selon le service de presse de Wagner, cité par l’agence TASS, les troupes ukrainiennes ont fait sauter un barrage situé près de Bakhmout pour ralentir l’avancée des forces russes. «En effet, les forces armées ukrainiennes ont fait sauter le barrage» sur le lac Pivnivtchny, situé juste à l’Ouest de Bakhmout, a précisé le service de presse. A rappeler que l’Union européenne a annoncé samedi de nouvelles sanctions contre le groupe Wagner pour ses «violations des droits humains» en Centrafrique, au Soudan et au Mali. Onze personnes – neuf en Afrique et deux en Ukraine – et sept entités liées au groupe ont été ajoutées à la liste du bloc européen imposant des gels d’avoirs et des interdictions de voyager. Déjà fin 2021, le groupe Wagner lui-même, qui combat activement avec l’armée russe en Ukraine, avait été sanctionné par l’Union européenne en 2021 pour ses «actions de déstabilisation» menées en Ukraine et dans plusieurs pays d’Afrique.
Les sanctions consistaient en une interdiction de visas pour les personnes et le gel des avoirs dans l’UE. Ces nouvelles sanctions ont été décidées «au vu de la dimension internationale et de la gravité des activités du groupe, ainsi que de son impact déstabilisateur sur les pays où il est actif», a écrit le Conseil européen dans un communiqué. «Les activités du groupe Wagner sont une menace pour les populations des pays où ils opèrent et pour l’Union européenne», a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Khider Larbi