Pétrole : L’Opep avertit contre le sous-investissement
Le Secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, Haïtham Al-Ghais a une nouvelle fois averti contre le sous-investissement dans le secteur des hydrocarbures, notamment le pétrole, estimant que cela peut constituer, à terme une menace sur la sécurité énergétique et sur l’économie mondiale.
Dans un entretien qu’il a accordé, jeudi au site SP Global, Haïtham Al-Ghais a indiqué que « le sous-investissement chronique que nous observons est vraiment un défi mondial, se manifestant par des contraintes de production, une capacité excédentaire réduite et une production de raffineries réduite ». Il a d’ailleurs estimé que cette question nécessite une prise en charge rapide que l’on ne peut reporter à plus tard. Le SG de l’Opep a d’ailleurs vivement critiqué l’ensemble des actions initiées pour contraindre l’industrie pétrolière sous couvert de la transition estimant que cette « cette situation a alimenté l’incertitude et la volatilité des marchés pétroliers au détriment des producteurs et des consommateurs, et finalement de la sécurité énergétique mondiale ». Il a également que cela impacte aussi les pays en développement ayant des ressources pétrolières et gazières, « dont beaucoup dépendent des revenus de ces produits pour construire leurs économies et leurs infrastructures sociales ».
Al-Ghais, qui a été interpellé sur l’échange « musclé » entre l’Opep et l’AIE sur cette question, a d’ailleurs souligné que l’Opep est toujours prête à coopérer et dialoguer. « Cependant, nous devons répondre aux commentaires externes concernant l’OPEP, en particulier aux critiques non constructives et aux récits erronés », ajoute-il. Il a également renouvelé ses critiques à l’adresse de l’AIE qu’il accuse indirectement de mettre en péril la sécurité énergétique. « De notre point de vue, et sachant que toutes les perspectives basées sur les données prévoient la nécessité de plus de pétrole pour soutenir la croissance économique mondiale et la prospérité dans les décennies à venir, il est préoccupant d’entendre des appels à cesser d’investir dans le pétrole. Notre avenir énergétique est une question de « et », pas de « ou ». Le monde a désespérément besoin d’investissements dans toutes les énergies et dans toutes les technologies pour aider à réduire les émissions », indique-t-il. Le SG de l’Opep a également rappelé que « le sous-investissement provoque une volatilité du marché et met en danger la sécurité énergétique. Le sous-investissement compromet la croissance économique et met en péril le développement durable ». Il précise aussi que d’importants investissements sont nécessaires dans l’amont pétrolier, mais aussi dans l’aval. Al-Ghais indique ainsi que les prévisions de l’Opep tablent sur un besoin d’investissement de 1,6 billion de dollars dans l’aval et particulièrement dans de nouvelles structures de raffinage associé à de la pétrochimie.
Le SG de l’Opep d’ailleurs indiqué qu’une reprise des investissements nécessité une stabilisation des marchés pétrolier. Il souligne dans ce contexte le rôle primordial de la Déclaration de coopération signée entre les pays de l’Opep et 11 producteurs non-Opep. Il a souligné dans ce sens que l’alliance Opep+ « a montré à maintes reprises qu’elle était attentive, proactive et flexible au fil des années, en déployant des efforts extraordinaires pour stabiliser le marché pétrolier dans ces temps exceptionnels ». « Cela est dans lintérêt des producteurs, des consommateurs, de l’industrie pétrolière et de l’économie mondiale dans son ensemble, et je ne doute pas que cela se poursuivra », ajoute-il. Haitham Al-Ghais a souligné dans ce contexte que la Déclaration de coopération est un pilier du marché pétrolier et que la question à se poser est où en serait l’industrie pétrolière et l’économie mondiale sans la DoC ? ». Le SG de l’Opep d’ailleurs que grâce à la stabilisation des marchés, les investissements sont repartis à la hausse, notamment au sein de l’Opep. Il a dans ce sens expliqué que des investissements réguliers et stables sont également essentiels si l’industrie veut innover et réduire davantage son empreinte carbone. « En ce qui concerne l’OPEP, nos pays membres donnent l’exemple avec d’importants investissements dans les technologies propres dans les hydrocarbures, le captage du carbone, ainsi que dans les énergies renouvelables », indique-t-il enfin.
lyes saidi