Maroc : Manifestations à Rabat contre la flambée des prix
Plusieurs centaines de militants syndicaux ont manifesté lundi à Rabat, à l’occasion de la Fête du travail, pour protester contre la « détérioration du pouvoir d’achat » et la poussée inflationniste au Maroc, marquée par l’envolée des prix des denrées alimentaires.
A l’appel des principales centrales syndicales du royaume, des centaines de manifestants se sont rassemblés à Rabat, scandant des slogans contre la cherté de la vie, la détérioration du pouvoir d’achat et la corruption. Arborant banderoles et casquettes aux couleurs des syndicats, les manifestants ont défilé le long de l’avenue Mohammed V, au cœur de la capitale non loin du siège du Parlement. Des manifestants n’ont pas manqué d’appeler le Premier ministre, Aziz Akhannouch à démissionner. Des rassemblements similaires ont eu lieu à Casablanca (ouest), selon la presse locale. Les syndicats exigent, notamment le plafonnement des prix des carburants, la réduction des taxes sur les produits de première nécessité et la baisse de l’impôt sur le revenu, afin de soutenir le pouvoir d’achat. La Confédération démocratique du travail (CDT, gauche), a par ailleurs appelé à la libération des « prisonniers politiques » et au « respect des libertés publiques ». Elle a indiqué, dans un communiqué, que les manifestations du 1er mai interviennent dans un contexte marqué par « une hausse vertigineuse des prix et la baisse du pouvoir d’achat », appelant à multiplier les actions de protestation et à exprimer la colère populaire face à la gestion catastrophique de la crise sociale par le gouvernement. De son côté, l’Organisation démocratique du travail (ODT) a appelé à mettre fin à la tendance inflationniste, à l’envolée des prix et a plaidé pour le respect des principes d’égalité, de justice et du droit de vivre dans la dignité.
Impuissance du gouvernement et silence complice
L’Union marocaine du travail a, pour sa part, estimé que le 1er mai représentait « une journée de dénonciation et de protestation contre les conditions dans lesquelles vit la classe ouvrière, en particulier dans la conjoncture actuelle caractérisée par la cherté de la vie et la détérioration sans précédent du pouvoir d’achat ». Son secrétaire général, Al-Miloudi Moukharek, a indiqué que cette année la Journée internationale du travail sera célébrée « dans des circonstances exceptionnelles caractérisées par la cherté de la vie, des prix élevés et un coup porté au pouvoir d’achat de la classe ouvrière ». Il a notamment réitéré son rejet des arguments avancés par gouvernement pour expliquer la situation économique appelant, à ce titre, à « adopter un impôt sur la fortune pour consolider la solidarité sociale ». Le secrétaire général de l’ODT, Ali Lotfi a affirmé que « les répercussions de la hausse vertigineuse des prix des produits de large consommation et du carburant ont entraîné une baisse du pouvoir d’achat de la classe ouvrière de plus de 25% ». L’envolée sans précédent des prix au Maroc est due aux répercussions de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, à l’incapacité à surveiller les commerçants et à affronter les spéculateurs à l’origine de la hausse des prix de toutes les denrées alimentaires et les services de base, a-t-il souligné. Selon lui, cette envolée des prix « a eu un impact négatif sur le pouvoir d’achat de la classe ouvrière dans les secteurs public et privé ainsi que sur les groupes non structurés et vulnérables de la société », notant que la classe moyenne a atteint le seuil de pauvreté. D’autre part, le gouvernement d’Aziz Akhannouch refuse d’augmenter les salaires et de plafonner les prix qui restent sous le contrôle des grands spéculateurs et intermédiaires. Dans ce contexte, l’Union populaire des travailleurs a, entre autres, dénoncé ce qu’elle a qualifié de « silence complice (du gouvernement) concernant la corruption politique et syndicale », notant que la Fête du Travail constitue une occasion pour « dénoncer la hausse vertigineuse des prix à la consommation, l’élargissement du cercle de la pauvreté et les disparités sociales, ainsi que le taux de chômage élevé (…) et le ralentissement de l’activité économique ». En mars, le Maroc a enregistré 8,2% d’inflation en glissement annuel, dont une hausse de 16,1% pour les produits alimentaires d’après les statistiques officielles.
APS