Deux bureaux de l’israélien « Team Jorge » installés au Maroc : L’espionnage et la désinformation s’intensifient
De l’échange de renseignements à l’espionnage, en passant par la désinformation, la normalisation qui a permis au régime marocain d’officialiser ses relations avec l’entité sioniste fait du Maroc une plateforme pour les activités de déstabilisation israéliennes dans la région.
Le scandale Pegasus a mis aux devants de la scène les liens étroits qu’entretient le Maroc avec l’entité sioniste laquelle a offert au Makhzen sa palette de cyber-armes. En sus des logiciels d’espionnage qui ciblent les smartphones des journalistes, militants, hommes politiques et dirigeants de nombreux pays, et notamment en Algérie, l’entité sioniste a localisé une antenne de l’une de ses sociétés de désinformation au Maroc. Et à ce stade, c’est bien plus de l’assistance dans le cadre de la coopération poussée voulue par le Makhzen dans le cadre de sa normalisation avec l’entité sioniste en contrepartie de sa trahison de la Palestine. Le Maroc s’est mué en véritable plateforme pour les activités d’infiltration israélienne dans la région. En effet, dans un article publié cette semaine, le site d’actualité El Espanol révèle l’existence d' »une filiale de la société ‘Team Jorge’ au Maroc, avec deux bureaux l’un à Agadir et l’autre à Rabat ». Les actions de ces deux bureaux sont destinées « uniquement au Maroc et en collaboration directe avec les services secrets marocains », a-t-on souligné. Cette révélation, informe le média, fait suite à une « longue enquête » menée par plusieurs médias internationaux ainsi que le témoignage d’une personne ayant travaillé pour la société sioniste. Selon El Espanol, ces deux bureaux sont spécialisés dans la collecte d’informations et la diffusion de diffamations et de fausses informations. Mais chaque bureau a ses propres cibles. D’après l’enquête, le bureau de Rabat opère essentiellement dans la surveillance des partis politiques, des associations, des dissidents, des journalistes et de toute personne ou structure au Maroc ou à l’étranger qui pourraient, selon l’appréciation du Makhzen, gêner ses intérêts. Le bureau d’Agadir est plutôt spécialisé dans la surveillance des personnes parlant le Hassani, un dialecte arabe utilisé en Mauritanie, dans le Sahara occidental et d’autres régions de l’Afrique de l’ouest. Selon les responsables du Makhzen, « toute personne parlant ce dialecte et originaire de cette région peut gêner ou intéresser le régime marocain », note El Espanol en reprenant les propos des époux Felali, ces journalistes marocains en exil, à l’origine de l’enquête publiée par le média espagnol. Pour rappel, à la mi-février, plusieurs médias internationaux ont publié simultanément les résultats de l’enquête menée par le collectif de journalistes Forbidden Stories, sur l’entreprise sioniste « Team Jorge », spécialisée dans les manipulations de l’opinion publique et la diffusion de fausses informations. Cette enquête, qui a fait un grand bruit sur une scène internationale secouée par les scandales liés à l’utilisation du logiciel d’espionnage Pegasus et aux révélations de corruption au Parlement européen, dévoilait d’un côté les forfaitures et capacités de nuisance des sociétés de l’entité sioniste (« NSO » qui a créé Pegasus et « Team Jorge ») spécialisées dans l’espionnage, la manipulation de l’opinion publique, la désinformation et l’ingérence. Et d’un autre côté, l’implication du Makhzen dans tous ces scandales. D’ailleurs, à la même période, le 22 février 2023, l’affaire du journaliste franco-marocain Rachid M’Barki, licencié de la chaîne française BFM TV pour avoir diffusé des informations erronées et orientées pour servir les intérêts du régime du Makhzen, avait confirmé les liens existant entre « Team Jorge » et le Maroc. Rappelons enfin que le Citizen Lab de l’Université de Toronto et les équipes du Microsoft Threat Intelligence ont récemment révélé l’existence d’un nouveau logiciel espion sioniste baptisé Reign. Un logiciel qui fonctionne selon le même principe que Pegasus et qui a déjà été repéré dans quelques pays. Une cyber-arme à laquelle le régime marocain a sans doute accès d’autant plus que l’espionnage est ancré dans ses pratiques et il l’a déjà fait. Il est clair que dans sa stratégie de déstabilisation de la région, partagée avec l’entité sioniste, le régime marocain ne recule devant rien. Le cyber-espionnage et la cyber-désinformation s’intensifient.
Chokri Hafed