58 tonnes de cannabis et plus de 11 millions de comprimés psychotropes saisis en 2022 : Le fléau !
Le trafic et la consommation de narcotiques prennent de l’ampleur dans notre pays. Le récent bilan de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie confirme le constat des autorités et tire la sonnette d’alarme. Il souligne l’importance des saisies de cannabis, notamment dans les wilayas de l’ouest et du sud du pays, mais surtout l’aggravation du trafic de psychotropes, dont les saisies ont plus que doublé en une année.
C’est un constat accablant que l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie a établi concernant le trafic de drogue et la consommation de narcotiques en Algérie cible de réseaux criminels transfrontaliers. D’ailleurs, et pour mieux démontrer l’ampleur que pend le phénomène le bilan de l’ONLCDT note une hausse de 63,81% du nombre d’affaires traitées par la Justice en rapport avec le trafic et la consommation de drogue entre 2021 et 2022. Le trafic de cannabis demeure une source d’inquiétude. L’Algérie est frontalière du Maroc, plus grand producteur de cannabis dans le monde. Un trafic que le régime marocain a légalisé d’autant plus que son économie est dépendante du Haschisch.
Les saisies de kif à la frontière Ouest se multiplient d’ailleurs. Le bilan de l’ONLCDT note ainsi que plus de 58 tonnes de résine de cannabis ont été saisies en Algérie durant l’année 2022, dont près deux tiers ont été effectuées dans les wilayas de l’Ouest du pays. « Au total, 58 258,031 kg de résine de cannabis ont été saisis durant l’année 2022 en Algérie, dont 58,87% dans la région Ouest du pays », a précisé l’Office dans son rapport, se référant au bilan des services de lutte contre les stupéfiants (Gendarmerie nationale, Police et Douanes). Selon le rapport, 33,18% des quantités saisies ont été enregistrées dans le Sud du pays, 4,79% dans l’Est et 3,16% dans le Centre. Le phénomène le plus inquiétant demeure cependant la montée en puissance des réseaux de trafic de psychotropes. Le rapport note également la saisie de plus de 11,3 millions de comprimés de substances psychotropes de différentes marques en 2022, soit une hausse de 115,50% par rapport à l’année 2021. Seule point positif, l’office note une baisse des saisies de cocaïne. Ainsi, la quantité de cocaïne saisie en 2022 a enregistré une baisse de 87,94% par rapport à l’année 2021.
Législation renforcée
Il faut dire que pour contrer le phénomène l’Algérie a adapté sa législation en renforçant les sanctions mais aussi en prévoyant des dispositions afin de garantir une meilleure prise en charge des toxicomanes. La loi relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic de stupéfiants et de substances psychotropes, adoptée récemment par le Parlement, vient d’être promulguée et publiée sur la dernière livraison du Journal officiel. Le nouveau texte aggrave les sanctions contre toute personne impliquée dans le trafic, que ce soit les producteurs, les trafiquants, les consommateurs ou les agents publics et personnels de santé, avec des peines pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison. Ainsi, pour la production, la fabrication, la vente, l’acquisition, la détention, l’achat, le stockage ou le transport de stupéfiants ou de psychotropes, les peines encourues peuvent aller de 10 à 20 ans de prison assortie d’amendes allant de 5 millions à 50 millions de dinars algériens. si l’auteur des faits est un agent public dont la fonction a pu faciliter le trafic les peines prévues sont de 20 à 30 ans de prison. Les sanctions sont aussi alourdies pour les consommateurs de drogue avec une peine de deux mois à deux ans de prison ferme, en plus d’une amende de 20.000 à 50.000 dinars. Pour le cas des psychotropes, le nouveau texte prévoit des dispositions en ce qui concerne les prescriptions de complaisance ou la falsification d’ordonnance, sans oublier la vente de psychotropes par les pharmaciens sans ordonnance. La peine prévue peut aller
de deux à dix ans de prison assortie d’une amende pouvant aller de 200.000 à un million de dinars algériens. Une peine d’un an à trois ans d’emprisonnement, assortie d’une amende de 100.000 à 300.000 dinars, est, en outre, prévue à l’encontre de ceux qui tentent d’obtenir des psychotropes par la menace, la violence ou l’agression. Quiconque fait la promotion de stupéfiants ou de psychotropes est puni de 5 à 10 ans de prison et de 500.000 à un million de dinars algériens. La peine est portée de 10 à 20 ans de prison et une amende de 1 à 2 millions de dinars algériens en cas d’utilisation de personnes mineures, de personnes aux besoins spécifiques ou de personnes en cure.
Le texte prévoit également des dispositions en ce qui concerne la prévention, la sensibilisation et la prise en charge des toxicomanes et personnes souffrant de dépendance. Notons dans ce contexte que l’ONLCDT a indiqué dans son bilan que plus de 27.000 toxicomanes ont bénéficié d’une prise en charge médicale et thérapeutique durant l’année 2022, dont près de 47% âgés entre 26 et 35 ans. Sur le total des toxicomanes traités, le rapport fait relève le chiffre de 21.999 hommes et 5.174 femmes. Evoquant la situation professionnelle des concernés, la même source indique que 42,44% du total des toxicomanes ayant bénéficié d’une prise en charge médicale et thérapeutique durant l’année 2022 sont des travailleurs et 41,36% sont sans emploi.
Hocine Fadheli