Transition énergétique : La politique des subventions en question
La transition énergétique est l’enjeu de ce siècle. Si celle-ci ne se prépare pas et ne fait pas l’objet d’une stratégie bien définie, elle s’imposera à nous très vite, d’autant plus que sur le plan international, les objectifs de décarbonation de l’économie mondiale sont fixés pour 2050-2060. C’est ce qui fait de cette transition une priorité pour l’Algérie pays producteur et exportateur d’énergie fossile, mais qui dispose néanmoins d’un potentiel en ENR et hydrogène vert inégalé. Cependant, si les enjeux de la transition énergétique ont bien été assimilés, ce sont les voies et moyens de la mettre œuvre qui font débat, tout autant que les facteurs qui y font obstacle dans notre pays. L’un de ces facteurs est la question liée aux subventions à l’énergie, notamment les carburants et l’électricité majoritaire généré par des centrales combinées au gaz. C’est d’ailleurs une des problématiques soulevées hier par les participants à la 27eJournée de l’énergie. Ainsi, l’ex-ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, l’expert et enseignant à l’École nationale polytechnique, Chems Eddine Chitour, a appelé à la révision de la politique de subvention des carburants, avec l’attribution d’une carte limitant la consommation. L’expert a également mis en avant, la nécessité de lancer la transition vers l’hydrogène vert sans tarder, précisant que « les réserves de pétroles évaluées à 12 milliards de barils suffiront juste pour une durée de 15 ans au rythme actuel d’exploitation, alors que celles du gaz sont estimées à 2.500 milliards m3 pour une durée d’exploitation de 20 ans ».Selon le professeur Chitour, l’Algérie devra développer sa stratégie avec des pays leaders dans ces domaines, notamment l’Italie et l’Allemagne.
Notons que des responsables d’institutions, des universitaires ainsi que des spécialistes ont recommandé la mise en place d’une stratégie axée sur la sobriété énergétique, la diversité des sources d’énergie, tout en misant sur la révolution de l’hydrogène vert qui devra être opérationnel avant 2030.Cette transition énergétique devra être aussi basée sur l’adhésion de la société à travers la rationalisation de la consommation d’énergie et la participation au plan du renouvelable par le développement de l’autoconsommation, ont souligné les participants à cette Journée, appelant l’Etat a orienté les subventions uniquement vers les foyers à faible revenus.
Dans le même ordre d’idées, Abdelhamid M’raoui, directeur de la division Hydrogène au Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) a évoqué les retombées du développement de l’hydrogène, notamment pour la propulsion des véhicules électriques, les moyens de transports (voyageurs et marchandises) et pour les activités industrielles.
Il reste à prendre en charge, néanmoins les défis techniques qui accompagnent l’usage de l’hydrogène comme vecteur d’énergie, selon M. M’raoui, relevant que « les modes de production se diversifient et que des solutions de transport, de stockage et des utilisations variées voient actuellement le jour ».D’autres intervenants ont abordé également le thème de la contribution de l’électronucléaire au mix énergétique national, le considérant comme une « alternative prometteuse ».Dans ce sens, le Commissaire à l’énergie atomique, Abdelhamid Mellah, a souligné que « l’électronucléaire est considéré comme une source énergétique disponible, durable, accessible et propre (à faibles émissions de CO2) ». Cette énergie peut être, selon lui, « une solution pour la production d’électricité, mais aussi comme une option prometteuse pour le dessalement d’eau de mer, le chauffage et la production de l’hydrogène ».Le premier responsable du Comena a plaidé, par ailleurs, pour « l’adoption d’un modèle énergétique basé sur la complémentarité des moyens de production (fossiles, solaire, nucléaire et autres), afin d’assurer un approvisionnement en énergie de qualité et de respecter les nouvelles normes environnementales », faisant remarquer que « des avancées notables ont été réalisées en matière de sûreté et de sécurité nucléaires pour faire face aux besoins en énergie ».
Hocine Fadheli