L’Exécutif fait face à une flambée des prix des produits alimentaires : Quelles solutions ?
La hausse continue des prix des produits agricoles frais alimente l’inflation. Pour y faire face et tenter de contenir le processus inflationniste le Gouvernement prévoit une nouvelle salve de mesures pour limiter la hausse des prix des intrants à la production, améliorer l’approvisionnement du marché pour contrer les tensions et les pénuries, et lutter contre les pratiques spéculatives
Les prix des produits agricoles frais ont atteint des niveaux inédits ces derniers mois. Le dernier rapport de l’OMS est plus qu’édifiant. Les prix des produits agricoles ont augmenté de plus de 25% en une année, ceux des viandes et des fruits ont bondi de plus de 45%. Pour faire face à ce phénomène inflationniste inédit, l’Exécutif a annoncé un plan anti-inflation destiné à contenir la hausse des prix et limiter l’effet de la spéculation, notamment durant le Ramadhan. C’est ainsi que des mesures ont été prises pour améliorer l’approvisionnement du marché en produits de base à l’image de l’huile de la semoule, et du lait et que des groupes publics à l’image de l’Office national de l’aliment de bétail et de l’Algérienne des viandes sont intervenus pour tenter de faire pression sur le marché des viandes blanches et rouges et pousser les prix vers le bas.
Des mesures qui n’ont pas permis la résurgence d’autres crises d’approvisionnement du marché et une flambée des prix sur d’autres segments, notamment en ce qui concerne les fruits et les légumes frais. Et si la banane se négocie actuellement à plus de 700 DA le kilo, c’est le l’oignon dont le prix a dépassé les 300 DA qui est le plus anecdotique et qui devient le symbole de problèmes structurels dans la gestion du marché.
3000 tonnes d’oignons déstockées cette semaine
Plusieurs explications ont été avancées pour justifier cette flambée, à l’image de l’insuffisance de la production et du stockage, la réticence des agriculteurs à planter le bulbe en raison des pertes essuyées lors de la saison précédente, ou tout simplement la spéculation. En tout d’état de cause cette flambée risque d’être conjoncturelle. C’est du moins de qu’assure l’Exécutif qui compte sur l’arrivée prochaine sur le marché de la nouvelle production d’oignon vert, en plus du déstockage d’importantes quantités d’oignon !
Dans ce sens, le directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, Ahmed Mokrani a indiqué hier sur les ondes de la Chaîne I de la Radio algérienne que 3.000 tonnes d’oignons seront déstockées cette semaine, lequel précise que l’opération de déstockage coïncidera avec l’entrée sur le marché de la récolte de l’oignon vert. Et d’ajouter que tous les entrepôts et chambres froides gérés par le ministère du Commerce ont été vidés des différents produits stockés. « Au niveau central, nous disposons d’une carte nationale de tous les produits déstockés périodiquement par ces entrepôts, qui sont sous le contrôle du ministère du Commerce », a-t-il expliqué, en ajoutant que « nous connaissons également les quantités en stock ». À titre d’exemple il cite le cas de l’oignon ont « il reste 3000 tonnes au niveau des entrepôts qui seront déstockées cette semaine ». « Nous prévoyons baisse sensible des prix de ces produits », a-t-il dit. Il rejettera cependant, la responsabilité sur le département de l’Agriculture en ce qui concerne la régulation des produits agricole duquel dépend la gestion du système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Un système qui devra être revu, estime-t-il.
Desserrer la vis sur les importations
Au-delà le ministère du Commerce semble se pencher sur une série de mesures destinées à améliorer l’approvisionnement du marché en produits importés afin de combler les déficits en production dans certains segments, sans pour autant ouvrir grandes les portes aux importations anarchiques. C’est ainsi que le ministère du Commerce a annoncé vendredi la mise en place d’un nouveau cahier des charges pour l’importation de la banane afin de mettre fin à l’anarchie et couper l’herbe sous les pieds des spéculateurs. Le ministère du Commerce a également lancé une opération pour traiter la question des marchandises en souffrances au niveau des ports et aéroports nationaux. Au-delà, il s’agit de lever certaines contraintes et la situation de blocage qui vit le secteur du commerce extérieur. L’on évoque ainsi la facilitation dès aujourd’hui de l’octroi des documents relatifs des domiciliations bancaires pour les importations afin de faciliter les flux de marchandises, notamment pour ce qui est des intrants, bien rien d’officiel n’ait été annoncé à ce propos.
De son côté, le département de l’Agriculture qui travaille depuis quelques mois sur l’assainissement de la filière viande, annonce des réductions sur les prix des intrants destinés aux filières d’élevage, notamment l’aliment de bétail. Ainsi donc le PDG d’Onab Nutrition, Abdellah El Hadj Abdellah a indiqué hier dans une déclaration à l’APS que « a baisse des prix des aliments pour bétails qui a concerné toutes les filières (avicole, ovine et bovine) aura inéluctablement un impact sur le prix des viandes du fait que l’aliment représente en moyenne 70 % des charges de production animale ». Soulignant l’importance de ces produits « stratégiques », le même responsable a affirmé que la priorité majeure des pouvoirs publics était d’assurer la disponibilité « permanente » de ces matières premières afin de couvrir régulièrement les besoins du marché national en aliment de bétail estimé à 6 millions de tonnes. El hadj Abdellah a rappelé, dans ce sillage, la forte volatilité des cours des matières premières agricoles sur le marché mondial après la crise sanitaire du coronavirus. « Les prix sont passés du simple au double à partir de 2021, notamment le prix du soja qui a grimpé à 670 dollars la tonne alors qu’il n’excédait pas les 345 dollars/tonne avant la crise sanitaire », a-t-il fait constater. Quant aux perturbations observées parfois dans l’approvisionnement en ces produits, il les a attribuées aux « importations irrégulières qui ne tiennent pas compte des besoins réels du marché, d’où l’intérêt de renforcer le rôle de l’Onab, en tant que régulateur de l’Etat ».
« Outre sa mission d’importer de la matière première en couvrant 50 % des besoins du marché local, l’Onab dispose de 21 usines de production de l’aliment de bétail réparties à travers le territoire national », a-t-il fait savoir.
Hocine Fadheli