Le dispositif passé n’a permis de réduire les importations que de 5% : Réguler les importations plutôt que de les interdire
Le traitement de la situation des marchandises en souffrance au niveau des ports et aéroports est une priorité pour le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations lequel entend lever au plus vite les contraintes, notamment d’ordre bureaucratiques. Dans ce sens, Souhila Abellache, chargée d’études et de synthèse auprès du cabinet du ministre du Commerce a rappelé, hier lors d’une intervention sur les ondes de la Radio algérienne, qu’« un comité a été installé au ministère du Commerce pour examiner tous les avis d’arrivée des marchandises en souffrance, pour lesquelles les opérateurs disposent des autorisations d’importations et accélérer leur traitement. » Un déblocage qui concernera les dossiers en règle. La même responsable souligne ainsi qu’il existe des opérations d’importations lancées sans domiciliation bancaire, ce qui est « contraire aux dernières instructions ministérielles ». Et d’ajouter que « les dossiers seront étudiés au cas par cas », estimant « urgent » de débloquer ces marchandises pour éviter davantage de désagréments au niveau des ports et de frais d’immobilisation (surestaries) facturés en devises. Il est vrai que la question liée au blocage des marchandises importées au niveau des ports et l’impact qui en découle sur l’approvisionnement du marché a alimenté la polémique. Une question sur laquelle le nouveau ministre du Commerce a voulu se pencher dès sa nomination, en libérant les importations tout en assurant une régulation efficace du commerce extérieure. Une régulation qui n’est pas synonyme d’interdiction. Dans ce sens, Souhila Abellache a tenu à souligner hier qu’« il n’y a pas eu d’instruction pour interdire les importations, bien au contraire, car l’importation est indispensable pour approvisionner le secteur productif national en intrants ». « Avec le ministre du Commerce, Monsieur Tayeb Zitouni, nous travaillons à dresser un état des lieux de la situation actuelle, par rapport au dispositif mis en place en 2022, pour recadrer l’importation destinée à la revente en l’état » ajoute-elle. Elle estime que le dispositif d’encadrement des importations s’est traduit par une baisse de 5% de la facture à l’import en 2022. Elle affirme que le recadrage concerne ce point précis et qu’il vise davantage à organiser les importations qu’à les réduire.
La responsable estime que « l’impact du dispositif de recadrage des importations ne dépasse pas les 5% ». Chiffres à l’appui, elle explique que « nous avons clôturé l’année 2022 avec 38,99 milliards de dollars d’importation ». « Dans la composition des importations, il faut distinguer trois types : le chapitre équipement, qui n’a pas dépassé 1,82 milliard de dollars l’année écoulée contre 1,79 milliard en 2021, le chapitre fonctionnement, qui pèse aussi sur la balance est passé de 12,49 à 13 milliards entre 2021 et 2022. Vient enfin le chapitre revente en l’état, clôturé à 13,5 milliards de dollars en 2022 contre 14,40 milliards de dollars en 2021 ».
La même responsable précise aussi qu’après l’assainissement des registres de commerce de classe 4 dédiés à la revente de produits en l’état, et par l’application du décret 21-94 du 09 mars 2021 qui introduit la spécialisation, le nombre d’opérateurs est passé de plus de 41.000 à 14.000 importateurs spécialisés. La nomenclature des produits accrédités à l’importation a également été enrichie par ce décret, explique la responsable. « On est passé de 11 à 31 groupes », avec une hausse des sous-groupes contenus dans chaque groupe, portant ainsi leur nombre à 102 contre une trentaine avant le décret ». L’objectif est, selon elle, de« savoir qui importe quoi et dans quel domaine». Ceci permet également « d’améliorer le respect des exigences liées à l’importation de tel ou tel produit et d’atteindre une professionnalisation du métier », conclut-elle.
Hocine Fadheli