Les experts s’inquiètent du départ des médecins à l’étranger : « Il faut agir vite ! »
L’exode des compétences algériennes vers l’étranger suscite de nouvelles craintes. Après les ingénieurs dans les secteurs des hydrocarbures et de l’informatique entres autres, c’est aujourd’hui le départ des médecins dans le sillage de nouvelles offres d’emploi notamment en France qui ravive le spectre de la fuite des cerveaux. Une situation face à laquelle il est nécessaire « d’agir vite », recommande le Dr. Ilyes Akhamouk, chef de service des maladies infectieuses au niveau de l’Etablissement public hospitalier de Tamanrasset.
Invité à intervenir hier sur les ondes de la Radio algérienne, le Dr. Lyes Akhamok a souligné qu’il « faut agir vite, non pas pour arrêter l’exode de nos médecins vers l’étranger, mais pour limiter cette hémorragie ». Le médecin souligne que ce sont les conditions dans lesquels évoluent nos compétences qui poussent vers le départ, même si des améliorations ont été constatées au cours des dernières années. Il estime ainsi qu’en dépit de l’amélioration des conditions globales de travail dans les établissements hospitaliers, le manque de moyens et de prise en charge démotivent nos médecins dans la plupart des villes algériennes », déplore l’intervenant. « A l’intérieur du pays, nous avons une carence de moyens techniques. Des radiologues ne veulent pas travailler dans certaines villes à cause de l’absence d’IRM. Car, travailler des années durant sans matériels, c’est perdre sa formation », dit-il en énumérant d’autres contraintes socio-économiques à l’instar des problèmes de logement, de rémunération, de transport, entre autres. Il est vrai que le départ en grands nombre de médecins algériens dans le sillage de la multiplication des offres d’emploi à l’étranger et particulièrement l’augmentation à 2700 des postes de medecins ouverts aux étrangers par la France inquiète les spécialistes depuis plusieurs mois. Au mois de novembre dernier, le Professeur Rachid Belhadj, président du Syndicat national des professeurs et chercheurs universitaires, et directeur des activités médicales et paramédicales à l’hôpital Mustapha Bacha d’Alger a évoqué une véritable saignée pour le système de santé national et pour tout le pays », avec le départ pour la seule année 2022, « de 80 hospitalo-universitaires entre radiologues, ophtalmologues, dermatologues, urologues et réanimateurs ». Il avait plaidé pour la refonte du suivi des carrières et de la formation dans le secteur. De son côté, le président de l’Ordre national des médecins Mohamed Bekkat Berkani, a évoqué quelques jours plus tard une véritable « hémorragie ». Il avait alors indiqué que l’Ordre national des médecins a été sollicité « pour des documents requis à nos médecins par les institutions étrangères », ajoutant que « dans la seule région d’Alger, il y a eu une trentaine de demandes de départ par semaine ». Et d’ajouter que les principales destinations des médecins algériens sont la France, les Etats-Unis, l’Allemagne et le Qatar, et récemment la Grande-Bretagne et le Canada, avant de préciser ue le nombre de demandes déposées par les médecins spécialistes désirant quitter le pays augmente chaque année, dont 80 % des praticiens se dirigent vers la France.
Le président de l’Ordre national des médecins avait expliqué que les médecins algériens reçoivent une formation solide de qualité, selon les standards et les normes internationaux, précisant. Il a dans ce sens lancé un appel aux pouvoirs publics pour leur offrir des solutions socioprofessionnelles évolutives dans le temps, permettant ainsi de les garder pour le pays.
Hocine Fadheli