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Afrique de l’Ouest et Sahel : Les Américains veulent s’implanter pour longtemps !

Justifiée par le département d’Etat par la lutte contre le terrorisme, la présence de l’armée américaine en Afrique de l’Ouest devrait s’étaler au moins sur une bonne dizaine d’années.

Dix ans, c’est en effet la durée de programme de soutien dont le Pentagone compte faire bénéficier les armées des pays de la sous-région. Des responsables du département d’Etat ont indiqué à ce propos vendredi que les Etats-Unis préparent une aide à long terme pour la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo, menacés par une extension des violences terroristes du Sahel aux régions côtières d’Afrique de l’Ouest. La même source a soutenu qu’un soutien occidental était « crucial » pour empêcher la progression dans les pays du Sahel des mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner, déployés notamment au Mali.

En s’installant en Afrique de l’Ouest, les Etats-Unis cherchent donc clairement à faire d’une pierre deux coups : Lutter contre le terrorisme et s’assurer que la Russie et la Chine ne prennent pas la place de la France dans la région. Actuellement, l’Afrique est au centre d’une forte rivalité entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Cette rivalité s’est déjà soldée par une perte de territoires pour la France. Paris a été éjecté de trois pays : la Centrafrique, le Mali et le Burkina Faso.

Les responsables du département d’Etat américain estiment néanmoins que les zones côtières d’Afrique de l’Ouest ne pourraient être gagnées par la violence qu’en cas de débordement en provenance du nord, dans la bande sahélienne, mais rappellent que l’instabilité peut se nourrir de facteurs locaux et de rivalités pour les ressources aggravées par le changement climatique. «Nous voulons évidemment aider les gouvernements qui sont plus intéressés par une approche globale et une bonne gouvernance à traiter les problèmes du nord (de leur territoire), où les ressources sont plus limitées », a fait savoir Gregory LoGerfo, un haut fonctionnaire du département d’Etat chargé de la lutte contre le terrorisme qui participait à ce voyage. S’agissant du groupe Wagner, Washington ne le considère pas pour le moment comme un adversaire potentiel. « Ils ne sont pas encore présents dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest mais nous savons qu’ils recherchent des occasions de profiter de l’instabilité partout où ils la trouvent », indique-t-on.

La vice-présidente américaine Kamala Harris, en visite au Ghana en mars dans le cadre des efforts croissants déployés par les Etats-Unis en Afrique, avait, rappelle-t-on, promis 100 millions de dollars sur 10 ans pour renforcer la résilience des régions côtières d’Afrique de l’Ouest. Le département d’Etat cherche également à obtenir des fonds supplémentaires, notamment dans le cadre du budget de lutte contre le terrorisme. « C’est un sujet de préoccupation pour nous en raison des capacités des gouvernements en place qui n’ont jamais été confrontées à une telle menace », a déclaré Michael Heath, secrétaire d’Etat adjoint chargé de l’Afrique de l’Ouest. « Nous essayons de voir de quels outils ils ont besoin», a-t-il ajouté.

Au-delà des rivalités entre les grandes puissances concernant le contrôle de l’Afrique, la menace terroriste en Afrique de l’Ouest n’est pas une vue de l’esprit. C’est le cas du Burkina Faso dont plus de 40% du territoire est contrôlé par les groupes armés terroristes. Non loin que vendredi, une quarante-quatre civils ont été tués lors de l’attaque de deux villages du nord-est, près de la frontière nigérienne. Il s’agit d’une des attaques les plus meurtrières depuis l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir.

Cette attaque est survenue dans des localités situées à cinq kilomètres de Seytenga, commune frontalière du Niger, endeuillée en juin 2022 par l’une des attaques les plus meurtrières de l’histoire du Burkina. Revendiquée par l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), elle avait fait 86 morts. Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences terroristes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières. Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10.000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.

Khider Larbi

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