Catastrophes naturelles : Un coût moyen pour l’État de 225 millions USD/an
Les catastrophes naturelles ont engendré une coût de 5,5 milliards de dollars en Algérie au cours des deux dernières décennies, tandis que les dépenses publiques à leur gestion et leur prévention ont atteint en moyenne 225 millions de dollars par an. Aussi, les défis imposés par les changements climatiques et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes impose une véritable stratégie de gestion de ces risques.
La gestion des risques majeurs a été au cœur d’un colloque international autour du thème : « Réduire le risque sismique : gouvernance et prospective ». Si la rencontre, organisée hier à l’occasion du 20e anniversaire du séisme dévastateur de Boumerdès le 21 mai 2003 qui a fait 2.286 morts, 3.354 blessés et 1263 disparus, avait pour objectif de faire l’évaluation des mesures prises pour faire face aux risques sismiques en Algérie, ce fut aussi l’occasion de se pencher sur l’ensemble des risques majeurs, notamment dans un contexte de montée des risques de catastrophe dans le sillage de la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes. Dans ce contexte, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a souligné dans l’allocution lue en son nom par le ministre de l’Habitat que les dépenses publiques destinées à faire face aux catastrophes en Algérie, notamment les inondations, les séismes et les feux de forêt ont dépassé une moyenne de 225 millions de dollars/ans durant les 15 dernières années. Le chef de l’Exécutif a également souligné que 70% de ce montant est destiné à la réparation des dégâts des inondations, même si les séismes sont les plus coûteux du point de vue économique. Le coût économique des séismes avoisine les 10 milliards de dollars, alors que les pertes humaines sont estimées à 6.771 morts, avec 1,4 millions de sinistrés, précise-t-il dans ce sens. Benabderrahmane a aussi indiqué que l’Algérie a mis en place plusieurs mesures et mécanismes pour réduire les risques sismiques à travers des plans et stratégies, parmi lesquels, ceux inscrits dans la loi n° 04-20 du 25 décembre 2004 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable.
Ces mesures portent principalement sur l’amélioration de la compréhension du risque sismique ainsi que sur l’application obligatoire du dispositif algérien parasismique dans toutes les opérations de construction et la prise en compte du cadre d’urbanisme. Il s’agit aussi du renforcement des systèmes de contrôle et d’alerte précoce, de la généralisation des études et leur inclusion dans les programmes scientifiques et éducatifs, de l’implication de la société civile et de toutes les parties concernées, en sus du recours à l’exploitation de la technologie moderne. Cependant, souligne-t-il, les expériences de terrain et les leçons tirées des catastrophes qui ont frappé de nombreuses régions du monde au cours des deux dernières décennies exigent la révision et l’amélioration de la stratégie actuelle dans le cadre du « SENDAI » pour réduire les risques de catastrophe pour la période 2015-2030 des Nations Unies (ratifiée par l’Algérie). A cet égard, il a indiqué que la stratégie nationale de gestion des risques de catastrophe a été actualisée sera mise en œuvre après la promulgation de la nouvelle loi (remplaçant la loi de 2004) avec ses textes d’application courant 2023, coïncidant avec la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophe adoptée par les Nations Unies.
De son côté, le délégué national aux risques majeurs, Hamid Afra a indiqué que les pertes économiques causées par les séismes, les inondations et les feux de forêt ont dépassé 5,5 milliards de dollars, de 2004 à 2022. Le délégué national a souligné, par ailleurs, que « le vrai impact financier des catastrophes se détermine à l’aide d’études probabilistes qui peuvent estimer les pertes annuelles moyennes sur un horizon à long terme à plus de 1 milliard de dollars, ce qui représente 0,7 % du PIB ». Actuellement on est passé à 18 risques majeurs, avec l’introduction d’autres risques émergents, notamment les risques climatiques extrêmes, le risque cybernétique, le risque spatial, le risque d’acridiens et le risque biotechnologique », a-t-il relevé, ajoutant que le réchauffement climatique avait aggravé la fréquence et l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes.
Hocine Fadheli