Afin de rationaliser la consommation de carburants : L’ARH appelle à la révision des subventions
Le président de l’Autorité de régulation des hydrocarbures, Rachid Nadil, a souligné la nécessité de réviser les marges commerciales des carburants, dans le cadre de la refonte du système des subventions, afin de rationaliser la consommation et dégager des surplus à l’export sur la production des raffineries de la Sonatrach.
Dans un entretien accordé à l’agence Algérie presse service, le président de l’ARH a évoqué hier une hausse de 3% de la consommation de carburants en 2022 poussée par la reprise post-covid. Il s’il a tenu à souligner les efforts consentis par la Sonatrach et ses raffineries pour assurer une augmentation de la production et couvrir la demande croissante, Rachid Nadil a insisté sur la nécessité de rationaliser la consommation pour ne plus de contenter de couvrir la demande nationale, mais aussi pour générer des surplus à l’export. « Il incombe aux citoyens de rationaliser leur consommation, en vue d’économiser et d’exporter ce carburant vers les marchés extérieurs pour générer des devises qui profitent à l’économie nationale et au citoyen », a-t-il dit. Et d’ajouter que les prix bas de ces produits « encouragent leur consommation, d’où la nécessité de revoir leur marge commerciale, en appliquant le système des subventions directes au profit des catégories sociales et ménages à faible et moyen revenus ». Il est vrai que les prix des carburants en Algérie sont parmi les plus bas au monde. Un niveau des prix maintenus par la politique des subventions indirectes consentis par les pouvoirs publics à travers la Sonatrach et ses filiales. Or cette politique est de plus en plus pointée du doigt ces dernières années, notamment en raison de son manque d’efficience en termes de justice sociale – le quintile des ménages les plus riches consomment plus de carburant et bénéficient le plus des subventions- mais aussi en raison de son effet sur la transition énergétique, en sus de son impact sur la hausse exponentielle de la consommation de carburants, notamment le gasoil. C’est dans ce contexte que les pouvoirs publics ont entrepris une démarche visant à encourager le recours au GPLc.
Notons dans ce contexte que le président de l’ARH a indiqué hier que la consommation nationale de carburant a atteint environ 17,7 millions de tonnes en 2022 (+3% par rapport à 2021). Rachid Nadil a précisé que « cette croissance de la consommation devrait se poursuivre durant les années à venir, pour atteindre environ 41 millions de tonnes à l’horizon 2050 », soulignant que « les capacités de production nationales peuvent répondre à cette demande ». Il a ajouté qu’au cours de la période de référence, la consommation de diesel avait atteint 10,1 millions de tonnes (une hausse de plus de 4% par rapport à 2021), estimant que cette consommation « devrait continuer d’augmenter à la faveur de la croissance économique enregistrée en Algérie ». « La capacité de production de diesel est estimée à 9 millions de tonnes par an, et devrait atteindre 12,5 millions de tonnes à l’horizon 2030, avec l’entrée en service, en 2028 à Skikda, du projet de conversion du fioul en diesel, qui contribuera à augmenter la production de près de 4 millions de tonnes », a-t-il fait savoir. La consommation de gaz de pétrole liquéfié-carburant (GPL-c) a, quant à elle, augmenté de 20%, atteignant 1,5 million de tonnes en 2022, contre 1,2 million de tonnes en 2021, et ce, grâce aux efforts consentis par différents acteurs depuis plusieurs années pour promouvoir ce produit éco-responsable proposé au consommateur à un prix très attractif (9 DA/litre) par rapport aux autres types de carburant. En revanche, la consommation d’essence a baissé de 2,26%, à 3,3 millions de tonnes, contre 3,4 millions de tonnes en 2021. Une baisse qui s’explique par l’augmentation de la consommation de GPL-c, qui devrait atteindre 6,8 millions de tonnes d’ici 2050, sachant que la capacité de production de ce carburant est estimée actuellement à 4 millions de tonnes par an.
Rachid Nadil a dans ce sens annoncé que le parc des véhicules fonctionnant au GPL s’élèvera à prés d’un million de véhicules fin 2023, après la conversion de 100.000 véhicules durant l’année 2022, dans le cadre du programme national de promotion de ce carburant. M. Nadil a indiqué que « la cadence de conversion des véhicules au GPL-carburant (GPL-c) est en nette évolution, avec plus de 850.000 véhicules convertis depuis le début de cette opération en Algérie, soit une moyenne d’environ 100.000 véhicules par an et un coût de 70.000 DA/véhicule », faisant état de 1285 points de vente de ce carburant au niveau national. En 2022, la conversion de 100.000 véhicules a permis d’économiser 900.000 tonnes d’essence, selon le même responsable. Parmi les mesures incitatives à l’adoption de cette mesure, il y a lieu de citer l’exemption de la vignette automobile pour les véhicules convertis, la réduction de la taxe sur la valeur ajoutée TVA (9%) pour l’ensemble des équipements de conversion à ce carburant, outre une importante différence entre le prix à la pompe de l’essenceet de celui du GPL-c. Selon M. Nadil, l’ARH aspire à accroître ce chiffre, à travers l’intensification des campagnes de sensibilisation au profit des citoyens, en sus de la réduction des coûts du kit et de son montage, en vue d’encourager l’utilisation du GPL-c qui permet d’économiser des quantités considérables d’essence, outre la préservation de l’environnement. Par ailleurs, la consommation de Kérosène s’élève à 468.000 tonnes en 2022 contre 297.000 tonnes en 2021, soit une augmentation de 58%, tandis que celle de carburant marin est de 219.000 tonnes. La consommation de butane et de propane a diminué de 2,26 %, à 1,34 million de tonnes, et celle de bitume de 20 %, à 619.000 tonnes. Dans ce cadre, M. Nadil a salué « les efforts consentis par les cinq raffineries actuelles qui peuvent porter leur production à 300.000 tonnes par an, outre le plan de Sonatrach pour 2025 visant à augmenter la production à 500.000 tonnes ».
Hocine Fadheli